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Bérénice Levet.

Après Onfray en pleine déconnade, il suffit d’avoir lu le résumé des propos de Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, qu’il a tenu à l’université Harvard lors de la remise des diplômes 2017, pour se persuader que c’est l’époque des branques et des pignoufs qui veut ça. À la manière de Trump, le champion hors catégorie, Zuckerberg s’est fait un pactole de 56 milliards de $, rien qu’en combinant les entrées et les sorties sur la Toile, ce qui ne lui confère pas un brevet d’intelligence automatique pour tout le reste. Son discours a été d’une pauvreté intellectuelle et morale rarement atteinte !
C’était celui d’un rentier pantouflard 1900 !
Zuckerberg n’a été jeune que l’espace de son invention. Heureusement que la jeunesse d’aujourd’hui est davantage à la recherche d’un idéalisme fort éloigné du matérialisme de quelqu’un qui, depuis qu’il a réussi, n’en finit pas de s’admirer, à la manière du tombeur d’Hillary.
Pour compléter le triptyque : Onfray, le philosophe exacerbé de gauche, Zuckerberg, en extase de lui-même, il fallait un(e) philosophe de droite. J’ai trouvé Bérénice Levet. Elle a le vent en poupe et ce qu’elle dit n’est pas piqué des vers. A contrario d’Onfray, elle reste froide comme un aspic. Elle, au moins, raisonne, même si son raisonnement a le don de me taper sur les nerfs. C’est une vraie philosophe !
Bérénice Levet n’est pas cette douce amante délaissée de Titus qu’a voulu Jean Racine dans sa tragédie. Elle se délecte de l’illusoire liberté, ni homme, ni femme, personne n’est vraiment libre, sans mémoire, ni tradition. C’est une amazone qui s’est fait couper le sein gauche (au lieu du droit mythologique) pour mieux décocher ses flèches.
Son dernier livre est un brûlot. La philosophe peut-elle sauver le monde ? Dans « Le Crépuscule des idoles progressistes », elle fait la nosographie du mal français, vu notre proximité, c’est aussi bien le mal belge. La dernière réunion des socialistes à Bruxelles, sur les onze propositions, Di Rupo lui donne raison. Élio de mon Mons a fait croire aux six cents militants que seule la parole socialiste pouvait faire jouir une poupée gonflable, par la seule profondeur populaire de son raisonnement. Et grâce à l’entraînement de la chauffeuse de salle, Laurette Onkelinx, ils l’ont cru !

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Le Docteur en philosophie, Bérénice Levet démonte tout cela. Elle veut refonder la France, ni plus, ni moins ! À la gauche du PS, on le pense aussi, parfois avec les mêmes arguments, mais pour d’autres fins. Et c’est là que le débat eût été intéressant entre un Onfray, s’il avait été en meilleure forme, et une femme fatale à la Lauren Bacall, comme en fabrique tous les jours Hollywood, mais qui aurait écrit une somme sur Hannah Arendt !
La dame est réactionnaire, mais elle a du cran. Au moins, elle avance à visage découvert et ne cherche à tromper personne.
Elle pond du Finkielkraut, comme la poule son œuf tous les matins. Mais, c’est plus clair, moins doigt en l’air de l’académicien et digressions à n’en plus finir. De Zemmour, elle capte ce qui exaspère les journalistes, exprès et avec malice, de Muray, elle distille le meilleur qui est aussi le plus vénéneux. Enfin de Houellebecq, elle déterre ce qui d’Alphonse à Léon Daudet a fait de ce dernier un collaborateur vichyssois.
Voilà une adversaire comme devait aimer Aristote ou… Marx !
C’est peut-être ce qui m’éloigne du militantisme de gauche : l’amour singulier pour l’esprit et la dérision là où il se trouve. On peut coucher spirituellement avec une femme de droite tout en restant de gauche.
Voilà ce que ne me pardonnerait pas « La France insoumise » si j’en étais.
« Sous prétexte de le libérer, la religion du changement, de la modernité, de la technologie, a jeté l’individu dans la jungle de la mondialisation sans règles et dans le désert du désir sans limites », dit la dame. Et c’est curieux comme à peu de choses près, on peut dire pareil à gauche !
Mais hélas ! elle aussi finit par le complotisme cher à Onfray pour désigner la déshumanisation des démocraties en art et rhétorique. La dame se retrouve en string et sans façon devant le FN de Jean-Marie. Elle Montretout (1) (la villa 1900 dont auraient hérité les Le Pen).
Elle finira seule son parcours, sans moi, qui aime à débattre quand la raison est supérieure à la foi.
Dommage… il y a dans le prénom de Bérénice quelque chose de doux et de résigné qui me le fait aimer.

Voyez-moi plus souvent, et ne me donnez rien.
Tous vos moments sont-ils dévoués à l'empire?
Ce cœur, après huit jours, n'a-t-il rien à me dire?
Qu'un mot va rassurer mes timides esprits!
Mais parliez-vous de moi quand je vous ai surpris?
Dans vos secrets discours étais-je intéressée,
Seigneur? Etais-je au moins présente à la pensée?
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1. Mauvais jeu de mots.

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