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Vue du pont Adolphe.

Les Luxembourgeois n’ont rien à envier aux Belges sur certains points de morale distribués avec motion « très bien » ou refusés avec motion « vol de renseignements ».
Inutile de dire de quel côté se trouve la justice en l’occurrence.
Le parquet luxembourgeois a requis mardi 10 mai dix-huit mois de prison contre les deux lanceurs d’alerte Antoine Deltour et Raphaël Halet, deux anciens du cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC) qui comparaissent dans le procès des « Luxleaks » pour avoir mis au jour les pratiques fiscales décriées du Grand-duché. Le procureur s’est contenté de demander « une amende » contre le journaliste Edouard Perrin, accusé d’avoir relayé ces fuites. Le jugement, lui, ne devrait être rendu que « dans la deuxième moitié du mois de juin », selon un représentant du parquet.
L’interprétation de la faute est claire. Un citoyen n’a pas le droit de dénoncer des fraudes dont il est le témoin dans la pratique courante de son travail, surtout lorsque celles-ci éclairent de drôles de combines de l’État dans une complicité avec des multinationales établies au Luxembourg.
Par contre, il lui est chaudement recommandé de dénoncer un voisin de palier qui perçoit des allocations de chômage alors qu’il semble manifestement n’y pas avoir droit.
C’est ce qui s’appelle être dans une obligation civique de dénoncer dans un cas, et une faute grave dans l’autre.
Le comble Antoine Deltour, considéré comme le principal lanceur d’alerte, est poursuivi pour vol, divulgation de secrets d’affaires, violation de secret professionnel, blanchiment et fraude informatique, rien que ça !
L’Europe regarde ailleurs, depuis ses bureaux de Bruxelles. Les faits datent de l’époque où Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, était premier ministre du Luxembourg (1995-2013). Évidemment, c’est assez gênant pour quelqu’un qui en principe doit lutter contre les paradis fiscaux, alors qu’il en organisait au Luxembourg !
Pensez-vous que le protégé d’Angela Merkel sera inquiété ? Pas le moins du monde. Tout le monde fait comme si…

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Comment voulez-vous que les décisions européennes aient encore la moindre chance d’être approuvées des citoyens européens, sur les mesures à prendre après l’affaire des Panama Papers?
Les pratiques fiscales de firmes multinationales pour économiser des milliards de dollars d’impôts ont ainsi été dévoilées par des documents expliquant des montages pour 548 « rescrits fiscaux » – concernant plus de 350 sociétés – généreusement accordés par l’administration et négociés par la firme PwC pour le compte de ses clients.
Le seul reproche que la justice luxembourgeoise fait à PricewaterhouseCoopers (PwC) c’est la défaillance des protections de ses serveurs informatiques !
On atteint là des sommets de cynisme rarement vus de la part de magistrats interprétant le droit et défendant aveuglément la propriété privée envers et contre tout de l’intérêt collectif.
Et l’on s’étonne que la population ne croie plus en l’Europe, à la justice et à son pays dans les mains de voyous avides et intéressés !
Comme aucune trace de transaction financière suspecte n’a été trouvée sur les comptes des prévenus, le commissaire de police luxembourgeois Roger Hayard venu témoigner à la barre a rapidement cherché un autre motif. Antoine Deltour « était déclaré anticapitaliste », a-t-il lâché, au tribunal d’arrondissement de Luxembourg, qui ne pouvait concevoir que l’on fît une pareille action sans intérêt personnel. Comme quoi l’anticapitalisme étant encore plus grave quoique non inscrit dans le Code qu’une enveloppe de billets, les magistrats luxembourgeois étaient certains d’avoir affaire à un grand criminel.
Les avocats plaident la relaxe.
Le clan des propriétaires, actionnaires de l’État et membres de droit divin de l’Europe, a déjà émis son verdict. Les prévenus sont bons pour la tôle !

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