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Mondiale vision !

On devine ce que serait un monde parfait dans l’esprit productiviste de la mondialisation.
Une élite cumulant les loisirs, les connaissances et l’argent pour laquelle travaillerait le restant du monde. Des savants étudieraient le juste nécessaire en tout : nourriture, logement, plaisir, reproduction, afin que le restant du monde soit à l’abri des émeutes de la faim et du désespoir. Tout chômeur de longue durée serait passible d’un internement à durée indéterminée. Par frugalité et privation, les autorités le sensibiliseraient à une reprise de ses obligations envers la collectivité mondiale. Sans que la peine de mort fût à nouveau l’usage, cet internement préventif ne pourrait excéder quelques années sans aboutir à une issue fatale des récalcitrants.
L’intelligence serait presque entièrement consacrée aux techniques d’un travail qui serait assigné à chacun. Les résidus de l’intelligence non utilisés serviraient à la consommation des spectacles de divertissement.
Ce monde effrayant est celui de la logique libérale encouragée par la perspective que l’humanité comptera plus de dix milliards d’individus d’ici la fin du siècle.
Nous pouvons survivre sans jeu, sans amour, sans poésie, sans musique, sans philosophie, mais survivre n’est pas vivre.
On ne peut se définir simplement à partir de ses fonctions de base. Une vie se réduisant à cela serait vide de sens. L’être humain ne peut pas être compris uniquement à partir de ses fonctions biologiques.
Il y a donc des utilités non utilitaires.
Le superflu est plus nécessaire que le nécessaire.
Les artistes de la grotte Chauvet qui l’ont décorée de bisons, de chevaux et de lions il y a 35.000 ans devaient éprouver plus de plaisir à dessiner des animaux, qu’à les abattre, sans quoi ils n’auraient pas passer leur temps dans l’invention qu’était pour eux la peinture.
C’est l’esprit qui donne à l’homme un sens à la vie. Nous sommes des animaux métaphysiques.

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Ce qui se passe aujourd’hui est édifiant. Sous prétexte d’accroître les biens de quelques-uns, on veut nous faire croire que notre destinée ne s’accomplit vraiment qu’à les satisfaire, sous-entendant par là qu’au passage nous satisfaisons aussi les nôtres, par capillarité.
Chaque vie est un destin. Au départ, personne ne choisit le sexe, l’époque, la culture d’origine, les parents, les circonstances de la naissance, l’apparence physique, la couleur de peau, etc.
Une conduite que le monde libéral nous définit comme logique, nous conditionnerait à transformer cette somme d’incertitude en une certitude, l’assignation unique mondialisée !
La raison et la liberté d’esprit s’opposent à ce « meilleur des mondes ».
En pesant sur la démocratie qu’on essaie de nous faire passer comme une juste façon de vivre ensemble et qui n’en est que la parodie, nous empruntons la voie fatale qui conduit au monde décrit dans des œuvres de fiction par Huxley et Orwell.
Choisissons nos valeurs en fonction de notre vision des choses et fichons-nous du reste.
Ce mardi soir, ARTE a diffusé un reportage sur l’histoire de l’anarchie qui montre bien que l’égalité est la question majeure que la société libérale n’est pas prête à résoudre et cela de Proudhon à nos jours.
Les libéraux partagent le vice de François Fillon, l’argent est leur Graal. Ils sont déterminés à le défendre, jusqu’au bout. Toute discussion est vouée à l’échec. Toute collaboration conduit à une impasse.
Bakounine pensait que si le peuple veut atteindre à l’égalité entre les citoyens et que l’argent ne soit plus la récompense de l’exploitation de l’homme par l’homme, il faut songer à transformer la démocratie en la débarrassant du postulat économique capitaliste.
Je le crois aussi

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