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Londres contre Édimbourg ?

Le jeudi 18 septembre aura lieu un référendum important pour l’Écosse mais aussi pour l’Europe. Il s’agit, ni plus ni moins pour les électeurs écossais, de choisir entre l’indépendance et le statuquo.
Les bookmakers londoniens parient sur les chances de David Cameron de se maintenir au 10, Downing Street, en cas de sécession de l’une des quatre Nations constitutives du Royaume-Uni : l’Écosse, l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du nord.
Pourquoi les pays d’Europe sont-ils derrière David Cameron pour empêcher cette séparation ? Mais pour la simple raison que presque tous les membres de l’UE ont des minorités, comme la Belgique, qui aspirent à sortir du pays dans lequel l’histoire, les conventions et les accords parfois très anciens les ont contraint de cohabiter, en compagnie d’autres Régions pour lesquelles ils ne sentent pas d’affinité et - peu ou pas - de solidarité.
C’est l’occasion aussi de constater que l’Angleterre est un puzzle dont les pièces ne se rapportent pas. C’est depuis le début, Londres qui donne le « la ».
L’Écosse a, peut-être, plus de différences avec le reste de l’Angleterre que n’importe quelle autre région de ce pays. Elle a été très longtemps un royaume en guerre quasi permanente avec les « Anglais », les Écossais sont plus à gauche que le restant de l’Angleterre et leurs coutumes ont survécu au mixage des nationalités. C’est une reine anglaise qui fit trancher la tête de Marie Stuart, la dernière reine d’Écosse.
Pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’altruisme ou le patriotisme, les autorités politiques et financières sont farouchement opposées au séparatisme. Il faut dire que cette aversion de la finance pour des séparations à l’amiable est constante pour toute l’Europe, aussi bien en Angleterre, qu’en Belgique avec les Flamands, en France avec les Corses, en Espagne avec les Basques, en Italie avec le Nord, etc.
Le système des Lands, en Allemagne, a jusqu’à présent étouffé les velléités indépendantistes, mais n’a pas réussi à faire oublier que l’Allemagne est plus que toute autre, une véritable mosaïque d’anciennes principautés, d’États souverains et de villes franches.
La seule chose intelligente que José Happart ait dite au cours d’un quart de siècle de politique est celle qui parle des Régions. Dissoudre les États et faire une Europe des Régions étaient à son sens, la seule grande idée qui vaille.
Et il avait raison.
Sauf, que personne n’a jamais voulu envisager ne serait-ce que les débuts d’un plan d’ensemble dont la durée indéterminée du montage (50 ans ?) aurait abouti à ce résultat.
De même, les politiques n’ont jamais voulu imaginer une sortie de crise par la fin d’un système économique qui ne convient plus.
Alors, match serré pour que le 18, l’Écosse reste amarrée à l’Angleterre ? Sans doute. Mais, ça m’étonnerait que le « oui » l’emporte, quitte à falsifier les résultats.

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Il y a trop d’intérêts financiers, de politiciens inquiets pour l’avenir de leurs mandats, au niveau de la City, mais aussi de Wall Street, Francfort, etc. Quand la finance dit non, c’est difficile de brandir le chardon fétiche et de bouter dehors, Messieurs les Anglais !
Les dirigeants de l’Europe, eux-mêmes, sont avec la vieille reine anglaise (de la Maison de Hanovre, donc d’origine allemande) pour une Angleterre intacte. Ils l’on fait savoir, alors qu’une majorité d’Européens estiment que l’Angleterre sabote l’Europe de l’intérieur et qu’une Écosse indépendante serait une bonne chose.
N’est-ce pas Barroso et son compère Van Rompuy qui ont émis quelques objections sur une affiliation de l’Écosse indépendante à l’Europe ? Alors, qu’adoptant la monnaie européenne, l’Écosse forcerait l’Angleterre à choisir entre le maintien de la livre sterling dans la zone dollar ou son remplacement par l’euro.
Avec l’Écosse indépendante, le Royaume-désuni serait enfin devant un choix clair : celui d’intégrer l’Europe pour y jouer un rôle loyal ou se barricader sur le bout d’île qu’il lui reste en demandant l’aide des USA !
Heureusement pour Élisabeth II que la guerre contre les djihadistes d’Irak et de Syrie a été annoncée par Obama et que l’Europe fourbit ses armes. Une guerre juste, c’est bon pour le moral. Le référendum risque d’en pâtir. Que dire contre le zèle patriotique, sinon que c’est pratiquement fichu pour l’indépendance.

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