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Expert.

Ce qui me frappe aujourd’hui, c’est l’imprévisibilité des attaques de Daech dans nos lieux publics et le nombre d’experts qui connaissent tout, des mœurs aux intentions, de ces criminels musulmans, sauf comment se prémunir de l’infection.
Voilà enfin une profession qui ne manque pas de bras et qui engage encore.
Il faut les entendre reprendre les malheureux présentateurs d’émissions sérieuses, entre deux pubs pour une poudre à laver, et d’élaborer des analyses de la pensée des criminels mieux que les « Experts Miami ».
Leur subtilité me dépasse. Ils sont trop fins pour moi… et pour la police aussi apparemment, attendu que malgré leurs avisés conseils, même en force 4, elle fait chou blanc.
Quelqu’un s’est inquiété du nombre d’experts en djihadisme qu’ont produit les renseignements généraux et les grands corps de police en personnels à la retraite, c’est hallucinant. Il faut croire qu’à peine sorti d’une carrière vouée à la chasse des délinquants, le pensionné part à la chasse des émissions du genre ! La seconde carrière est plus fructueuse que la première.
Le péquenaud qui regarde ça à la télévision ne s’en lasse pas et est rarement déçu. Il a toujours quelque chose à retenir. Ne serait-ce que le conseil de placer des pinces à vélo sur le bas de vos pantalons s’ils sont larges et que vous faites de la bicyclette.
Un autre sport consiste à débusquer les faux experts des vrais.
Ils sont tellement nombreux qu’il doit bien exister quelques imposteurs ?
D’abord une question : pourquoi n’y a-t-il jamais d’expertes, tous des mecs dans le métier ! Cette profession n’exige pourtant pas d’efforts physiques extraordinaires. Il se pourrait bien que le métier étant peu défini par des diplômes, les machos empêchent la concurrence féminine d’accéder aux micros des studios.
On peut citer des noms de grands stratèges en chambre. Ils ont publié des livres, donné des cours de journalisme et prouvé leur compétence puisqu’ils n’ont aucune égratignure et se sont tirés de toutes les situations dangereuses, et pour cause, ils ne sont allés nulle part et tirent leurs connaissances parfaites de l’ennemi sur Wikipédia.

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Multiplier les éditions spéciales met les journalistes à rude épreuve. Tenir l’antenne est un exercice redoutable quand on n’a pratiquement rien à dire. Admettons que depuis le 13 novembre ça n’arrête pas. Alors pour tenir, les experts sont les bienvenus. Ils sont probablement payés au coup par coup. Mais ils cachetonnent ferme. Ils ajoutent à leur incompétence celle des speakers si bien qu’on a un florilège, heureusement que le téléspectateur n’est pas très qualifié non plus.
Ces anciens des grandes maisons à la traque du crime donnent dans le genre Maigret revenant sur des affaires qu’ils ont connues et qu’ils transposent en les réactualisant. On sent qu’ils ont la nostalgie du temps passé où ils avaient leur petite idée sur les tueurs fous du Brabant wallon. Ils voient l’EI comme ils ont vu al-Qaïda du temps des Twin Towers à NY. Ils sont un peu perdus dans les motifs des petites frappes qui s’intitulent soldats de Daech et qui se font exploser par « idéal », la part psychologique de ces énergumènes les dépasse complètement. Forcément, ils n’ont jamais mis les pieds à Molenbeek. La vie dans les quartiers leur restera à jamais inconnue. Ils sont experts sur un petit nuage qu’on appelle Belgique et ne savent pas quel est le rôle exact de l’économie libérale dans le grand cirque terrible que nous vivons au jour le jour sans rien comprendre, comme eux.
Outre les experts, les plateaux télé ont aussi leurs géo-politologues, nantis d’une plus vaste mission que celle de deviner où Mohammed Machin va faire un carnage, eux ils embrassent le monde d’un coup d’œil et savent mieux ce que Poutine va dire avant qu’il n’ait sorti son prochain discours de sa poche.
Nous entrons dans une autre catégorie dont il est beaucoup plus difficile d’en découvrir les escrocs. Quand ces experts nous parlent d’Iran et des intentions des chefs religieux, il faudrait l’avis d’un exfiltré de Téhéran, parlant la langue et ayant habité le pays longtemps, pour avoir un avis sur la qualité de l’information.
D’habitude pour se donner un genre et être crédibles ils glissent dans leurs propos « je reviens d’Afghanistan ou j’étais hier encore à Sinjar », cela ne veut pas dire qu’ils y sont allés et qu’ils connaissent la situation des lieux. Cela veut dire qu’il faut les croire sur parole et qu’ils sont les meilleurs.

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