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L’Europe aux soins palliatifs.

L’Europe va mal dans tous les domaines. Elle va descendre une marche de plus dans la confusion et le déshonneur vendredi soir à Bruxelles, si madame Merkel réussit à faire admettre aux autres sa manière de contenir les flots de réfugiés qui nous arrivent de partout et principalement de Turquie.
D’abord pour signer un accord, il faut être deux qui se font confiance. Qui peut faire confiance à la Turquie d’Erdogan ?
Quand on pense qu’outre les compensations financières pour réguler les réfugiés selon un curieux processus de va-et-vient, on promettrait aussi à ce pays la reprise des négociations pour son entrée à l’UE et surtout une facilité d’accès à celle-ci de ses ressortissants !
Inutile de revenir sur la politique turque actuelle, sinon se rappeler le jeu trouble du pouvoir avec Daech à qui on fournit des armes, sur le temps qu’on bombarde les défenseurs kurdes en Syrie qui se battent contre l’État Islamique. Ce qui n’empêche pas les Turcs de se dire contre Daech et réaffirmer leur attachement à l’OTAN. Ne revenons pas sur les provocations d’Erdogan à l’encontre des Kurdes de Turquie, la fermeture autoritaire des journaux d’opposition au nouveau sultan d’Ankara, etc.
Les Vingt-Huit savent tout cela. Mais que voulez-vous, madame Merkel est tellement centrale et puissante, qu’on pourrait presque croire que cette réunion n’est que pour la forme.
La preuve qu’il n’y aura pratiquement pas de débats, c’est que la Turquie sera présente pour la signature du traité.
La mesure principale du projet suscite de sérieux doutes. Elle prévoit que les nouveaux migrants arrivant sur les îles grecques soient renvoyés vers la Turquie. Pour chaque migrant Syrien renvoyé, les Européens "réinstalleraient" un autre Syrien dans l'UE ! Outre la bizarrerie du plan et l’impossibilité de contrôle, la légalité de l'accord fait problème.
L’accord envisage des expulsions collectives interdites par la Convention européenne des droits de l’Homme. Vous me direz, la Turquie s’en fout et à proprement parler, je me demande si la droite libérale majoritaire à l’EU n’en fait pas autant ?
Quant au droit individuel, vous pensez quand on enfourne un quota de réfugiés pour le retour sur un rafiot, alors qu’on est venu sur un pneumatique, la différence n’est pas grande et le droit individuel encore moins.

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Dans ce micmac, ce sont les Grecs qui auront encore la charge de la procédure de renvoi et probablement les charges supplémentaires à leurs frais.
Le principe un migrant renvoyé, un Syrien accueilli est immoral, ne serait-ce que de fait on donne aux seuls Syriens la qualification de réfugiés. Un Irakien sur un territoire occupé par Daech, un Kurde persécuté sur le territoire turc ou syrien ne seraient pas des candidats réfugiés ?
Les ONG parlent d’un troc d’êtres humains, que dire d’autres sinon qu’ils ont raison ?
Pour le reste, on sait comme en interne l’Europe est partagée entre l’accueil et la fermeture des frontières. Par exemple, la Hongrie de Viktor Orban a prévenu qu'elle mettrait son "veto" à tout engagement en matière de "réinstallations" de demandeurs d'asile. Pas que Viktor qui tape du poing sur la table des négociations. Depuis 1974, la République de Chypre est coupée en deux par l’armée turque. Nicosie est membre de l’UE, semble-t-il.
Les négociations d'adhésion à l'UE de la Turquie occupante de la moitié de l’île ne sont pas de nature à satisfaire ce membre de l’UE.
La suppression des visas pour les Turcs dans l'espace Schengen dès juin de cette année, pourrait nous valoir un trop plein de Turc, après un trop plein de Maghrébins qui indépendamment des conflits, remontent les uns et les autres vers le Nord pour des raisons économiques depuis plus de vingt ans.
On le voit, pour se dépêtrer d’un mauvais pas, l’Europe tombe dans un autre.
L’Europe à Bruxelles était déjà une œuvre surréaliste, un « cadavre exquis » jeu inventé en 1925, mais redevenu d’actualité, auquel on pourrait ajouter « puant ».

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