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Le précipice ?

N’importe quel observateur de la politique du gouvernement Di Rupo et de l’actuel Charles Michel voit que l’accent mis sur l’emploi a une contrepartie : une diminution sensible des lois sociales.
C’est presque un jeu de dupes. Il consiste à donner de la vigueur à l’industrie, que l’on soustrait aux avantages acquis tout au long d’un siècle de lutte syndicale.
Ainsi, le gouvernement a l’air de faire des sacrifices pour aider à l’emploi, alors qu’en réalité ils sont faits sur la part du social que les travailleurs abandonnent !
La suite se fait au nom de la loi du marché et de la mise aux normes de la concurrence de pays dans lesquels les travailleurs ont moins de droit et d’avantages qu’en Belgique.
Les efforts de l’État en coordination avec l’économie portent sur la dislocation des rapports de subordination du travailleur à son employeur. Si le travailleur est assujetti par contrat, le bailleur du contrat a aussi des obligations : les motifs de licenciement, les préavis, les heures de travail et les jours de repos ou fériés, des barèmes négociés, etc. comme les prépensions ou les indemnités de rupture unilatérale du fait de l’entrepreneur.
Tout cela est remis en question.
La dislocation porte évidemment sur ce qui précède, mais se camoufle derrière « une plus grande liberté réciproque entre le travailleur et l’employeur ». En clair, l’autonomie présumée du salarié est utilisée pour abaisser les protections dont il bénéficie.
La manœuvre part du principe que la manière de travailler a évolué. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication et les nouveaux modes d’organisation permettent de faire chez soi un travail de bureau. On explique ainsi que la subordination du salarié à son employeur devient aléatoire et épisodique et que les protections anciennes n’ont plus aucune raison d’être.
On remarquera tout de suite l’habileté de l’exposition de certains cas où réellement la présence du salarié pour exécuter son travail sous la dépendance de son patron n’est plus nécessaire. Mais, c’est faire l’impasse sur la majorité des emplois intellectuels et quasiment la totalité des emplois manuels que d’expliquer ces nouveaux rapports au travail.
Malgré tout, même pour le travailleur à domicile, la subordination reste très présente. Les quotas, les normes de production, les dossiers étudiés sont sous la surveillance et l’autorité de l’employeur.
Les raidissements syndicaux pour la préservation des droits fondamentaux ne dit pas autre chose. Ils sont les témoins que le contrôle n’a pas disparu. Au contraire, avec les nouvelles techniques d’appropriation et de surveillance des subordonnés, il franchit allègrement les frontières de la vie personnelle.

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La priorité sur l’emploi n’est donc pas du seul ressort des gouvernements et des employeurs.
On demande plus de flexibilité que jamais aux divers personnels, parfois même dans des entreprises sans rapport direct avec les flux de clientèle. C’est parfois le cas dans des industries lourdes, par la suppression des poses et une adaptabilité en heures supplémentaires souvent récupérées dans les jours « creux » par leur équivalant d’heures de loisir, voire à des embauches sous contrats précaires.
Tout le productivisme sous prétexte de concurrence étrangère influe directement sur la santé. Le stress est devenu une cause première d’arrêt pour maladie. La logique de cette économie mondialisée justifie le transfert des risques sur les salariés en tournant le dos aux valeurs civiques et de solidarité
Dorénavant, la violation du contrat de travail par l’entrepreneur est vivement recommandée par l’actionnariat lorsque les coûts liés à une possible condamnation pécuniaire sont inférieurs aux bénéfices escomptés.
Désormais, la social-démocratie et l’économie mondialisée font cause commune au détriment de l’électeur et du travailleur.
Bon sang ! il serait temps de secouer le cocotier.

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