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Rond-point d’idées.

À leur manière, les gens réprouvent majoritairement le genre de démocratie qui s’est instauré par modifications successives depuis deux siècles. Pour preuve, l’abstention massive aux élections françaises et le désarroi de l’électeur belge devant cinq gouvernements, quatre Communautés, neuf Provinces et une multitude de Communes, tout ça pour une population six fois plus petite qu’en France !
Ce système est entré en crise. Nul ne sait jusqu’où les élus pousseront les populations. Cette hyper-représentativité joue un rôle majeur. Comme elle est le fruit de l’ensemble de la classe politique, les élus auraient plutôt tendance à l’enrichir encore, tandis que la raison commande à dégonfler la baudruche.
Le pouvoir du peuple s’exprime en étant gouverné et en gouvernant (Aristote). La loi est l’expression d’une volonté générale. Selon Rousseau le vote ne garantissant pas la démocratie, le suffrage universel n’est qu’un pis-aller aléatoire dès lors que les uns sont toujours électeurs et les autres toujours élus.
Et on le voit bien dans la période électorale, quand soudain les postulants et futurs élus sont des caricatures d’eux-mêmes. Ils n’attendent leur quota de voix que pour nous claquer la porte au nez.
Sans participation active des citoyens, la démocratie développe une culture de l’aristocratie élective, avec tout un appareil de reconnaissance comme la presse, la télé, les centres culturels qui s’insurgent contre toute atteinte à cette aristocratie. Le populisme est directement lié à cette aristocratie élective, qu’il vienne essentiellement du peuple sous la forme d’une insurrection ou de l’appareil par des élus surfant sur la vague de mécontentement.
Les temps ne sont-ils pas venus d’abandonner la représentativité comme Sieyès la prévoyait en 1789 afin de prémunir, disait-il, « la démocratie du pouvoir de la populace », par le constat que presque tous les citoyens en 2017 savent lire, compter et raisonner et sont donc compétents pour prendre leur part de responsabilités sur la gestion des communautés ?
Dans le système représentatif, la Nation est une entité abstraite et distincte du peuple. Les élus ne représentent pas les électeurs, mais la Nation.
Voilà pourquoi, d’Elio Di Ruo à Charles Michel croyant interpréter les impératifs de la Nation, ces élus se sont soudain mis à dépecer les acquis sociaux des travailleurs, contre la volonté de leurs électeurs.
Ce système représentatif a pour conséquence d’enrager puis de dégouter les électeurs, parce qu’ils ont le sentiment qu’il infantilise les citoyens et les déresponsabilise. C’est davantage observé de nos jours du fait, justement, de l’élévation du niveau des études. La fracture bien visible entre les gouvernants et les gouvernés à pour résultat de décrédibiliser la chose publique.

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Les gens croient de moins en moins en elle, les scandales et la corruption les scandalise : ils deviennent cyniques.
La démographie fait le reste : les classes supérieures vivent dans le cœur des métropoles, au cœur de la création de richesses et du pouvoir politiques. Les classes populaires vivent en périphérie, en banlieue. Ces deux classes ne se fréquentent plus, tout en gardant la même représentation, d’où l’émergence de nouveaux partis politiques « plus près des gens » et dont le succès dans le futur pourrait redessiner de nouvelles assemblées.
Dans un futur peut-être plus proche que ne le pensent les élus actuels, les gouvernants ne seraient plus si souvent issus des classes supérieures.
Ainsi, les politiques menées actuellement et qui s’opposent aux intérêts des perdants de la mondialisation, seraient complètement revues.
Ce n’est pas tant la démocratie qui est en question, mais la classe « supérieure » de laquelle sont issus tous ceux qui nous gouvernent.
Tout est compréhensible et comme allant de soi, quand on en revient aux principes de la lutte des classes, que le PS et le MR se sont empressés d’enterrer en la qualifiant d’obsolète.
On comprend mieux pourquoi aujourd’hui, en mesurant ce que cette « fausse bonne idée » à fait perdre aux classes populaires.
Les populations n’ont pas perdu leurs intellectuels qui avaient vu l’impasse de la démocratie dans laquelle les classes supérieures veulent les enfermer. Ils sont rejoints par d’autres, plus jeunes, frais émoulus des écoles.
Le combat peut reprendre, encore qu’il n’ait jamais cessé.

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