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Revenir aux fondamentaux !

Certes, on n’a pas encore imaginé une autre combine d’échange en société moins voyoute, mais que nos artistes répandent le bruit que la liberté d’entreprendre est morale… Ils ont déjà réussi à faire croire que la liberté d’entreprendre, c’est la liberté tout court. Il faudra demander aux milliards d’hommes dans la pauvreté ce qu’ils en pensent, avant le stade suivant que je me hasarde à définir en oxymore, le commerce est un « un délit vertueux ».
La dynamique du commerce est toute dans l’inégalité des valeurs échangées. Ce n’est pas un gauchiste qui le dit, c’est Condillac, un curé de l’Ancien Régime. On ne peut pas suspecter de gauchisme Étienne Bonnot de Condillac, abbé de Mureau, 1714 -1780, philosophe et économiste.
Quand on fait affaire, Il y a au moins deux parties. Une des deux pigeonne l’autre. Et celui qui construit, élève ou plante ce qui se vend, comment pourrait-on le définir ? D’habitude on n’en parle pas. On dit qu’il loue ses services. Il n’est propriétaire de rien. Il exécute. C’est le con de service, complètement escamoté dans le rapport vente/achat. L’entreprise est une dictature, qu’on se le dise depuis les bureaux du FOREM, jusque chez Borsu.
Dans la conception de l’échange, la perte de l’un, c’est le gain de l’autre.
Le bénéfice mutuel, c’est-à-dire qu’aucune des parties n’est refaite par l’autre, est le grand prétexte des libéraux pour trouver une sens moral au fourbi.
Si les parties gagnent à l’échange, d’où viendrait alors le surplus, puisqu’en principe dans l’opération vente/achat, rien n’est produit ?
Il y aurait de cette manière une équivalence de biens échangés.

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Dans son Éthique à Nicomaque, Aristote nous dit que pour qu’il y ait un échange équitable, il faut que les biens ou les services soient égaux entre eux. En langage moderne cela pourrait être une somme monétaire équivalente.
Tout vient de là. Si je paie 1000 € pour un objet ou un service, il faudrait que le prix soit le même partout dans le pays et que la valeur correspondante à l’objet soit fixée, non pas par une loi ou un règlement, mais par la règle du juste prix.
Le philosophe grec complique encore le problème, puisque pour être juste, l’échange doit impliquer une proportionnelle qui consiste à traiter inégalement des individus inégaux.
Dans l’exemple du prix d’un pain, il faudrait que celui-ci soit proportionnel au revenu de ses acheteurs pour que le duo Vente/Achat soit équilibré. C’est aussi par le même principe qu’une taxe comme la TVA est profondément injuste, puisqu’elle est perçue sans tenir compte des revenus des citoyens.
Il est donc impossible de fixer une règle juste dans une entreprise d’échange, d’achat ou de vente.
Tout le bric-à-brac de lois et de règles tendant à justifier l’injustifiable n’y feront rien. Les échanges commerciaux auront beau être moralisés par des discours et même des prêches en leur faveur par nos élites libérales, la liberté d’entreprendre n’est rien d’autre qu’un privilège de l’arbitraire d’une société incapable de trouver mieux pour le vivre ensemble. Plus l’industrie se complique, plus l’artisanat disparaît, plus les chaînes de production se spécialisent, plus l’injustifiable éprouve des difficultés à se justifier.
Au point qu’aujourd’hui, on fait semblant. Même les Michel pourtant ardemment convaincus officiellement n’y croient plus.
C’est encore Condillac, loin des révolutionnaires abhorrés, qui porte le coup imparable « Il est faux que dans l’échange on donne une valeur égale pour une valeur égale. Au contraire, chacune des parties toujours abandonne une moins grande pour une plus grande valeur ».
Reste à savoir si l’on perd ou si l’on gagne beaucoup dans une vente/achat ?
L’Affaire Cools a soulevé le fameux lièvres des commissions occultes, les magots cachés qu’on a découvert à la SMAP, les pots-de-vin autour de l’achat des hélicoptères Agusta, en 2016, De Decker qui vend ses services au prix fort, prit le relais scandaleux avec l'aisance d'un libéral de bonne famille.
Les journaux rapportent des échos peu flatteurs des dessous de table à l’étranger sur la vente/achat de tout l’attirail de guerre, les bateaux de commerce, des avions jusqu’aux modestes voitures, les prix demandés sont rarement ceux conclus. Cette manie de vieil avaricieux est une spécialité du monde des affaires sous quelque régime que ce soit, mais le plus écœurant est encore celui que l’on nomme démocratie et qui prêche le contraire.
Alors, une seule question : combien coûte réellement les produits mis en vente et achetés après d’âpres négociations, marchandages et pots-de-vin ?
On se demande si le fabricant-vendeur le sait lui-même !
Ce serait pourtant seulement à partir du coût réel que l’on pourrait amorcer des règles commerciales moins grossières pour moins de gaspillage et plus de morale.
Conclusion : L’agir n’a de constance que sous un seul aspect : celui de préférer ce qui a plus de valeur à ce qui en a moins.
Vous avez dit morale ?

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