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Giboulées de mars au PS.

Le parti qui soutient le Président de la République est en butte à un profond malaise qui prend une tournure inquiétante. Voilà qui n’est pas nouveau. Le neuf tient dans l’étendue du mal qui n’est pas suffisamment perçue par les médias, voilà qui pourtant pourrait bouleverser la fin du mandat de François Hollande.
Tout ça à propos de la loi El Khomri dont le but est de modifier profondément le Droit français du travail.
Si une partie de l’opinion soutenue par la moitié du PS est contre, Dominique Reynier, conseiller au parti Les Républicains de Sarkozy est pour et à ce titre a lancé une contre-pétition pour soutenir la loi El Khomri, ce qui est une première dans les rapports droite/gauche. Cette contre-pétition n’a jusqu’à présent guère mobilisé l’opinion. Ce serait un coup pour rien, si ce remue-ménage, à droite comme à gauche, n’avait pas fait reculer le premier ministre Valls qui repousse à fin mars la présentation de la Loi au parlement, afin de permettre aux syndicats et au pouvoir politique d’en débattre.
Mais, c’est trop tard. Le mal est fait. Ce n’est pas seulement quand ça tourne mal que l’on doit discuter avec les intéressés.
Ce ne serait qu’un bide de plus au passif du pouvoir si un autre événement autrement plus grave n’était pas annoncé pour la mi-mars.
Un mouvement étudiant contre le gouvernement a l’intention de mettre la jeunesse dans la rue. L’UNEF et son président William Martinet est à la tête de cette nouvelle menace.
On se souvient encore de mai 68, comme si c’était hier qui avait fait trembler le gouvernement du Général De Gaulle. Ce mouvement étudiant avait à sa tête « Dany le rouge », devenu près de 50 ans plus tard le sage Daniel Cohn-Bendit, chroniqueur à Europe 1. Ce baroud avait abouti à un mouvement de grève des syndicats d’une rare ampleur.
C’est qu’on ne matraque pas de la même manière des adolescents que des ouvriers. L’opinion est plus sensible au malheur de la jeunesse.
Quand on voit contre quoi le mouvement de mai 68 s’était insurgé, en comparaison la loi El-Khomri est bien pire.
De l’avis de certains journalistes de terrain, il peut se passer quelque chose parmi la jeunesse.

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Une journée de manifestations est prévue le 9 mars prochain, à l’initiative de l’UNEF, et ce sans attendre le 31 mars, date évoquée par tous les syndicats opposés au projet de loi El-Khomri. L’UNEF et ses alliés sont décidés à prendre le gouvernement de vitesse en instaurant un rapport de force le plus tôt possible. Les réseaux sociaux sont les tams-tams des temps modernes. Le hashtag "On vaut mieux que ça" (#OnVautMieuxQueCa) se répand à la vitesse du tweet.
Pour une fois, je me fais un plaisir d’en donner les coordonnées en espérant que les lecteurs de « Richard III » en feront autant.
On entre dans de l’inédit, après les frondeurs, voilà la gauche étudiante qui se lève contre un pouvoir de gauche. Ce n’est pas le premier, après le célébrissime mai 68, il y eut encore des frictions du même ordre en 1990.
Ces futures manifestations ouvrent pour le gouvernement Valls un printemps redoutable dans des perspectives les plus sombres. Ce n’est pas inédit, mais la jeunesse dans la rue, défiant un pouvoir supposé la défendre, en plein état d’urgence, c’est un scénario catastrophe.
L’UNEF brandit la menace d’un mouvement semblable à celui contre le CPE de Dominique Villepin en 2006, avec un Jacques Chirac, obligé de retirer une loi votée !
La même chose contre un pouvoir de gauche, c’est tout à fait particulier. Un affrontement de la moitié des socialistes contre l’autre moitié, voilà qui resterait un désastre à mettre au compte de la gestion du pays par François Hollande.
Instrumentaliser l’UNEF par les frondeurs du PS contre les solfériniens de Cambadélis ?
La droite en rêve, mais le PS à l’heure actuelle n’a pas besoin de l’UNEF pour imploser, par contre l’UNEF pourrait être le détonateur d’une succession d’événements surprises comme dans les différentes Républiques dont la France n’a jamais été avare.

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