« À quand un État Kurde ? | Accueil | Le big-bank de l’Europe. »

Un parfait salaud !

Il faut bien, de temps à autre, tordre le cou aux idées reçues de plus d’un demi-siècle de néolibéralisme, en réalité lancé à Paris en 1938 par le journaliste américain Walter Lippmann et qui ne fit son chemin dans le monde libéral qu’après la deuxième guerre mondiale.
D’abord sur l’idée que l’État est incompétent pour gérer au mieux et pour le bien général des entreprises, voire une industrie tout entière.
Bien sûr, nous avons le triste exemple en Wallonie de l’incurie profonde de nos ministres régionaux qui laissèrent filer des entreprises comme Cockerill-Sambre dans les pattes d’Arcelor, lui-même aspiré par Mittal, et encore la gestion désastreuse du circuit de Francorchamps. On pourrait également porter notre attention du côté de la Sambre et de Charleroi, pour relever quelques incongruités et incompétences de nos « chers » ministres (voir Duferco).
Selon leurs déclarations, nous pourrions en déduire qu’ils étaient aussi hostiles à ce concept de gestion d’industries souvent abandonnées et qu’un effort de la collectivité pourrait sauver, parce qu’ils sont d’indécrottables néolibéraux et qu’ils ne croient pas eux-mêmes à une gestion étatisée. C’est surtout muni de cette conviction qu’évidemment tout projet repris par l’Administration est voué à l’échec.
Deux exemples sont à citer d’une réussite de grands projets que la société privée eût été incapable de réaliser. La première remonte à la guerre de 14-18 où, par la force des choses, l’État intervient dans l’économie de façon autoritaire. Il réorganise tous les secteurs et pas seulement d’armement et là où le privé aurait mis six mois de vaines querelles pour se partager les tâches et le gâteau, il fait preuve d’une efficacité remarquable, réussit à redresser la situation économique et finalement contribue pour une large part à la défaite de l’Armée allemande.
Enfin, la seconde plus proche de nous, la société néolibérale, elle-même, en la personne de son plus fervent défenseur, Didier Reynders, puise dans le trésor public et réussit à sauver les banques en 2009, ce qu’aucune institution privée n’aurait pu faire. Évidemment ici, c’est en spoliant les électeurs, puisque l’opération n’avait d’autre but que de sauver de mauvais professionnels qui mirent l’argent de leurs clients dans des placements qu’ils savaient douteux. Les services de la collectivité auraient pu avoir un meilleur sort. Au lieu de redonner du pouvoir aux incapables et aux voleurs, par exemple, exploiter pour le bénéfice du collectif un ensemble de moyens dont aujourd’hui les travailleurs, les artisans et les petits commerçants ont le plus cruellement besoin. Ce crédit que les banques ne leur concèdent pas.
Le néolibéralisme condamne avec le camp des progressistes, les conséquences désastreuses de l’idéologie libérale, c’est son côté séducteur. Mais, c’est pour mieux transformer la vieille base libérale en un outil pour managers productivistes ou non seulement les marchandises seront soumises à une concurrence accrue (pas pour tout le monde), mais aussi les salaires et les rentes d’administration du secteur public.

1lqksa.jpg

Ce nouvel aspect de l’aliénation des foules s’accélère depuis le formidable essor des transports en tout genre : avion, bateau et route, comme jamais on ne le vit par le passé.
De sorte qu’aujourd’hui le néolibéralisme montre ses limites, ce n’est rien d’autre qu’un libéralisme « sauvage » en remplacement d’un libéralisme « modéré ».
Nous en sommes au concept d’État garde-fou, en dédaignant l’élément essentiel du travail : le travailleur. Le néolibéralisme ne fait aucun cas des personnes, ni de l’État, sauf, s’il a besoin un jour de ce dernier… Il se sert alors des arguments du pleurnichards Reynders et ose parler du bien public !
C’est donc un concept sans gêne en même temps qu’immoral.
Malheureusement, c’est celui de Charles Michel et surtout de Bart De Wever. Cependant, rien à dire, Ils sont en concordance avec le Traité de Rome de 1953, reprenant les thèmes du néolibéralisme pour une société de « concurrence libre et non faussée », toujours d’actualité dans l’Europe actuelle.
Dans le conflit qui opposa Keynes à Lippmann sur le fond, les prédictions de Keynes se sont révélées exactes : le néolibéralisme ne garantit pas le plein-emploi, bien au contraire, il amplifie le chômage et la misère, en mettant en concurrence des êtres humains entre eux, dans une sorte de nouveau marché aux esclaves.
Cette concurrence endiablée a aussi d’autres effets et qui touchent à la nature et à la condition animale. Si vous avez vu les conditions de vie d’un porc ou d’une poule dans un élevage industriel, vous aurez compris ce que signifie ce genre de concurrence et jusqu’où elle peut aller.
Quant aux humains, de cette machine que Michel admire, les ravages ne font que commencer : diminution des salaires, augmentation du nombre d’années de travail, élimination progressive des chômeurs considérés comme parasites, objectif d’extinction progressive des pensions par un système de pension privée, diminution constante des services Poste, chemin de fer, administration communale, etc. Vous avez vu les nouvelles installations des grands groupes, des halls immenses sans fenêtre pour des productions en batterie, les ouvriers coincés comme les porcs…
C’est quoi être néolibéral aujourd’hui ?
C’est être avant tout un parfait salaud !

Poster un commentaire