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Un pouvoir usé à la trame !

Dimanche prochain aura lieu le premier tour des élections cantonales en France. Ce sera l’occasion de mesurer l’érosion dans l’opinion, du PS, version Hollande/Cambadélis. Inutile de préciser que le PS va se ramasser. L’UMP pourra sauver quelques meubles et même, compte tenu de l’élection à deux tours, aura l’occasion de chanter victoire, alors que le Front National sera le seul à progresser en voix.
D’autres journalistes que notre Gerlache national, prendront le relai de ce dernier scrutin pour moduler les conséquences du vote, en fonction d’un absentéisme probablement massif, qu’ils assimileront à la poussée du populisme. Inutile de dire qu’en soustrayant ceux qui ne votent pas, de la masse totale des électeurs, ils pourront minimiser la percée du FN, mais c’est une arme à double tranchant, car les autres partis en souffriront aussi. Si ce calcul est appliqué au seul FN, les partis de pouvoir n’auront plus rien à envier au populisme. Il sera ambiant.
D’habitude les partis marginaux de gauche étaient seuls taxés de populisme. Avec l’entrée en fanfare du parti d’extrême droite, les « orthodoxes » distribueronnt les bons et les mauvais points. Ils vont s’en donner à cœur joie, un coup à l’extrême gauche, un coup à l’extrême droite.
Je suis à déplorer, avec la majorité molle, que le triomphe de Marine Le Pen soit le plus probable. Même si le constat est terrible et qu’il ne rend pas heureux, l’extrême gauche ne remplacera pas la gauche molle, enfin pas encore cette fois-ci.
Le mot "populisme" mis à toutes les sauces perd toute signification et empêche tout diagnostic pertinent. Le mot est devenu une habileté de langage destinée à écarter du jeu « démocratique » ceux qui donnent un coup de pied dans la fourmilière en se détournant des compères libéraux et sociaux-démocrates.
Si on s’en tient à la définition du Robert, « populisme » n’est pas du tout injurieux :
«Importance donnée aux couches populaires de la société (en art, en politique, etc.) » me convient parfaitement.
On pourrait se demander si dénoncer le «populisme» n’est pas le rejet du peuple purement et simplement. Diriger un pays sans le peuple, avec des élections dont on a soigneusement enlevé tout ce qui pourrait freiner à la reconduction perpétuelle des mêmes, en alternance pouvoir et opposition, dans un jeu perpétuel de bascule, mais c’est le rêve pour ces « fermiers généraux » de la chose publique !
Que la foule soit décrétée « dangereuse » et qu’il faille s’en remettre à « ceux qui savent », sans qu’il soit possible au long de la législature de les contester, voilà le vrai danger du totalitarisme !
Hier, l’info nous montrait Charles Michel, levé à l’aube, serrer des mains de maraîchers et glorifier, engoncé dans son pardessus, les métiers dans lesquels pour réussir, il faut sortir du lit, bien avant le lever du soleil.

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Cette démagogie opportuniste n’a pour objectif que de restaurer l’image du premier ministre fort dégradée. Rien de tel que ce genre d’exercice… enfin, c’était quand les gens y croyaient encore. Je doute fort que cette stratégie ait encore une certaine efficacité. Di Rupo à la piscine, Di Rupo serrant des mains dans les rues de Mons, Di Rupo changeant de chemise, etc. ce n’est même plus payant pour les Montois.
Annie Collovald insiste sur la fonction régulatrice de l’anti-populisme: «En justifiant la supériorité morale des élites sociales et politiques établies, elle autorise le retour de thèses réactionnaires ou hautement conservatrices comme celle, énoncée lors de la Trilatérale dans les années 1970, voulant que les démocraties soient ingouvernables lorsqu’elles sont soumises “à une surcharge de demandes populaires” et qu’il faut lutter contre les “excès de démocratie”. Mieux vaut, face à un peuple réactionnaire et incompétent, une démocratie fonctionnant sans lui... Une démocratie censitaire ou autoritaire?»
Nous y sommes. Nous verrons dimanche pour les Français.
Quant à nous, Belges, notre gouvernement dans lequel la minorité francophone subit le diktat d’une majorité ultra libérale flamande et dont certains membres se déclarent même flamingants, nous courons vers des désastres institutionnels. Comme ils se cumuleront avec l’économie antisociale, la « démocratie » belge n’a pas besoin d’une famille Le Pen. Nos partis de pouvoir ont ce qu’il faut à domicile.
Si c’est en allant aux halles que Charles Michel croit lutter contre l’idée qu’il se fait du populisme, il est bien mal parti.

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