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Objectif premier tour !

Comme tout le monde – j’ai failli écrire comme tous les Français – mettons « comme tous les francophones de Belgique » j’ai regardé le débat des présidentielles sur TF1, ce lundi, jusqu’à passé minuit.
Débat passionnant ? C’est beaucoup dire, tant les arguments de chacun avaient déjà été entendus plus d’une fois par des auditeurs et des lecteurs attentifs.
La présentation sur prompteur a sans doute été le moment le plus pénible des candidats. On a pu lire la peur sur le visage de Macron, l’embarras sur celui de Fillon, les cafouillis du tour de chauffe chez Marine Le Pen, l’élocution laborieuse de Hamon sur les « s », et même l’appréhension du licteur marchant devant… lui-même de Mélenchon.
Tout de suite, ils se sont repris puisant dans leurs prestations de la campagne les thèmes abordés, avec l’effet de mémoire et l’automaticité des mots qui rassurent.
L’ensemble nous a permis, encore une fois, d’admirer l’éloquence exceptionnelle de Mélenchon. Tous les amoureux de la langue vous le diront, indépendamment de la politique de l’homme, l’art du discours et du verbe n’est pas donné à tout le monde. Tant par la clarté de l’exposé, que par la justesse des mots, voilà un maître imbattable sur ce terrain.
À un mois du premier tour, de Hamon, Fillon, Le Pen, Macron, Mélenchon, bien difficile à déceler qui serait le meilleur atout pour la France, pensent ainsi 40 % des électeurs qui ne savent pas encore pour qui ils voteront.
Les officines de statistique ne répercutent actuellement que l’opinion des socles sur lesquels ces candidats se sont établis depuis le début de leur candidature, à l’exception de celle de Fillon qui a vu quand même disparaître de ses partisans ceux qui font la fine bouche sur la mentalité du candidat, soit à peu près autant de points qui le séparent de Macron.
C’est sur la capacité de Macron à faire jeu égal avec les autres que s’interrogeaient les journalistes, Macron étant un novice en la matière.
Avec un bon égo et un solide bagage, l’homme s’en est finalement bien tiré. Seul handicap, sa voix dans les aigus à tendance à flipper comme celle de Di Rupo, ce qui détourne l’auditeur du discours pour n’entendre que le fausset. Il faudrait lui conseiller de « muscler » sa voix et surtout de se garder de comportements enthousiastes ou vengeurs dans son discours, de façon à laisser l’organe dans les sons moyens.

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Chose curieuse, tous les candidats, Fillon compris, ont avancé des propositions qui si elles étaient mises en route, devraient probablement être fortement amendées, sinon abandonnées, soit parce qu’elles dresseraient instantanément la moitié des Français contre l’autre, soit parce qu’elles seraient de nature à mettre la France en quarantaine par presque tous les pays de l’Union Européenne.
Alors, utopie contre utopie, se sont évidemment les propositions de Mélenchon et de Hamon qui seraient celles d’une plus grande justice sociale et d’un sévère avertissement à l’encontre de tous ceux qui, amoureux de l’argent, oublient leur devoir envers leurs compatriotes dans la misère et, par delà, l’humanité.
Certains éditorialistes considèrent que pour devenir président il faut la gueule de l’emploi, un charisme ou une boursouflure qui irrite les uns et enthousiasme les autres. Paradoxalement, ce sont ses démêlés avec la justice et le culot de se présenter quand même, qui donnent à Fillon cette boursouflure là.
Il défraierait la chronique en Europe et soulèverait l’indignation de beaucoup de Français. C’est possible, quoique difficilement concevable, il serait élu, s’il n’y avait le choix qu’entre un futur repris de justice et Marine Le Pen (Elle risque la mise en examen pour bientôt).
Le public attend toujours son héros qui rendrait la démocratie avenante. Le phénix n’était pas présent sur TF1.
À moins de donner sa chance à Mélenchon ? Les connaisseurs auraient droit à quelques morceaux d’anthologie !

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