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Faire du cash !

Il suffit de répertorier les professions initiales des hommes et des femmes politiques, pour imaginer un État confisqué par une « élite » condensée dans une coterie, dont il est facile d’en deviner les origines.
Le résultat est devant nous : une certaine bourgeoisie d’affaires, des postes d’apparatchiks héréditaires et des professions libérales, tandis que la population est exclue de ce caucus très spécialisé.
Voilà la démocratie telle qu’elle se présente à nous en 2015.
En somme l’électeur élit 99 fois sur 100 une représentation venant d’un monde qui n’a rien à voir avec le sien, qui ne le connaît pas et qu’il ne connaît pas.
Les bénéficiaires se garderont bien de vanter le classement de l’intelligence par le diplôme. Au contraire, vous les verrez célébrer l’autodidactisme et discourir sur les formes variées d’intelligence, sur le temps qu’ils agissent de façon contraire, dans les Institutions qu’ils façonnent à leur image.
Surpassant toutes les conditions de la promotion des élites, la filiation joue un rôle majeur. Charles Michel est premier ministre parce que son père a été ministre. Il ne s’est pas fait tout seul. Si son métier d’avocat qu’il n’a jamais exercé est un bon départ, quoique un tiers des avocats établis gagne dans les 1000 € par mois, l’influence de son père au sein du mouvement libéral a été déterminante dans la fulgurance de sa carrière. Ses mérites personnels n’ont rien à voir avec la promotion dont il est bénéficiaire.
Il n’y a pas de pépinière d’hommes d’État en Belgique, comme l’ENA en France. Pour nos voisins, de la promotion Voltaire sont issus non seulement François Hollande et Ségolène Royal, mais encore quasiment toute la promotion est entrée dans les ministères à différents postes, y compris celui de ministre.
En Belgique, pour faire carrière dans la politique, on sort d’abord d’une Faculté généralement pour entrer dans une administration, non pas pour exercer le métier pour lequel on est diplômé, mais pour envisager le parcours idéal d’homme d’État. En général, le travail que l’on preste, pourrait être aussi bien accompli par un élève sortit d’études moyennes inférieures. Peu importe, on n’est pas là pour ça. Cette entrée se fait presque toujours par recommandation, plutôt que par concours. Quand bien même y en aurait-il un, le pistonné aura une longueur d’avance à l’arrivée, sur n’importe quel autre candidat.
L’Administration permet d’entrer et de sortir sans problème de son cadre pour tâter le monde de la politique. C’est l’énorme avantage sur le privé. On y revient quand l’élu a été boudé par l’électeur, dans le grade qui aurait été le sien. Cela permet de faire ses classes à l’aise et d’attendre un emploi politique lucratif et pérenne.
C’est ainsi que se forme le personnel de la classe politique, quelles que soient sa couleur, ses options, ses motivations et sa culture.

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Du PS à la N-VA, ils se connaissent tous plus ou moins, se fréquentent dans des occasions officielles, dans des Commissions et dans des cercles privés dont le public n’a pas idée de l’influence qu’ils ont.
C’est un milieu clos, absolument isolé du reste de la population, malgré les déclarations de principe et les participations à des réjouissances populaires, des concerts, des meetings, enfin tous les endroits où l’intérêt de s’y montrer est évident pour la carrière.
Tout les rassemble : la quasi équivalence des diplômes, les traitements, jetons de présence, participations diverses et indemnités les placent dans une même catégorie élevée de salaire. Les relations et les filiations font le reste. Ils n’ont de contact avec leur plombier qu’à l’occasion d’une fuite d’eau et de leur boulanger que pour le croissant du matin, et encore quand la bonne est de sortie.
Cette classe sociale est solidaire. Même s’il y a concurrence, rares sont les membres qu’un parti laissera tomber, par exemple, quand, par leur maladresse, les électeurs les désavouent et que la Justice, pour une fois, les accable.
Pourquoi, me direz-vous, la presse belge ne dénonce pas un système qui conduit la démocratie à sa perte ?
On trouve la réponse dans un film fou et drôle sorti en 2014 « L’interview qui tue », lorsque le producteur de la star de l’info réplique à sa vedette « La première règle du journalisme, c’est faire du cash ! ».
Il suffirait de faire passer une loi qui plafonnerait les salaires d’État à 3000 € net le mois. Et tout le système s’écroulerait. Comme ils sont au pouvoir, ils ne vont tout de même pas se tirer une balle dans le pied. Le jour où quelqu’un en trouvera le moyen, on reparlera de démocratie.

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