« Les chômeurs détruits au charlicide. | Accueil | Les regrets de Louis Michel. »

À Demir, Demir et demie.

À la création du gouvernement Michel, on avait vaguement entendu quelque part qu’une annexe du ministère des finances serait occupée par une secrétaire d'État à la Lutte contre la pauvreté, à l'Égalité des chances, aux Personnes handicapées et à la Politique scientifique, chargée des Grandes villes. C’était déjà le cas du gouvernement du libéral-socialiste Di Rupo. C’était sans plus…
Tout secrétariat d’État est toujours bon à prendre. Surtout ceux dont les missions sont tellement nombreuses et importantes qu’en général, on n’y fait rien, sinon recevoir un chèque tous les mois aux noms des Belges.
À la réflexion, personne n’a jamais vu le bilan de ce curieux sous-ministère. À l’occasion de l’intronisation de sa nouvelle cheffe Zuhal Demir, son patron, le dégraissé Bart De Wever nous donne en quelques mots sa définition de la lutte contre la pauvreté.
Outre que cela fait bien dans un gouvernement aussi peu ouvert aux citoyens démunis, d’avoir au moins une personne qui officiellement est tenue d’y penser, mais encore la philosophie qui se détache à l’intronisation de la nouvelle Saint-Vincent pourrait faire les délices du président-enfant Trump, lui-même.
"Quand l'économie grimpe, tout le monde grimpe aussi, c'est cela que nous voulons raconter", a développé le poids lourd anversois du parti nationaliste. "La discrimination existe, mais l'on ne doit pas se complaire dans une culture de la victimisation. Une grande majorité, au sein du parti, pense que Zuhal Demir peut encore faire passer ce message de manière convaincante, en 2,5 ans".
Clairement dit, des pauvres et des handicapés n’intéressent que ceux qui par chance et par des opportunités qu’ils ont saisies, sortent finalement de leur état misérable. Pour les autres « quand l’économie grimpe, tout le monde grimpe aussi » et quand elle ne grimpe pas ? Et quand bien même deux ou trois pour cent des pauvres et des handicapés finissent par se faire une place au soleil parfois enviable, et les nonante huit autres ?
Madame Zuhal Demir sur les instructions de Bart De Wever va donc s’occuper des pauvres qui ne le sont plus et des handicapés qui après rééducation se remettent au basket !
Bien certainement, cela facilitera sa tâche et aidera à jeter un voile sur les infirmités d’une démocratie sévèrement handicapée par la politique de ce gouvernement.

2zuzuz.jpg

« Les gens reçoivent des opportunités mais doivent aussi les saisir", a commenté le président de la N-VA Bart De Wever. Voilà, nous y sommes. Les « opportunités » qu’il faut saisir me rappelle les carrousels de mon enfance. « La floche » au-dessus des têtes des enfants pendant que le manège tournait était à saisir pour un tour gratuit. Seuls les plus grands et les plus forts s’en emparaient. Comme le patron du manège était un brave homme, il tirait sur la ficelle pour rendre la floche inaccessible à certains et favoriser les plus faibles et les plus petits.
Ce régime est un régime pour les forts, c’est donc fichu pour l’ensemble des pauvres et des handicapés qui parce qu’ils le sont vraiment ne pourront jamais saisir quelque opportunité que ce soit ! Le patron du manège d’Anvers n’est pas celui de mon enfance.
Et cette manière de pratiquer le verbe « recevoir » est déplaisante, car il laisse supposer que c’est De Wever et ses pareils qui « donneront » ce qui, finalement, ne leur appartient pas, à qui ils le souhaitent. Autrement dit, la discrimination que Madame Demir devrait combattre se trouve déjà dans la sélection qu’elle fera entre le bon et le mauvais pauvre.
En réalité ce sous-ministère est absurde puisqu’il devrait se dresser contre des mesures prises dans ce gouvernement, comme le laisse voir les statistiques selon lesquelles la pauvreté augmente en Belgique.
Mais De Wever n’est pas là pour corriger le monde et madame Demir non plus. Pourquoi la N-VA l’a poussée dans ce secrétariat d’État si mal venu ? Mais parce que « Zuhal Demir sait s'adresser aux médias, c'est un atout", jubile le grand homme d’Anvers.
Ce qu’instantanément, la nouvelle secrétaire d’État s’empressa de démontrer.
Les élites adorent les gens qui venus de rien, grimpent avec eux au cocotier.
D’une famille turco-kurde de Genk, madame Demir est la vitrine qu’il faut au monde libéral.
Cela rassure la bourgeoisie qui s’offre du sang neuf qui pense comme elle, affiche sa réussite et dit aux sept ou huit millions de gueux qui végètent en Belgique « travaillez et persévérez » c’est la recette. Du coup, ceux qui croient encore à ces sornettes qui ont vingt ou trente ans d’un travail honnête derrière eux et qui n’arrivent plus à rembourser leurs dettes, se disent « Je n’ai pas su saisir la floche du manège. Tout est de ma faute ». Et là-dessus ils vont faire une petite prière à Saint-François pour que leur patron veille encore longtemps sur eux !

Poster un commentaire