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Dieu, un mot rêvé !

Les réactions après l’attentat à Charlie Hebdo et au magasin Cacher, avec l’apothéose de la marche du dimanche, et enfin le marathon des « éditions spéciales » des médias, suscitent des commentaires auxquels il fallait s’attendre. On peut les regrouper en cinq points.
1. trois millions et demi de marcheurs pour la France, cela fait 57 millions de Français qui n’ont pas manifesté ;
2. évidemment les raisons de manifester ou de rester chez soi sont diverses. Certaines opinions se recoupent, mais divergent dès que l’on approfondit le sens à donner à la liberté de la presse. Les assassins, de l’avis général étaient immatures peu cultivés et manipulés par des extrémistes religieux pourvoyeurs du djihad ;
3. le peuple des banlieues, des zones délicates et des villes dortoirs, n’était présent qu’en nombre réduit ;
4. la ministre de l’enseignement n’a pas réussi à imposer la minute de silence dans toutes les écoles ;
5. une opinion minoritaire, mais conséquente, pense que c’est une erreur de monter des grands rassemblements en réaction d’actes de déséquilibrés. Ce battage énorme suscite déjà sur le Net des aberrations injurieuses d’autres voyous, sans oublier la kyrielle des foldingues.

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On pourrait ainsi poursuivre à l’infini les contradictions qu’apporte ce dimanche, pas comme les autres. Au-dessus de tout, le besoin de se sentir en sécurité interpelle les autorités. Hollande a déjà fait des promesses. Mais, les caisses sont vides.
Toutes les manifestations publiques de masse ont toujours eu une signification politique. Celle-ci occulte pour au moins une semaine le fait social. Les millions de chômeurs non seulement en France, mais encore dans toute l’Europe, restent le problème majeur, puisque l’absence de travail influence le comportement de la base du peuple français.
Comment prendre en compte ce besoin de sécurité accru ? Les gens accordent encore un sursis aux politiques. C’est le dernier. S’ils n’arrivent à rien, ils seront balayés.
La marche sous le slogan « Je suis Charlie » permet à certains chefs d’État d’apparaître en défenseurs de la liberté d’expression, alors qu’il y a des journalistes emprisonnés chez eux.
Des personnalités comme François Hollande à la tête d’un parti politique en déclin vont se retrouver dans une meilleure position vis-à-vis de l’opinion, alors que la situation sociale et économique est la même qu’avant l’événement.
Tout qui s’est frotté à la psychiatrie sait que la folie est communicative aux esprits faibles. On peut rire tant qu’on veut d’un fou qui se prend pour Napoléon, il s’en trouvera toujours quelques-uns qui se verraient bien en maréchal Ney.
Les propos incohérents et grotesques d’un Coulibaly seront retenus comme étant l’inspiration du prophète par quelques esprits faibles, par ailleurs, victimes de l’injustice sociale.
Et puis, en-dehors de ces assassinats de caricaturistes perpétrés par d’épouvantables caricatures humaines, il y a sous-jacente et prégnante la question religieuse face à la laïcité.
On connaît mon anticléricalisme et mon regret que la laïcité ne soit pas mieux défendue par ceux qui ont le souci de la République. Aussi, vais-je donné l’avis d’un communiste (1), André Breton, d’un protestant, André Gide, et d’un catholique, Alphonse de Lamartine. J’en pourrai citer une multitude d’autres : philosophes, poètes, écrivains et même économistes ou politiques. Ceci pour écrire qu’il ne faut pas perdre de vue que la marche de ce dimanche était aussi pour sauvegarder la liberté d’opinion, quoique la plupart des manifestants ne savaient pas jusqu’où cette liberté pouvait aller.
Tout ce qu’il y a de chancelant, de louche, d’infâme, de souillant et de grotesque passe pour moi par ce mot « Dieu ». André Breton.
La cruauté, c’est le premier des attributs de dieu. André Gide.
Enfin, la citation que je préfère, quoique flaubertien et on sait que Flaubert n’aimait pas l’homme. N’a-t-il pas écrit « …il ne restera pas de Lamartine de quoi faire un demi volume de pièces détachées : c’est un esprit eunuque ! »
Dieu n’est qu’un mot rêvé pour expliquer le monde. Alphonse de Lamartine.
Or, la laïcité n’est pas un dieu rêvé, c’est un impératif concret.
Il n’est pas inutile de se poser la question de savoir pourquoi le « sacré » est si hautement considéré dans les sociétés capitalistes ? Sans doute parce qu’elles tentent de s’y faire voir à côté du sacré et parfois à sa place !
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1. En 1927, Aragon, Breton, Éluard et Péret adhèrent au parti communiste français. Breton rompt avec le parti en 1935. Il a souvent été reproché une phrase à Breton, qui a aujourd’hui une particulière résonance « L'acte surréaliste le plus simple consiste, révolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu'on peut, dans la foule ». On peut être rassuré sur ce seul point, les trois assassins de 2015 n’ont jamais lu Breton, bien entendu. Leurs sources ne sont pas surréalistes.

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