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Le travail à la con a de l’avenir.

On le répète régulièrement, les temps nouveaux ont tué le savoir-faire artisanal. Avant, on pouvait dire avec fierté qu’il fallait autant de temps pour former un bon ouvrier qu’un bon ingénieur.
Avec ce savoir-faire à tous les niveaux a disparu le plaisir de la création de A à Z de toute fabrication.
La parcellisation des tâches pour un rendement supérieur à tuer le plaisir de faire et décerveler d’ennui le personnel. Or, si les modes de fabrication changent, l’individu dont la seule ressource est le travail n’a pas changé. Il est toujours aussi inventif et curieux qu’avant.
Il ne peut exécuter le travail qui lui assure son pain avec le plaisir de créer.
Le travailleur moderne s’emmerde au travail.
Comme vont jusqu’à dire certains sociologues « la technologie devait réduire le temps de travail, l’air du temps le prolonge, pour faire toujours plus de «métiers à la con».
Le terrible dans tout ça, les travailleurs savent ce cirque parfaitement inutiles. Comme il n’y a plus de raisons d’être inventifs, ils rigolent des efforts des contremaîtres et des ingénieurs pour que les gens « participent à ce qu’ils font » au nom d’une collaboration quasiment patriotique (l’esprit d’entreprise).
David Graeber, l’anthropologue anglais, appelle aujourd’hui les boulots interchangeables à gestes répétitifs «bullshit job», un boulot de merde, ici on dit boulot à la con, l’expression est moins sentie, si je puis dire.
On se demande encore pourquoi le « progrès » – Keynes espérait ne nous faire travailler que 15 heures semaine – n’a fait que nous pousser à travailler plus, si bien qu’en ces temps de manque de travail, pour nous en sortir nous devons travailler plus et cela jusqu’à un âge avancé.
On comprendrait encore que pour occuper les gens, la société invente des métiers inutiles qui vont à l’encontre de la technologie, ce qui est sans doute le cas en Belgique avec les 5 gouvernements et les agents d’administration que cela implique. L’industrie doit en fournir pas mal aussi, sauf que dans cet univers ce serait plutôt la bêtise des entrepreneurs. Pourquoi nos économistes tiennent-ils donc au mécanisme de la croissance, mais pour justifier et maintenir le système dans ses normes libérales. En effet, pour réduire le temps de travail à ses plus petits retranchements, il faudrait donc changer le système dont le seul moteur est le profit de quelques-uns contre les bas salaires de tous les autres.
De Macron à Elie Cohen, ils n’ont pas trouvé autre chose.

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Est-ce à dire que nous allons vers une société dont la moitié sera faite des gens sans travail et vivant de l’aumône publique ?
Les boulots de merde ou les emplois d’apparence et qui sont tout bonnement inutile semblent être une piste. Comme elle est toute fraîche, François Hollande a trouvé malin de créer des stages qui permettent aux chômeurs qui y sont admis de ne plus être comptabilisés sur la liste des chômeurs complets, d’où la baisse de ce premier trimestre d’inscrits. Ces stages sans avenir entre dans la catégorie des boulots d’apparence.
Le principe est le suivant : on apprend dans des ateliers bidons quelque chose de ce qu’avant on appelait l’apprentissage en usine pour rentrer au chômage une fois le stage accompli.
Sont forcément chargés d’inutilité manifeste de départ les fonctions dites de support et les services aux entreprises, genre ressources humaines, management, droit, qualité, finance, communication, conseil, etc.
C’est la mode des industries de service, les services financiers, le télémarketing, ou le droit des affaires, les administrations, ressources humaines ou encore relations publiques.
Du côté manuel, c’est plus délicat. Il faut trois à quatre ans pour former un bon maçon à la pierre et l’industrie n’a plus besoin de manœuvres puisque les techniques de levage et de transport de matériaux y suppléent largement. D’où des stages de trois mois réservés à des professions où il y a pléthore, comme la profession d’aide-ambulancier ou pour l’obtention d’un brevet de conducteur d’engins d’entrepôts ou de chantiers. Sauf qu’on n’embauche pas et que le stage terminé, c’est le retour à la case départ.
Personne ne décide vraiment quels boulots sont utiles et quels boulots ne le sont pas. Puisqu’il s’agit en réalité de distinguer le travail socialement utile et celui vide de sens. Les responsables en ressources humaines le savent bien, qu’un métier est d’autant moins payé qu’il est utile à la société.
Ces trente dernières années, on a vu un accroissement extraordinaire d’emplois de bureau, souvent injustifiables pour des productions qui ne sont pas à mettre en parallèle pour trouver les raisons de cette expansion bureaucratique. C’est comme si quelqu’un inventait des emplois sans intérêt à la François Hollande pour accompagner la mondialisation économique. Rationnellement inexplicable, on ne comprend pas bien un système économique, par ailleurs tant enthousiaste pour rationaliser !
Et malgré cela, le chômage massif et durable ne descend pas.

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