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La Flamanditude anti-taupes !

Le président de la N-VA Bart De Wever a publié une lettre ouverte sur le confédéralisme.
Outre les rodomontades du personnage à la suite de la démission de deux députés de son parti, cette lettre est essentielle si l’on veut connaître le fond de la tactique du président de la N-VA.
Elle consiste à écœurer la représentation francophone au niveau fédéral par l’abus ostensible du privilège naturel accordé à une majorité en trustant les places dans tous les rouages de l’Etat.
Dans sa suffisance, le présomptueux De Wever l’écrit dans sa lettre « Comment faire en sorte que le confédéralisme ne reste pas un fantasme politique? ». Il donne la réponse à sa question quelques paragraphes suivant « Nous devons placer les francophones dans cette position demanderesse. Nous devons forcer les francophones à sortir de leur trou. Et la seule manière d'y parvenir est d'utiliser la force que les électeurs flamands nous ont donnée. »
Nous voici confronté au principe de « flamandisation » du pays. L’appropriation systématique de tous les postes de commande, de toutes les situations dans lesquelles sont possibles des interprétations des lois et des circulaires, à seule fin qu’excédés par l’abus de pouvoir d’une majorité sur une minorité, les francophones associés malgré eux à cette flamandisation disent « stop » on n’en veut plus, devenons une confédération !
Déjà aujourd’hui se lit dans les moniteurs, les résumés d’assemblée, enfin tout ce qui touche à l’État fédéral, l’envahissement d’un personnel flamand nanti de cette mauvaise foi des majorités qui prétend être de bonne volonté à l’égard de la minorité et qui n’en fait rien.
Cette politique d’usure est payante parce que nous avons un gouvernement fédéral dans lequel la minorité francophone est prise en otage et notamment à cause de la grande faiblesse de Charles Michel à l’égard des partis flamands dont il dépend pour l’essentiel, puisque le seul parti francophone est le sien, donc malléable avec un Chastel, président a.i. complaisant à l’égard de la famille Michel.

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Bart De Wever voit juste. La francophonie dort sur ses lauriers. Elle croit avoir trouvé une planque qui lui permet d’attendre que le nationalisme flamingant s’épuise à force d’être choyé et honoré pourvu que les deux communautés couchent dans le même lit. Faire chambre à part ne viendrait pas à l’idée des Magnette, des Marcourt, des Lutgen, encore moins du MR tout entier.
La mollesse francophone est une précieuse alliée de Bart De Wever. Il attend que le Flamand du couple tire toutes les couvertures de son côté et laisse l’autre à poil devant l’hiver qui vient.
Et comment faire autrement, quand c’est une majorité qui dit sa loi à une minorité ?
Sauf si l’on considère que loin d’être aux alentours de cinq millions contre plus de sept, nous sommes en réalité autour des 70 millions à se toucher, s’interpénétrer et à vivre sur un territoire continu des Pyrénées aux confins mosans.
Pour le malheur des Wallons et des Bruxellois, nous n’en avons pas conscience et nos frères de langue et de mœurs non plus.
À y bien regarder, à force de pousser leur politique d’accaparement des rouages de la société fédéralisée, la N-VA pourrait un jour nous en faire ressouvenir.
Reste une inconnue que Bart De Wever ne maîtrise pas : l’esprit bourgeois des sociétés flamandes et francophones unies par l’intérêt commun des banques et des entreprises entremêlées dans ce pays. Ce projet de confédération pourrait à la longue user la patience de ces gens-là. Comme Bart De Wever est à l’ordre le petit doigt sur la couture du pantalon dès qu’un bourgeois flamand lui rappelle ce qu’il doit aux armateurs de la prospérité, il n’est pas dit que tout cela finisse par déplaire chez les vrais patrons de la N-VA.
En attendant, les francophones n’ont presque plus rien à dire au Fédéral et les hauts emplois qui y sont attribués à la majorité flamande, avec les doublons pour cause de flamanditude obligatoire, commencent à nous coûter drôlement cher !

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