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Jean Jambon, oxyure…

…ou la curiosité stomacale diantrement nécessaire !

L’affaire Jean Jambon n’a pas fini de faire rouler des mécaniques à toute l’opposition. Que la N-VA soit un parti de recrus d’idées fascisantes, flamandisantes et obsessionnellement de droite, c’est aussi vieux que le jour où son leader s’est promené avec une charrette de faux euros en braillant que c’était ce que les Wallons coûtent par an à sa Flandre chérie.
Qu’un tiers de Flamands votent pour ce guignol, que les politiques francophones se soient bien jurés que ces voyous ne mettraient jamais les pieds dans une coalition fédérale, c’est vrai également.
C’est tout le drame de la télévision qui rend populaire aussi bien le prix Nobel de la paix, la Pakistanaise Malala Yousafzaï, que Bart De Wever bon client des jeux télévisés sur VTM et consorts.
Et alors ? Tous les partis qui en veulent d’une économie au plus fort qui casse la gueule à l’autre, n’ont-ils pas quelque chose des tarés de la N-VA ?
Si c’est le niveau atteint de notre démocratie qu’il faille se faire connaître des électeurs en brillant à des jeux de société, c’est un peu la faute d’une dérive générale des partis, qui n’élisent pas la fleur des pois en tête de gondole, souvent par manque de démocratie interne.
Ça fait doucement rigoler quand la gentry politique met dans le même panier les pitreries de Bart De Wever et les élucubrations des gauchistes.
Ces messieurs de la Fédération convenable oublient que le partenaire idéal, le bourgeois patriote est le plus souvent un pitre rentré pour lequel ils se dévouent, au même titre que Bart De Wever adore les biftons de la banque et Zij zullen hem niet temmen, de fiere Vlaamse Leeuw, au même titre qu’un Flamand sincère, sans les biftons !
C’est que, du monde fascisant à la sphère socialisante, en passant par le libéralisme gollien, ils sont partants pour la même bonne affaire.
Alors, quand l’un d’entre eux dépasse les bornes de la bienséance et du bon goût, il faut les voir s’effaroucher. Jean Jambon est un nostalgique de l’Ordre Nouveau, bon c’est entendu. Et Charles Michel, c’est quoi ? Un grand libéral souffrant le martyr pour sauver le pays de la ruine par amour de ses compatriotes ? Vous voulez rire ?
Oui, Charles Michel renie tout ce qu’il a prétendu être, et mettons même de côté son ambition, est-il vraiment l’homme que l’on a cru ?
Ce qu’il veut sauver c’est la Belgique à l’ancienne, avec les messieurs en gibus qui fument de gros cigares et les femmes en crinoline qui s’effraient des putes que leurs maris fréquentent, des ouvriers en blouson qui roulent leurs casquettes dans leurs gros doigts en parlant à leurs maîtres, et des boniches qui montent par l’escalier de service et qui vont se faire engrosser quelque part dans les étages, pour suivre la tradition des amours ancillaires 1900.

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Ce qu’il veut sauver, le fils de Louis, c’est la vie façon comme les Anciens Belges censitaires l’entendaient, certes arrangée, moderne même, tout en ne sachant pas bien ce que cela veut dire. C’est son papa et sa maman, la dernière épousée et le dernier rejeton. C’est de finir honoré avec son buste en plâtre dans les couloirs de la chambre, ses vacances au diable Vauvert, sa maison de campagne et cette satisfaction intérieure qu’il ressent à chaque fois qu’un plouc le salue avec respect.
Le comble, c’est qu’instinctivement, de Bart de Wever à Guy Lutgen, en passant par Elio Di Rupo, ils veulent tous sauver la même chose !
Et que font-ils ces bourgeois honorables ?
Ils taillent leurs steaks sur la bête pardi !
Vous ne voudriez tout de même pas qu’ils se dépouillent pour nous !
Ce qu’ils ne voient pas, c’est que nous ne sommes plus dans le monde qu’ils défendent. Nous sommes revenus à la case départ.
De ce point de vue, il a raison Charles Michel. Pour faire la politique qu’il veut faire, il lui faut des hommes de main. La N-VA a tout ce qu’il faut de voyous. Il n’a que l’embarras du choix, des peu honorables au franchement dégueulasses.
Á droite, les bourgeois en retrait comptent sur leur police, à gauche claquemurés dans leurs deux pièces, les pauvres s’effraient de leurs propres casseurs. C’est bien la différence entre ces passifs : l’espérance sournoise des uns qui espèrent que les matraques seront lourdes et les autres, envahis par le remord distillé par RTL, ralliant l’indignation de la droite sur l’exaction des voyous de gauche. Non ! on ne crève pas les pneus des gens qui veulent travailler, on ne casse pas les vitrines des commerçants qui s’obstinent à rester ouverts, etc. Il faut rester gentils même envers ceux qui ne respectent rien et qui jettent les gens à la rue.
Alors Jean Jambon, dans tout cela, sa naïveté en brassard et casquette à tête de mort, son orangisme pour les vacances d’un Monsieur Hulot flamand, qu’est-ce que ça peut foutre ?
Vous n’espérez tout de même pas qu’ils adoptent tous des gueules à la façon du père Tommy Scholtès larmoyant sur le décès de Fabiola et que ça se poursuive dans le grand guignol institutionnel, à courir après l’honneur de tenir les cordons du poêle ?
Pour en revenir à l’indignation du pauvre ralliant la cause bourgeoise à propos des casseurs, c’est là l’important. Le jour où le pauvre n’aura plus honte des siens, je ne donnerai pas quinze jours pour que le gouvernement Michel tombe dans les oubliettes de l’histoire.

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