« Le tour du monde sans un rond ! | Accueil | L’Europe touche le fond. »

Il était une fois la Belgique

Belle foutaise que le « grand passé » de la Belgique, comme si les peuples divers qui la composent avaient attendu avec impatience durant des siècles de secouer le joug des puissances voisines pour constituer un État indépendant.
En réalité la Belgique à ses débuts était déjà un assemblage surréaliste de différents peuples aux origines très diverses et parlant des langues différentes avec des dizaines de dialectes utilisés par les populations les plus misérables.
On devait ressembler aux émigrés actuels de la jungle de Calais. On ne pourrait mieux dire, puisque le développement de la datation par le carbone 14 a permis de préciser nos origines. Ammerman et Cavalli-Sforza démontrent au Néolithique l’occupation progressive des contrées allant de la Belgique à l’Allemagne par des populations du Proche-Orient. Nous serions donc des cousins des Syriens et des Irakiens dont nos racistes veulent botter le cul !
Nous aurions ainsi perdu en touchant le sol de ce qui allait devenir la Belgique, le sens de l’hospitalité.
Avant le carbone 14, on la pétait autrement. Des juristes comme Edmond Picard, des historiens comme Henri Pirenne ont mis bout à bout des bouteillons afin de fabriquer de toute pièce un passé glorieux pour expliquer aux têtes blondes de nos écoles que les peuples de Belgique se cherchaient depuis le Moyen-âge pour s’unir dans un seul et même pays.
Comme si au Moyen-âge les peuples voyageaient comme ceux d’aujourd’hui ! En réalité, chaque communauté vivait dans son coin en ignorant superbement ce qui se passait vingt kilomètres plus loin (une bonne journée de cheval à l’époque).
Il y avait aussi peu d’affinités entre un Carolorégien et un Liégeois qu’avec un Anversois. Le parler picard du Tournaisis était incompréhensible après trente kilomètres au sortir de la ville en direction de Mons. La Révolution de 1830 n’a rien effacé de tout cela, au contraire. Seule une apparente unité entre des peuples disparates a fait croire à l’histoire que l’on fait gober aux enfants.
Parlons-en de cette Révolution, conduite par des petites gens mais instrumentalisée et utilisée par les bourgeois et les puissants de l’époque. Le découpage de l’Europe après la chute de Napoléon en 1815 se fit de la même coupe au ciseau que 75 ans plus tard avec l’Afrique d’une main lourde. Étonnons-nous de voir des peuples coupés en deux ou trois morceaux se révolter et d’autres crevant de faim se joindre à eux, sans d’autre intérêt que de souffler un peu chez soi et ensuite tuer le cochon en famille, sans qu’un happe-chair ne vienne réclamer les jambonneaux pour le prince.
Bien entendu le souffle épique fut de courte durée.
Le peuple est idéalisé tant qu’il sert les intérêts du bourgeois. Après, il devient franchement inquiétant et vire au populisme comme dirait Gerlache. C’est donc naturellement après avoir vanté les qualités populaires du cœur que la Belgique devint un État bourgeois qui prit le peuple en dégoût.
Le suffrage censitaire dit tout. La bourgeoisie contrôla l'appareil politique et le contrôle encore, par des raffinements de procédure qui remet le suffrage universel à des proportions censitaires. L’affaire Galant dit plus que l’effet d’une « maladresse » montée en crème par « l’emballement politicien » des compères de Louis Michel. Les structures n’ont rien changé. C’est toujours la même impunité pour les uns et l’accablement sous les taxes pour les autres.
L'économie est restée aux mains de cette classe. Les grandes fortunes agraires de la noblesse des débuts se sont converties en biens industriels par des mariages et des modifications de patrimoine.

1lelele.jpg

Depuis, la Belgique s’est donné une légitimité en inventant un passé commun des peuples qui la composent.
Enfant, l’instituteur nous donnait des « bons points » sous forme de beaux chromos. On y voyait« les gloires belges » ayant défendu « la patrie » depuis les batailles de Worringen et de Courtrai, jusqu’au canonnier unijambiste Charlier tirant ses boulets dans le parc de Bruxelles. Tous les sabreurs et les glorieux : Clovis, Ambiorix, Godefroid de Bouillon, jusqu’aux archiducs Albert et Isabelle, passèrent à la postérité grâce à la plume romanesque de Henri Pirenne, étiquetés blanc-bleu label belge.
Les Wallons « la tête près du bonnet » croient encore à ces billevesées, tant l’enseignement de l’Histoire réelle est interdit en Wallonie et à Bruxelles. C’est dire si le bonnet est celui de l’âne de Joëlle Milquet.
La Flandre, par contre, a tiré des leçons de ce lourd héritage. Les Wallons sont comme les admirateurs d’un tableau dont ils savent qu’il est faux et pourtant, ils font comme si… de peur de voir la réalité en face.
À leur décharge, leur pusillanimité leur est soufflée par la classe politique, trouillarde parce qu’elle est inquiète de son avenir. Vous ne voudriez tout de même pas que ces gens-là travaillent !

Poster un commentaire