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Joyeusetés droitières en Grèce.

Dans la presse de lundi, on n’en a plus que pour Syriza, le parti d’Alexis Tsipras aux législatives de ce dimanche en Grèce.
Quoique 35 % à peu près des électeurs se soient déplacés, ce n’en est pas moins une victoire étonnante. Quoi, voilà un parti qui présente en moins d’un an deux programmes totalement différents et qui, entre les deux, vire ses leaders les plus à gauche, pour proposer un programme de droite et, malgré cela, il emporte les élections !
Ah ! Alexis Tsipras est très fort ou alors, c’est la plus vieille démocratie du monde qui a pété les plombs !
François Hollande et Elio Di Rupo devraient y regarder à deux fois avant d’applaudir au succès de Tsipras. C’est quand même Syriza qui a pratiquement éliminé le Pasok de la scène politique grecque. Que je sache, le Pasok était encore jusqu’à hier le parti socialiste grec.
Un représentant de l’IRSE (Institut Robert Schuman) voit en Tsipras, l’homme politique de gauche qui s’incline devant la réalité politique ! Si la réalité politique c’est de faire une politique de droite, on pourrait tout aussi bien inventer une démocratie à parti unique !
Le plus inquiétant tient encore dans ce qui va se passer en Grèce où la purge voulue par les créanciers n’a encore touché que les salaires, les pensions et les indemnités diverses. Tsipras pour accéder au prêt consenti par l’Europe a accepté que des commissaires européens supervisent l‘avancée des réformes à accomplir. Dans un délai très court, il devra ébaucher un cadastre, inexistant en Grèce, taxer l’église et les armateurs, faire pression sur les agriculteurs pour qu’ils jouent le jeu, casser les monopoles d’État et prendre des mesures contre le travail en noir et les commissions occultes.

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François Hollande croit que la Grèce « va connaître une période de stabilité avec une majorité solide". On sait pourquoi le quinquennat va si mal en France… le président a si peu de jugement.
Les frondeurs sont privés de représentation au Parlement. Alexis Tsipras a désormais les coudées franches pour diriger le pays avec son ancien allié Anel (droite souverainiste). L’exclusion du Parlement grec des frondeurs de Syriza, rappelle assez douloureusement les frondeurs du PS de Cambadélis, Benoît Hamon, Aurélie Filippetti, Arnaud Montebourg, etc. Hollande doit savourer la victoire de Syriza comme la sienne propre. Reste à les virer du parti en France aussi.
Il faudrait savoir pourquoi quand ils assurent le pouvoir, les partis de gauche pratiquent une politique de droite ? C’est valable non seulement pour la Grèce, mais pour la France et la Belgique avec le calamiteux gouvernement de Di Rupo et la capitulation du PS devant la volonté libérale.
Chez nous, à la gauche des socialistes personne ne souhaitait la défaite de Tsipras. Syriza est même pour le PTB un pis allé contre le retour de la droite au pouvoir en Grèce.
Il n’en reste pas moins, si l’on transpose en Belgique le dilemme de Syriza, avec un corps électoral qui continue de voter au centre quoi qu’il arrive, que le PS a senti le vent tourner et a choisi l’électeur, quitte à lui sacrifier l’idéal socialiste. Nous verrons bien si ce parti aura toujours raison au fil de l’aggravation de la crise.
Voilà le parti socialiste grec laminé, tandis que la gauche radicale n’est pas parvenue à faire son entrée au Parlement. C’est un revers important pour Varoufakis et tous ceux qui dénoncent l'accord entre le gouvernement grec et les créanciers.
Désormais Alexis Tsipras va diriger le pays avec Anel (anti européen)… pour faire une politique que souhaitent les créanciers, c’est-à-dire frénétiquement libérale et européenne !...
Les Grecs pourraient encore tomber plus bas qu’ils ne sont dans les prochaines années.
La lutte antilibérale est remise aux calendes qui sont grecques, comme chacun sait. Si Alexis Tsipras respecte le mémorandum comme il s'y est engagé, il ne pourra tenir aucune promesse, se console la gauche d’opposition, maigre consolation que spéculer sur un échec.
Les choreutes ont encore de l’avenir dans la tragédie grecque.

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