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Ambition, sexe, argent, religion…

À vrai dire, je ne poursuivais aucun but précis en débutant. J’avais vaguement une résolution qui était de « vider mon sac » grâce à un nouveau pouvoir des anonymes de le répandre, non pas dans le public, mais au hasard de qui aurait la curiosité d’en connaître. Je l’ai fait un peu comme pour une brocante, en déversant tout sur le trottoir, dans l’état dans lequel vous le trouvez.
L’incipit provocateur « Petite chronique d’ambition, d’argent, de sexe et de religion… » ?... à un moment où je n’avais aucune idée de ce qui deviendrait une accumulation de textes comme dix annuaires de téléphone. Aussi, qu’on me pardonne, si on y trouve beaucoup de Dupont et de Martin.
L’ambition. Elle n’était pas la mienne en ce qu’entendent les illustres qui nous gouvernent, puisque leur ambition ne nous est connue que par des manifestations de modestie ?
Il faut renoncer à savoir, écrit Anatole France, mais il ne faut pas renoncer à juger. Cette réflexion est assez paradoxale. Comment peut-on juger sans savoir ? Nous en sommes tous là ! Personne ne possèdera jamais tous les éléments d’un procès, surtout pas les juges.
J’ai procédé comme tout le monde : lecture des journaux, discours et faits connus. Comment faire autrement ? N’est-ce pas le propre exclusif des journalistes que je brocarde de prétendre tout savoir des faits rapportés (même pas de première main) ?
Cependant, s’y ajoute parmi les déconneurs dans mon cas, quelques choses d’autre : une dimension philosophique avec des références d’auteurs et des analogies historiques. Roland Dubillard prévient son petit monde « On parle le mieux de ce que l’on connaît, mais pourquoi parlerais-je de ce je connais ? Car je parle plutôt pour connaître ».
L’écriture est plus souvent révélatrice de celui qui écrit que de celui sur lequel on écrit.
Après l’ambition vient l’argent. Ce moyen de remplacer le troc, trop compliqué et impossible à transposer dans des sociétés complexes, est devenu un pouvoir totalitaire et quasiment absolu en passe d’éclipser tous les autres : la démocratie, les vertus, les qualités humaines et la solidarité nécessaire à une entente pacifique des foules.
L’argent fausse tout et finit par abîmer jusqu’aux rapports entre des êtres qui s’aiment.
La fortune et son habillage convenu, font de la vie une représentation au milieu de laquelle l’homme le plus honnête devient comédien malgré lui.

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Nous nous mentons à nous-mêmes et aux autres. La plupart du temps à cause de l’argent – qu’on en ait ou qu’on n’en ait pas. Le fric fausse tout et manipule tout : notre rapport avec le travail que l’on magnifie et que la plupart des travailleurs trouvent immonde, obligatoire, sans intérêt et pénible ; le patriotisme que l’on exalte ou n’exalte pas, en fonction des biens qu’on a acquis dans sa patrie, qui nous la fait aimer ou haïr ; la politique qui nourrit si bien son homme qu’il faudrait être ingrat pour la dénigrer ; les économistes qui sont économes d’idées selon Galbraith, et qui attendent que le cortège passe devant leur porte, pour se porter bravement à sa tête, en se demandant combien cela va-t-il leur rapporter ?
De sexe, comme l’a écrit Rémy de Gourmont « … de toutes les aberrations sexuelles, la plus singulière est peut-être encore la chasteté ». Le sexe, seul capable de tenir tête à l’argent, parfois d’y succomber et à d’autres moments s’y montrer en souverain absolu, valeur hautement ajoutée ou marchandise sans intérêt, s’utilisant ou se jetant dans un mépris de l’autre, un peu comme l’argent, en quelque sorte.
Le sexe, comme un autre langage du pouvoir, un système clos comme l’argent et comme lui, on ne peut y échapper sans verser dans la marginalité et risquer la mort sociale, selon Louis-Vincent Thomas.
La religion : cet exutoire des peurs et des bêtises, la religion aussi meurtrière que l’argent dans les luttes que les hommes se livrent, si envahissante que même les plus farouches défenseurs de la démocratie et de la laïcité finissent par lui ménager une place prépondérante et dominante. Léon Bloy s’y connaissait lui, le grand chrétien, en matière de conscience « Qu’est-ce avoir une bonne conscience ? C’est être persuadé qu’on est une parfaire canaille. ». Les religions source inépuisable de profits à un point tel que Big Brother les respecte, comme les milieux concernés respectent les milliardaires.
Il faut prendre les religions pour ce qu’elles sont : une façon d’aider à vivre. Selon Hobbes la meilleure preuve qu’il existe une intelligence extraterrestre, c’est qu’elle n’a pas essayé de nous contacter. Malheureusement, l’esprit religieux n’est pas un esprit tout court. Il manque d’humour. Et il ne fait pas bon, dans certains pays, d’oser dire que les écrits n’y sont que sornettes.
Pourquoi ces chroniques, le temps perdu qu’elles supposent ?
Zeus aurait juré n’avoir jamais couché avec Io. Ce parjure divin expliquerait que ce dieu suprême ne punirait pas ceux qui mentent sur leurs amours.

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