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Le MR tellement en avance…

…que le futur, c’est déjà du passé !

Les esprits critiques ont compris le côté pernicieux du système économique, le fondement même de son succès et la source de sa perte. Le principe est transparent : la vente par la flatterie des instincts et une entrée en jouissance immédiate.
Un exemple simple, celui d’un gourmand qui peut manger autant de cornets de crème glacée qu’il veut, pour tout autant qu’il ait les ressources financières correspondantes à son appétit. Il n’a pas les moyens de se ruer chez un glacier tous les jours ? Si après avoir pesé le pour et le contre, on trouvait qu’il rembourserait un prêt, plus un petit supplément pour le risque, on lui délivrera de nouveaux moyens pour satisfaire son vice préféré.
Ce système peut paraître idéal. L’être raisonnable saura mesurer son appétit selon ses besoins (ce qui est faux dans 80 % des cas). Ce moyen donne à chacun la liberté de consommer s’il le souhaite.
Sauf, s’il n’avait pas de quoi payer sa consommation, après l’avis d’un banquier qui mesurerait le risque trop élevé.
On peut étendre ce simple principe d’achat et de vente à la physionomie des centres villes où l’on ne voit plus que des magasins de mode et de chaussures, le reste étant concentré dans des supermarchés des zonings périphériques. Ici, c’est le vendeur du produit qui est confronté aux mêmes principes que son client. Les fringues et les godasses sont les deux seuls articles sur lesquels les marges, parfois énormes (2/3 du prix de vente), permettent de payer les loyers exorbitants et les pas de porte inaccessibles. Ce n’est pas dans les moyens de ceux qui vendent des clous ou des poissons dans un lieu de « proximité », d’où disparition des autres commerces.
Cette économie peut fonctionner cahin-caha et à peu près, sans trop regarder à l’éthique de la vie en communauté des citoyens, quand l’activité est soutenue, qu’un pouvoir d’achat persiste même chez les plus précaires et que les perspectives rendent les acheteurs et les vendeurs optimistes.
Ça dérape quand l’offre est toujours aussi abondante, mais le client beaucoup moins.
C’est le cas ces temps-ci.
Les gugusses qui ont bâfré à Pairi Daiza sont bien trop superficiels et, dans le fond, trop imbus d’eux-mêmes, pour avoir réfléchi que ce système est obsolète et qu’il est urgent de trouver autre chose.
Ils ne sont pas les seuls, du reste, en piste dans le Circus libéral, les socialistes n’y sont pas mauvais non plus.

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Dernière ligne droite et derniers feux de Bengale de cette société finissante, malgré les drames internes et externes, nos libéraux réformateurs (en fait ils n’ont jamais rien réformé) ont une nouvelle formule. Ils nous intiment l’ordre d’être heureux ! D’après eux nous sommes moroses, parce que nous ne sommes pas optimistes. La crise n’existe que parce que nous croyons qu’elle est là. Imaginons qu’elle n’y soit pas et le tour est joué. Nous redevenons heureux, aussi pauvres qu’avant, mais heureux ! Formidable, non ?
Cela s’appelle décerveler le public. Il faut à tout prix que les derniers résistants ne réfléchissent plus !
Ainsi, dans une société d’idiots heureux qui n’ont rien à cacher, qui admirent ceux qui leur « donnent » du travail, qui sont contents de leurs dirigeants, la démocratie retrouvera le lustre qu’elle a perdu (pour autant qu’elle en ait jamais eu un).
Place au roman populaire nouvelle formule. Ils sont jeunes, ils sont beaux, mais ils leur manquent quelque chose quand ils font l’amour : la satisfaction d’être dans un pays merveilleux, entourés de gens courageux et bons. À la fin du « feel good book » tout s’arrangera, évidemment, et les disputes tourneront désormais sur la grandeur du drapeau à acheter au « good market », pour la fête nationale ! Ils ont compris que les vicissitudes de la vie se dimensionnent au degré d’optimisme. Dans ces livres magiques de recettes, on le sait dès l’incipit.
Ils ont découvert la nouvelle recette du bonheur. Et grâce à qui ? Saint Séguéla, l’homme qui persuade l’achat de ce dont on n’a pas besoin.
Vu son grand âge, il est question de prier Séguéla de mourir à l’étranger, avec le plus de discrétion possible. Le personnage représente tellement la réussite, le savoir-faire et le bonheur, qu’on lui a dit plusieurs fois de mettre une perruque quand il se produit en public, son image dégradée par le poids des ans pourrait faire préjudice à la vente du bonheur. S’il venait à mourir, des audacieux négocieraient son image sur son lit de mort à Gala ou à Fortunes ! La gueule des lecteurs à cette vue !
Dupont de Ligonnès est le parfait exemple pour tous les publicistes. L’assassin présumé de toute sa famille a disparu. On ne sait s’il est mort ou vif !
C’est un peu de cela que Louis Michel a parlé à Pairi Daiza, mais en métaphores, ellipses, soupirs, litotes et discrets renvois. Si bien que Chastel n’a rien compris. Il est encore si jeune, que le vieux est presque triste de l’entuber si facilement.

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