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Liège, Volgograd-sur-Meuse.

Que tous les lecteurs de France et de Belgique qui lisent régulièrement cette chronique me passent ce coup de nerfs où ils n’y entendront rien. Que le quarteron de lecteurs courageux du coin s’en trouve privilégié – si l’on peut dire – voilà qui reste à démontrer.
Avant même de voir la première rame du tramway à Liège, on peut déjà écrire que ce sera un beau flop. Des 17 km prévus, on n’en construira que 11 dans un premier temps. C’est le parcours à peu près du petit train touristique qu’on voit à la belle saison embarquer quelques touristes qui ont des oignons aux pieds. Le deuxième temps (les six autres km) n’est pas prévu et pour cause, on ne sait pas quand le premier sera terminé et accessible au public.
Toutes les « hardiesses » promises sont tombées à l’eau depuis que Liège est passé à côté d’une exposition universelle. L’Europe, elle-même, s’est désintéressée du projet au point que les ingénieurs doivent revoir leur copie pour espérer un subside.
Ce sera dorénavant un tram-vitrine qui glissera de Coronmeuse à Sclessin. Ce trajet n’est pas le plus fréquenté par les Liégeois et il fait fi des besoins de la périphérie. L’extension vers Herstal et Seraing, ce n’est pas pour tout de suite.
C’est d’autant plus râlant que l’on avait un circuit assez complet sur rail et que l’ineffable Destenay a détruit au lieu de l’adapter au trafic. À la place, on nous a empuantis des gaz des bus, il est vrai à une époque où on ne parlait pas des nuisances du mazout.
L’inertie a fait le reste : socialistes et libéraux s’étant arrangés pour donner au secteur privé l’occasion de fourrer son nez dans une gestion d’intérêt public, histoire de s’en mettre plein les poches.
C’est à ce parcours, sa définition et son but que l’on voit comme les politiques se fichent des gens.
Le seul projet valable pour Liège et sans doute pour d’autres villes du bassin mosan et partout où il y a un fleuve qui coupe une ville en deux, c’est un parcours en croix avec correspondance d’une branche à l’autre, longer le fleuve et joindre les collines rive gauche/rive droite qui bordent la plaine tracée par le fleuve.
Le trajet parfait serait Visé / Liège / Seraing croisant à Liège-centre le trajet Ans / Liège / Fléron. Évidemment, ce parcours exigerait beaucoup de courage et des difficultés sans nombre ; mais, c’est le seul qui soit vraiment utile et renoue avec les anciens trajets des trams des lignes 1, 11 et 12.
Les décideurs de cette ville ont toujours manqué d’audace. Évidemment, la vision à la fois audacieuse et calamiteuse de Destenay qui voulait faire de la ville un petit Manhattan et qui n’en a fait qu’un dépotoir à l’architecture hésitante et peu harmonieuse a refroidi au moins deux générations d’édiles publics.

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Mais cette génération n’est pas triste non plus. Il aura fallu presque quarante ans pour retrouver un théâtre en ville après la destruction du Gymnase place Saint-Lambert, faisant de la place de l’Yser un chancre permanent avec le théâtre en tôle provisoire, enfin démoli. Reste à faire revivre ce coin d’Outremeuse. On commence avec un projet intéressant et puis on finit par un riquiqui avec trois bancs récupérés ailleurs, parce qu’on n’a pas de sou !
Que dire de l’immense trou urbanistique rue de Bavière à la suite du départ de l’hôpital pour la Citadelle, repaire des rats depuis 25 ans et toujours inoccupé malgré des tas de projets tous plus ou moins boiteux. Entretemps, une société s’est accaparée des terrains et compte bien en tirer un bon prix, sans nulle autre idée que de faire un coup juteux.
Ce terrain à un quart d’heure à pied de la place Saint Lambert, au bord de la Dérivation est un endroit qui aurait pu redonner à ce quartier devenu sinistre l’animation qui lui a toujours manqué.
Mais non, à croire que les gens de la place du Marché n’aime pas ce quartier touchant Bressoux une ancienne commune annexée et qui avec le quartier Sainte-Marguerite est une des plus pauvres et des plus délaissées de la ville.
La dernière « bien bonne » est encore cet entrepreneur de maisons de jeux qui s’empare d’un demi-quartier des Guillemins et à qui la Ville s’apprête à dérouler le tapis rouge pour un projet tout à fait quelconque en béton habité par de futurs zombies, presque en face de la gare Calatrava.
Il y a quelque chose de soviétique dans la façon de concevoir l’urbanisme à la ville de Liège. Sur les façades latérales de la place Saint-Lambert, il n’y manque plus que la faucille et le marteau tant l’ensemble aurait bien pu se construire à Volgograd.
On craint la même triste fin aux Guillemins.
Vous avez dit Liège, une ville dynamique et tournée vers l’avenir ?

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