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Au théâtre, ce soir…

Tragédie ? Non, comédie !
C’est surtout vrai en politique, même dans le drame on cherche des effets comiques, des situations drôles, des occasions de concurrencer les jeux vidéo, ces amusements préférés de la génération montante.
Pourtant la politique conserve ses amateurs. Des fans absolus qui connaissent tous les acteurs, parlent de leurs jeux, de leurs manies, des tics de quelques uns. Qui ment et qui ne ment pas ? Le public a tendance à croire que le jeu d’acteurs est meilleur dans la majorité. Par contre les acteurs dans l’opposition jouent avec plus de sincérité.
De toute manière, la politique est un grand théâtre. Ce qui s’y dit n’est à proprement parlé, ni réfléchi, ni écrit par l’acteur lui-même. L’acteur peut très bien jouer le Cromwell de Hugo en matinée (pièce difficile) et « Feue la mère de madame » en soirée, sans se tromper de registre. Un collectif d’économistes écrit les pièces nouvelles. Les éditeurs propriétaires des théâtres sont des financiers.
Le plus souvent, les acteurs miment l’amour qu’ils portent aux électeurs, sans y croire. Il leur arrive de mimer la colère, histoire de douter de la sincérité des acteurs qui jouent au théâtre d’en face.
Après le spectacle, ils se réunissent tous dans un café-brasserie à l'abri du public. Ils commentent les jeux de scène dans un esprit de camaraderie.
Jouer l’amour des électeurs est ce qu’ils préfèrent. Ils y sont tellement habitués qu’ils n’ont pas besoin d’oreillette. Le public croit que les mots leur viennent du cœur, mais c’est de leur mémoire. Tous les comédiens en témoignent, pour bien jouer en politique, il ne faut pas avoir de cœur. Celui qui vise le bien public, ne fait pas de vieux os dans le métier.
Ils citent souvent Ronald Reagan en exemple. Il est passé du western à la présidence des États-Unis, en 1980, sous un tonnerre d’applaudissements. Dans le métier, on peut n’avoir aucune idée et être un merveilleux interprète. Reagan, de toute évidence, était un acteur médiocre à Hollywood.
Parfois, il suffit de bien choisir l’entourage. Olivier Chastel, habilleuse et Gérard Deprez, maquilleuse MR-MCC, sont des chômeurs remis au travail, sans la conviction des pros. Didier Reynders reprendrait volontiers le rôle de jeune premier. Certains pensent que la carrière théâtrale de Michel sera brève. Pourtant issu d’une lignée d’acteurs, on aurait imaginé le contraire, tels les Sardou ou les Brasseurs. Il avait pourtant toutes les chances de jouer les grands rôles, avec papa derrière.

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Dans les démocraties modernes, on ne choisit plus son candidat en fonction de la pièce à jouer (tout le monde sait que les promesses ne sont jamais tenues).
À force de trop jouer, la forme devient plus importante que le fonds.
Ce n’est pas nouveau, le paraître a pris le pas sur l’être. Les acteurs méprisent la critique. Ce faisant, ils méprisent aussi le public. Moralité, les gens délaissent l’art de la politique.
On finit par n’applaudir que l’apparence : la pochette tricolore et la cravate bien mise. Dans la pièce actuelle jouée de l’autre côté du Parc, le jeune premier n’a plus de cheveu et joue avec un postiche le Mariage de Madame Beulemans. C’est un mariage gay, le futur marié est Flamand et refuse de parler en bruxellois. On rit, c’est toujours ça.
De toute manière, ceux qui ont des idées n’ont aucune chance de présenter leurs œuvres aux directeurs des théâtres, voilà longtemps qu’ils sont de partis pris.

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