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La mare au jonc. (1)

Cette mare au jonc (Remarquez le singulier), c’est la place Saint-Paul qui s’apprête fiévreusement a poussé Marc Goblet à la succession d’Anne Demelenne à la tête de la FGTB nationale.
Pour tout dire, ce vieux de la vieille a le soutien quasiment officiel de la centrale des métallos, et moins évident, celui de la Centrale générale et de la CGSP. Seuls les Bruxellois et les Flamands de la FGTB sont peu ouverts à l’esthétique liégeoise d’un syndicat plus décoratif qu’utile, branche « armée » du PS de Mon-Mons.
Entendons-nous sur « armée », la FGTB ne l’est plus depuis longtemps question du rapport de force entre le travail et le capital, elle est surtout armée de patience et de pusillanimité dans une accréditation aux instances et nébuleuses du socialisme du boulevard de l’Empereur.
Malgré cela Bruxellois et Flamands cyanosés par trente ans de bourgeoisisme pantouflard craignent toujours un coup de folie quand c’est un peshmerga liégeois de Mon-Mons qui monte au créneau.
C’est ça la réputation douteuse.
Voilà cinquante ans qu’on élit à la FGTB liégeoise le président de la section la plus influente. Après la disparition des industries minières, ce fut le tour des Métallos. Pas de discussion, pas de programme, rien que le pouvoir à la disposition du plus grand nombre d’inscrits d’une Centrale. Voilà pourquoi, place Saint Paul, on a la plus belle collection d’imbéciles heureux qui se puisse être. Sauf qu’aujourd’hui, il n’est pas certain que cela soit encore les Métallos les plus nombreux. La CGSP locale doit compter plus de membres.
Les gens du Nord s’alarment à tort, Marc Goblet offre toutes les garanties d’un avenir paisible à la Demelenne. Il est notoirement socialiste, poursuivant la tradition, et, forcément avec quelques contacts occultes, ramifications diverses et variées aux clubs, aux Loges, à la mutualité PS, entente discrète de tout un monde peu connu des affiliés ordinaires.
On va bien vite savoir ce que Mon-Mons en pense. Élio a la main sur Magnette vice-roi du PS et les chefs du syndicat.

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Une chance pour Goblet, Mon-Mons sera dans l’opposition, alors que Peeters et le Suédois feront la part belle à Bart De Wever et que la Belgique entrera dans les rigueurs de l’hiver.
Goblet qui part avec une réputation de bonnets rouges (depuis longtemps imaginaires) a, dans la conjoncture présente, une bonne chance de succéder à Anne Demelenne.
Un gros naïf du Soir écrit que « L’usage veut que le nom d’un seul candidat se dégage pour cette assemblée. » De mémoire d’éléphant, il n’y eut jamais un seul candidat qui ait dû son poste après un débat à l’issue duquel se fit le choix de l’assemblée. Tous les jeux sont faits à l’avance. Les connaisseurs le diront pour le Congrès de la FGTB du 23 septembre : aujourd’hui, plus aucun débat n’est possible. C’est une grand’messe. Dans l’ombre, le PS tire les ficelles.
Cependant, il n’est pas exclu que par caprice ou par machiavélisme Mon-Mons adoube Estelle Ceulemans, directrice du service d’études, ou Laurent Pirnay, secrétaire général adjoint de la CGSP.
Être en pole position n’est pas nécessairement un signe de victoire certaine.
Quant à la radicalité du pépère liégeois, on peut toujours se marrer. Oui, il est radicalement pour le système capitaliste et la démocratie bidon, pour la hiérarchie des priorités : salaire, chômage, en même temps attaché à la société de consommation, aux profits et aux rapports « constructifs » de négociations entre le capital et le travail.
Mon-Mons tient en lui un « patriote » unitariste et royaliste convaincu, même s’il arrive au camarade Goblet de bafouiller quelques formules sorties des archives du Mouvement Populaire Wallon, mis en liquidation jadis par piqure létale socialiste, comme chacun sait et feint d’oublier.
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1. JONC s. m. Or, — dans l’argot des voleurs, non par corruption de jaune, mais bien parce que c’est le nom d’une bague en or. Par la suite, « avoir du jonc » avoir de l’or, être riche.

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