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Regards par en-dessous.

Pierre Louÿs est un de ces nombreux Belges mort à Paris (+ 1925) bourré de talent, écrivain exquis et qui fut surtout abhorré par les intégristes chrétiens pour avoir célébré la pluralité des dieux dans l’univers Antique. Traité d’érotomane par les mêmes milieux, les cafards de bénitier ont réussi leur coup, puisqu’il n’est guère lu de nos jours.
Les humains ont besoin de satisfaire leur soif du merveilleux par des contes et des légendes et contenir leur peur par la protection d’une divinité supérieure plus aimable que rébarbative et terrible.
Les frères Grimm, Perrault et quelques autres ont fait ce qu’ils ont pu avec ce bon Monsieur La Fontaine, pour nous faire supporter les prêtres et leurs lois divines qu’ils nous pondent depuis plus de mille ans et qui, loin de nous conduire à la vertu, nous en écartent le plus souvent par la lourdeur des textes, leurs inexactitudes historiques, leurs à-peu-près controversés, quand ils ne sont pas proprement ridicules.
Qui d’autres que les anciens de nos gréco-latines pouvaient rêver de ce monde disparu où la vigne avait Bacchus et quand Jupiter, l’inamendable amoureux, enlevait Europe, fille d’Agénor, roi de Phénicie ?
Ce monde qui était ouvert à qui avait quelque peu des lettres, s’est noyé dans l’Achéron poussé par la société de consommation et les sermons jubilatoires des pubs, dans des cathédrales à parking gratuit, succursales des maisons de dieu défaillantes.
Aujourd’hui on apprend à la jeunesse studieuse ce qu’est un ratio de liquidité générale, à faire les moyennes du Dow-Jones sur trente sociétés cotées, sans oublier les vertus du Consensualisme, qui n’est pas ce que vous pensez, mais le principe d’un acte juridique soumis au seul consentement des parties.
En foi de quoi, nous aurons affaire à des imbéciles instruits qui seront chargés de nous administrer, comme s’ils en avaient les compétences.
Moralité, nous sommes dans une société dans laquelle l’échec n’a jamais été aussi fortement condamné, sans doute parce que la société elle-même en est la preuve la plus retentissante.
Et voilà que d’autres intégristes se mêlent des mêmes crimes au Moyen-Orient, que les nôtres plus anciens, et que nous poussons des cris d’horreur, tout en gardant en nous les virus religieux qui nous déterminèrent jadis à des assassinats ! ! !
Mais relisez donc, avant d’être complètement lobotomisés par l’obligation de réussite « Les Chansons de Bilitis, Aphrodite, La Femme et le Pantin, Les Aventures du roi Pausole, le Manuel de civilité pour les petites filles à l’usage des maisons d’éducation, Trois filles de leur mère, Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses, des Poésies érotiques, Pybrac et Douze douzains de dialogues, » etc, de Pierre Louÿs !

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Et qu’on ne croie pas qu’il s’agit de touche-pipi dans une garçonnière bourgeoise ou d’écrits pornos sur mesure pour être vendus aux malades mentaux. Les narrations sont ses semis sur
« J’écris un con, un con parce que j’ai plaisir à l’écrire », s’amuse-t-il. «Ne dites pas: "Il bande comme un cheval." Dites : "C’est un jeune homme accompli."».
N’en déplaise à ceux qui veulent gâcher la vie des autres, parce que la religion à gâcher la leur, Pierre Louÿs n’est pas que l’admirateur des jambes écartées « interdites », c’est aussi un homme libre, d’une liberté qu’on ne nous apprend plus dans cette démocratie convenue, faite des faux-nez de la politique, des rentiers insatiables et des chauves à lunette qui se veulent premier ministre.
Extrait des « Aventures du Roi Pausole » :
« – Monsieur, l’homme demande qu’on lui fiche la paix !
Chacun est maître de soi-même, de ses opinions, de sa tenue et de ses actes, dans la limite de l’inoffensif.
Les citoyens de l’Europe sont las de sentir à toute heure sur leur épaule la main d’une autorité qui se rend insupportable à force d’être toujours présente. Ils tolèrent encore que la loi leur parle au nom de l’intérêt public, mais lorsqu’elle entend prendre la défense de l’individu malgré lui et contre lui, lorsqu’elle régente sa vie intime, son mariage, son divorce, ses volontés dernières, ses spectacles, ses jeux et son costume, l’individu a le droit de demander à la loi pourquoi elle entre chez lui sans que personne ne l’ait invitée. »
Et qu’on ne vienne pas nous dire : c’est de nous que le régime s’inquiète ! Dans le budget, le social y entre moins que pour le train de vie et l’organisation de l’État, si l’on considère que ce sont les travailleurs qui cotisent pour la sécurité sociale, les pensions et le chômage.
Nos véritables assistés sociaux de luxe et heureux de l’être, occupent la chambre et le sénat, les gouvernements multiples et autres organisations, comme les lieux de culte, églises et bourses, en foi de quoi nous devrions avoir une démocratie en état de fonctionner et c’est tout le contraire !
Cherchez l’erreur !

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