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L’Europe demande psychologue !

Le drame grec qui s’est noué ou dénoué selon l’opinion que l’on en a, n’est rien d’autre qu’une application de philosophie pratique d’une première année de cours.
Ce n’est même pas une tragédie de Sophocle, c’est un vaudeville de nos ineffables ministricules européens.
On se rappelle encore les débuts du gouvernement Di Rupo. Que fit-il pour nous convaincre d’en rabattre sur notre vie « fastueuse » ? Il voulut prêcher d’exemple et décréta une diminution de 5 % des plantureuses indemnités de ses confrères ministres.
Et qu’arriva-t-il ?
Une levée de boucliers, oh discrète, de tout qui émargeait au budget à ce haut niveau. Puis survint une tranche d’indexation ce qui fit retomber l’effroyable diminution à moins de 2 %.
Ils avaient eu chaud. Comme ces messieurs sont responsables de nous et d’eux-mêmes, il n’y eut plus aucune tentative pour que leurs salaires n’aient plus cette bonne santé indécente qu’on leur connaît.
Si les enjeux ne sont pas les mêmes, le réflexe du peuple grec est identique, quoique la différence est de deux ordres, le premier, est un massacre à la tronçonneuse des allocations sociales, des salaires, des « avantages », augmenté des fers à porter des condamnés à mort comme l’augmentation des taxes, de la TVA, auxquels il faut ajouter les professions libérales qui se défendent en majorant les tarifs de leurs services. Le second, les Grecs, comme nous, ne sont pas maîtres de leur destin, ils ne peuvent pas faire semblant, d’autres les saignent à leur place et comme les bouchers sont insensibles à la viande qui saigne à plus de 2 % !
Surviennent les collègues européens de nos ministres (les – 2 %), avec les impératifs des remboursements aux canailles qui demandent 28 % d’intérêt au peuple grec.
Ces gouvernants, dont nos ministres font partie, sont persuadés que leur raisonnement mettra sur la « bonne voie » les électeurs grecs qui voteront « oui » à la misère accrue, « oui » à l’Europe de l’économie mondialisée, « oui » aux lois économiques qui font le business que le monde entier nous envie. (1)
Non mais, sans blague ! Même l’électeur belge, pourtant un des plus ballots parmi toute l’Europe, lui qui croit toujours fermement que Charles Michel nous conduit vers des lendemains de triomphe, qui est persuadé que l’Europe économique est celle qu’il lui faut, même si l’Europe sociale relève d’une mythologie qui elle, n’a rien à voir avec la Grèce, même lui, dans la situation de l’électeur grec, aurait voté « NON » !

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Exactement comme les ministres de Di Rupo d’ailleurs, qui pourtant ne perdaient pas beaucoup pour ce geste commercial qui fit long feu. Après ce « oui » inaudible, ils se répandirent en propos incendiaires « On avait attenté à leurs salaires », ce drame affreux de lèse-majesté !
Franchement, on comprend de mieux en mieux qu’avec des cruches stupides qui paradent aux Commissions européennes, avec à leur tête un Juncker archi mouillé dans les combines des paradis fiscaux quand il était ministre au Luxembourg, ils seraient incapables d’apprécier la situation lorsque Tsípras leur a balancé qu’il allait procéder à un référendum.
Oui, l’Europe va très mal. Oui, elle commence à dégouter même ses plus chauds partisans, mais ce n’est pas à cause du peuple grec, loin s’en faut.
La messe est dite. Les grecs ont massivement voté "non" ce dimanche 5 juillet. Ils ne veulent pas que des loustics branchés sur Washington, les agences de notation, les Bourses, le FMI et les milliardaires (de plus en plus nombreux) leur enjoignent de laisser leur dernière chemise dans la cagnotte des taux d’intérêt usuraire contre un nouveau plan d'aide.
Du reste, ils ont raclé les fonds de tiroir et il ne reste en Grèce que les coffres pleins des armateurs, des grosses fortunes et du clergé, c’est-à-dire des maffias locales qui sont intouchables, puisque là, comme ici, ils sont le sel et la terre de l’économie adorée par tous ceux qui en vivent très bien, encore soutenus par tous les cons qui en vivent très mal, mais qui ne le savent pas.
Que va-t-il désormais advenir de la Grèce?
On voudrait pouvoir dire la réplique du duc de La Rochefoucauld, rapportée par La Fayette « Le malheureux Louis XVI s'écria : "C'est une émeute ? - Non, sire, c'est une grande révolution."
J’exagère ? Certes. Il ne se passera rien. Sans doute. Mais, jugez de mon impatience, avant de crever, je voudrais quand même voir ça.
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1. On a pu encore apprécier la friponnerie des instituts de sondage qui ont placé jusqu'au bout les partisans du "oui" et du "non" côte à côte ! Résultat : plus de 60 % pour le "non" ! Les Instituts pièges à cons ? Les droites se sont déjà montrées plus intelligentes.

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