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Des houris et des gnomes.

(Version turque des « Souris et des Hommes » de John Steinbeck.)

Au temps où Barroso endormait l’Europe de ses propos lénifiants et que Herman Van Rompuy tuait les après-midis de bureau en écrivant des haïkus, ceux qui dénonçaient la Turquie comme alliée potentielle des insurgés islamistes damant le pion des « bons » insurgés contre le régime de Bachar el-Assad, passaient pour des antieuropéens.
J-C Juncker, ex premier ministre du Grand Duché était alors partisan d’une accélération des procédures afin d’intégrer ce grand pays du Moyen-Orient dans l’Europe, ce en quoi il suivait déjà à la lettre la politique des États-Unis à cet égard, pas gênés du tout de s’immiscer dans les affaires européennes pour la « bonne cause ». Évidemment qui dit politique américaine, dit politique belge, nos foudres de guerre disaient pareil, ainsi que la plupart des États vivant un œil braqué sur la politique américaine et l’autre sur leur économie.
C’était il y a un an, c’était il y a un siècle.
Le voile s’est déchiré peu à peu. Les citoyens avaient vu clair déjà avant, du temps où Juncker les appelait « populistes » avec le mépris des parvenus grâce au peuple, mais qui n’en ont plus besoin pour la suite de leur carrière.
Ciel, voilà que les élites s’aperçoivent qu’Ankara a longtemps soutenu économiquement et militairement l'État islamique et que les populistes avaient raison.
Comme il faut bien entendu que d’autres mauvaises raisons remplacent les anciennes qui ont fait long feu, J-C Juncker, qui a décroché l’emploi qu’il convoitait à l’UE, trouve que les mêmes retombent dans leur péché et font du populisme sur les questions touchant l’immigration clandestine, dans la défense des Africains venus tenter leur chance à Calais pour toucher le Graal à Douvres.
Voilà bien la politique d’esquive du Luxembourgeois qui consiste à détourner l’attention d’un problème où il n’a pas brillé par l’intelligence, pour focaliser l’opinion sur un autre.
Peut-on, à la fin, vider le premier abcès, avant d’en débrider un autre ?
Puisque l’Europe s’est trompée à propos de la Turquie, est-il possible d’arrêter d’admirer Erdogan, parce qu’il a ouvert ses aérodromes à l’aviation américaine ?
Cette admiration, on pouvait encore la lire dans les journaux juste avant la bronzette des « fines » plumes « La chasse américaine dorénavant à la frontière syrienne – Le geste de la Turquie, etc ».
Est-ce qu’on peut enfin laisser la parole à l’opinion ? Oui, la démocratie est en panne, parce qu’on craint la Turquie en qualité de grand exportateur de mains-d’œuvre et de croyance islamique sur tout le territoire européen !

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Daech a eu longtemps le soutien de la Turquie et l’a encore économiquement. Pour combattre les islamistes la preuve du jeu double mené par Ankara a été apportée il y a plusieurs mois lors du fameux raid mené par les forces spéciales américaines contre Abou Sayyaf en Syrie. Les documents trouvés lors de l’opération montrent sa relation directe avec des officiels turcs (le Guardian). Les marchés portaient sur le marché noir de pétrole et du gaz, avec des revenus pouvant atteindre 10 millions de dollars par jour.
On s’étonne que les liens existant entre la Turquie et Daech n’aient eu aucune conséquence sur les relations entre Ankara et ses alliés occidentaux. L’intervention militaire de l’armée d’Erdogan contre les intégristes qui a été saluée par les hourras de la presse européenne était avant tout dirigée contre les Kurdes… qui luttent contre Daech.
On se demande même si la Turquie, dans la politique de son nouveau sultan, n’a pas mis au monde un monstre que plus personne ne saurait arrêter ?
Et comme on est complaisant et chaud partisan des Turcs en Europe, pour leur faire plaisir on place toujours le PKK sur la liste des terroristes, ce qui permet à la Turquie de « liquider » la population kurde à la façon « arménienne ». Ainsi, il y a moins de témoins !
En restant l’arme au pied devant Kobané (la ville kurde à la frontière turque) l’armée turque a révélé la vraie image d’Erdogan. Quelques mois plus tard, cette politique se confirme par la volonté de recommencer la guerre intérieure contre la forte minorité kurde (40.000 morts déjà), en donnant comme gage de bonne volonté quelques escarmouches contre les guerriers de Daech.
Et bien, Messieurs les censeurs, on ne dira jamais assez que les populistes avaient raison sur ce coup et vous, grandement tort.

Commentaires

Très juste! Et c'est peut-être devant les preuves que les USA lui ont mis sous le nez qu'Erdogan a dû chaner partiellement d'attitude. La victoire relative du parti pro-kurde aux dernières élections qui ont momentanément coupé les ailes au projet de néo-empire ottoman d'Erdogan a sûrement aussi freiné ses ardeurs. On a déjà un Calife, on n'a pas besoin d'un Sultan en plus.

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