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Le mauve lui va bien !

Le moins que l’on puisse dire, le père Tommy Scholtès ne chôme pas ces temps-ci. Deux grands enterrements successifs en une semaine, voilà de la chasuble à rafraîchir pour le pressing !
Ce n’est pas de la canaille à l'absoute au rabais, ces deux paroissiens là !
Le comte Jean-Pierre de Launoit, il y a quelques jours, et Tony Vandeputte, ancien administrateur délégué de la FEB, et cela dans deux églises différentes, l’une Sainte-Gudule, l’autre à la Cambre, Tommy Scholtès devient l’incontournable Père à la mode du clergé belge. Après Dieu, il doit adorer ça ! La dialectique divine, c’est autre chose que le Manifeste de Friedrich Engels.
Il y a de l’intangibilité intemporelle dans les belles manières du « monde », quelque chose qui réconforte les classes supérieures et qui fascinent les inférieures. Scholtès déguste cela avec la componction et un certain orgueil de bon aloi, celui que le Seigneur pardonne !
Qui parle de récession, de misère sociale, de grande détresse des chômeurs, au moment de l’impérieux besoin de respecter les morts, devient soudain un drôle de paroissien, un marxiste effronté ! Il convient dans certaines circonstances qu’une trêve survienne où même le bas peuple doit être effacé, discret, cryogénisé par la solennité du moment, au même titre que Scholtès dans ses homélies. S’il ricane où en fait un sujet de blog, il devient l’énergumène dénoncé dans les gazettes.
Pourtant, n’est-ce pas aussi par consanguinité politique qu’on associe dans le même respect le mort et ceux qui tiennent les cordons du poêle ?
On assiste alors à ce fameux ballet des autorités, dans l’impeccable ordonnancement des préséances, des salutations baisemains et de cette indéfinissable raideur qui font de nos princes des institutions, les automates des temps modernes.
Bien sûr, on doit aller au respect, même pour ceux qui nous ont fichu dedans et pour qui on n’a aucune estime, au nom du Moment !
– Nom de dieu, Camille ! Ferme ta gueule, c’est pas l’moment…
Mais, que ce respect humain déborde sur le carrousel des personnalités et des mille et une courbettes d’usage bourgeois, pas d’accord. Nous devrions garder l’œil ouvert et critique. Voir ce monde spécial qui nous cornaque, tournant autour de la dépouille d’un des leurs, parlant leur langage fait de chichis et de mines compassées.
Une situation de fait nous sépare de ce monde-là et nous le rend hostile. Ils le sentent en regardant les badauds que la curiosité pousse derrière les barrières plus que symboliques, qui les séparent des curieux.

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Un enterrement dans ce milieu social complètement fermé est l’occasion de nous montrer l’aisance, en tout temps et en tous lieux, que procure l’argent.
L’église a toujours été à l’aise avec les riches, des Bourdaloue et des Bossuet ont cédé le relais à des Dupanloup, pour finir avec des Scholtès. Notre religieux est bien connu des médias. Il a certainement lu les mémoires du Cardinal de Retz et a dû s’en inspirer.
On le découvre à l’aise en clergyman, puis officiant vêtus comme un abat-jours tout en dentelles et fils violets.
Les ouailles sont lavées de frais, à l’aise dans du cachemire noir, dévoilant entre le poignet et la manchette une Rolex, un bijou d’or blanc, se parlant sans remuer les lèvres, accablés d’une manière distinguée, c’est-à-dire sachant dissimuler parfaitement qu’ils se fichent du mort comme de l’an quarante, tandis qu’ils se penchent sur la main de la veuve et des baronnes, sans effleurer les doigts, dans un simulacre qui s’appelle encore au XXIme siècle un baisemain à la versaillaise, chez le Régent.
Le tralala n’est pas pour nous. Se faire enterrer dans le peuple coûte la peau des fesses. Nos vieux ont des insomnies affreuses, lorsque se sentant partir, ils constatent que leur tirelire ne sera pas suffisante pour régler la note, même sans Scholtès.
Les vieux mourants pensent à leurs pauvres gars, au chômage, et s’effraient d’aggraver leur soucis d’argent.
C’est pas Scholtès qui dira le contraire.
À part sa bénédiction, ne vous attendez pas à autre chose. Si l’Église ouvre les bras à tous, beaucoup entrent et sortent sans déranger personne. Les lieux du culte sont comme les maisons bourgeoises, il y a le parvis et l’entrée de service. Le fâcheux, c’est que, même en s’en passant, la note reste drôlement salée !

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