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Un juin torride.

On peut l’aimer ou le détester, Mélenchon a quand même rivé leur clou hier soir sur France 2, à tous ces journalistes ramant pour la seule cause de l’économie de marché !
David Pujadas très ému pour la der des ders "Des Paroles et des actes" s’est défendu avec le sourire. Cependant, Mélenchon n’a pas tort lorsqu’il affirme que la presse écrite française est dans les mains de huit ou neuf « milliardaires ». Il va de soi que l’information télévisée suit le même cours, avec d’autres responsables tout aussi clivés.
Challenge explique la tactique « déconstructive » de Mélenchon. « Sa seule cible, ce sont les téléspectateurs des gauches de la gauche qui pensent que les médias ne sont pas libres, propriétés des oligarques stipendiant des "éditocrates" chargés de convertir le peuple au néo-libéralisme destructeur. En s'en prenant aux symboles Pujadas et Saint-Cricq (et même François Lenglet, accusé d'être "corrompu") Jean-Luc Mélenchon cherche à prendre de vitesse les éventuels rivaux en candidature gauches de la gauche : Montebourg, Mamère et autres Besancenot. » C’est bien vu… sauf que les téléspectateurs des gauches de la gauche ont de solides raisons de penser que les médias ne sont pas libres.

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Reste à expliquer la stratégie de la CGT avec le blocage de l’économie. Le retrait sans condition de la loi Travail est le but à atteindre. Et si le gouvernement persistait, la CGT et FO iraient-ils jusqu’au bout de l’épreuve de force ?
Il faut quand même s’y attarder et trouver extraordinaire qu’un gouvernement « socialiste » quasiment homogène, se soit à ce point éloigné de près des trois quarts de la gauche !
Hollande et Valls marchent sur la tête !
Quand on lit les programmes des postulants à la présidence de la République chez les Républicains, on est effrayé de comprendre qu’ils sont bien pire que les défenseurs de la loi El Khomry. Il va sans dire qu’un Fillon élu mettrait la France à feu et à sang !
Des négociations restent-elle possibles, avec des protagonistes aux avis si tranchés ?
Pour avoir vécu en Belgique des mouvements similaires, par exemple les historiens contemporains pourraient revenir sur La Loi unique de Gaston Eyskens, décembre 1960. L’opinion publique change d’avis dans les quinze jours, si le conflit n’est pas réglé. Il passe sans transition de « très favorable » à « défavorable », sous la pression des médias, mais aussi à cause du peu de réserve qu’ont les travailleurs qui gagnent trop peu pour faire des économies leur permettant de résister.
Il est bien connu aussi que l’étalage des violences des casseurs dans les gazettes est de nature à retourner une opinion toujours aussi naïve et heureusement pour le pouvoir en place qu’elle le soit. Or, les casseurs ne font pas partie des cortèges des syndicats. Ils s’y invitent dans l’intention de les désorganiser et d’affronter la police.
Qu’importe ! Nous avons parmi les journalistes qui couvrent les événements de ce genre des spécialistes qui s’y entendent pour montrer avant tout la violence et sans jamais parler du fond et surtout en taisant les provocations policières et tout ordre venant des chefs de la police tendant à bien laisser pourrir une manifestation avant d’intervenir.
La gêne occasionnée par les grèves : disette de carburants, perturbation dans les chemins de fer, etc. sont aussi des éléments contreproductifs.
L’enlisement, le désintérêt et finalement l’hostilité des futures victimes de la loi El Khomry finiront peut-être par user la détermination du début. C’est le souhait du gouvernement, qui multiplie les appels à la fermeté et campe sur ses positions dans l’espoir d’un pourrissement.
Des libéraux habiles entendent bien mettre le doigt sur les paradoxes de ce conflit tout de même hors nature d’une gauche au pouvoir contre les syndicats. Les mouvements sociaux mobilisent les forces de l’ordre et créent des « trous » dans les systèmes de surveillance du territoire. Que devient le risque terroriste dans cette débauche d’efforts du citoyen contre la police ?
Le mois de juin est à haut risque. Le coup d’envoi de l’Euro de foot est pour le 10 du mois. D’ici là, d’autres syndicats sensibles ont déposé des préavis pour des revendications sectorielles. On entre dans une situation totalement irrationnelle, un attentat, un dérapage, tout peu arriver.
Ce sera trop tard pour l’exécutif d’en faire porter le chapeau à la partie adverse.
Des protestations autoritaires, du jusqu’au boutisme de Valls, aux positions fermes réitérées de Philippe Martinez, les parties se sont raidies.
Les jours qui viennent seront sans doute décisifs pour l’un ou l’autre camp.
Fort improbable, une dernière hypothèse serait que Hollande retour du Japon abandonne la loi El Khomry. Il ne resterait plus à Valls qu’à démissionner. Un nouveau battage de cartes du pouvoir à un an des élections ! Je n’y crois pas.
De toute manière, candidat ou pas, Hollande est si près de la porte de sortie qu’on ne lui voit plus un regain de carrière de quelque côté qu’il se tourne, à vrai dire, son parti non plus.

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