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Ce farceur d’Adam Smith ! (suite)

Parmi les grands mystificateurs qui ont tracé les grandes lignes de l’économie de marché actuelle, citons la référence suprême de nos MR du gouvernement : Adam Smith.
Une des cimes de la connerie militante d’Adam Smith dans son œuvre « La richesse des Nations » est tout entière dans son chapitre sur la concurrence.
La main invisible de l’Anglais y est plutôt lourde.
Pour que la concurrence puisse fonctionner, il faut qu’il n’y ait pas de monopole et d’ententes entre les producteurs.
Or, comme déjà en son temps elle était impossible, Smith l’a complétée par un autre morceau de bravoure sur la concurrence imparfaite. S’y sont engouffré des grands noms de l’économie : Marshall, Wicksell, Chamberlin et l’ineffable Augustin Cournot.
Si pour atteindre les locaux du MR, il y avait un long vestibule, on y pourrait voir tous les bustes en marbre de ces théoriciens révérés.
Pour que la concurrence soit parfaite, l’entrepreneur ne doit faire ni bénéfice, ni perte. C’est même Léon Walras, 1834-1910, considéré par Schumpeter comme « le plus grand de tous les économistes », qui reprend la théorie initiale de Smith dans son ouvrage «Éléments d’économie pure», pour le réaffirmer. En principe, ne dégager aucun profit serait pour ces messieurs la réussite parfaite du système. Il faut vraiment être à côté de la plaque pour en arriver à ces conclusions ! Quant aux admirateurs libéraux de ces « précurseurs », faut-il qu’ils soient ou ignorants ou de mauvaise foi !
Sans le savoir, ils venaient d’inventer un avion sans aile, incapable de voler… la clientèle ! Même s’il existait encore un seul altruiste à la direction du MR, il nous dirait malgré tout qu’en économie libérale, c’est mieux de faire le plus de profit possible !
Deux conclusions s’imposent : d’une part, s’efforcer de joindre la pratique à la théorie et ainsi établir la concurrence parfaite ; d’autre part, de l’aveu même de quelques illustres dont j’ai cité les noms, on n’y arrivera jamais.
Un phénomène d’imbécillité se manifeste souvent parmi les plus grands intellectuels qui pensent trop. La première des conclusions nous amène au néolibéralisme (on n’est pas pur, mais on fait des progrès) et la seconde, à l’essai d’un réformisme social-démocrate qui tourne court.
Ces impasses tracassaient déjà Aristote, c’est dire si ça remonte bien avant Smith.
Comme les grands esprits se rejoignent, certains économistes ont imaginé une situation de monopole, qui supprimerait donc cette question non résolue de juste équilibre par la concurrence et qui serait maintenue dans la situation acceptable des profits. Ceux-ci seraient réinvestis dans l’innovation et la modernisation des matériels. C’est exactement ce qu’a écrit Karl Marx dans « Das Kapital » !
Les monopoles tant combattus sur le papier par la Commission européenne, avec les ententes et toutes les nouveautés inépuisables en matière de cartel, s’appuient en réalité sur les démocraties. Ils ont besoin de la force et l’aide de l’État pour s’installer. C’est un paradoxe qu’il faut souligner, car ces monopoles sont de véritables entités communistes privées qui sont capitalistes au-dehors, mais dictatoriales au-dedans, avec une hiérarchie stricte conduisant au chef, duquel ruissellent les profits sur les seuls actionnaires. C’est comme qui dirait le politburo, entourant le « petit père du peuple ».
La théorie d’Adam Smith et consort sur la théorie de la concurrence pure et parfaite est in fine incapable de concevoir un profit raisonnable permettant de vivre en harmonie dans une société capitaliste.
Cela pour la raison évidente que le portrait dressé par Smith de l’entrepreneur tel qu’il devrait exister ne correspond à aucune réalité, ni dans le présent, ni dans le futur. Il est même impossible que l’exemple de Smith serve de modèle pour l’amélioration de la condition d’entrepreneur.

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C’est le côté comique, quasiment burlesque de l’œuvre très sérieuse d’Adam Smith, son modèle abouti d’économie ressemblerait plutôt à une société socialiste !
Si Charles Michel n’était pas si dédaigneux de ce que pensent les citoyens de ce pays, il serait bon qu’il prenne un congé sabbatique d’un an pour lire les classiques d’économie, avant de rencontrer les citoyens qu’il est censé administrer en sauvegarde des intérêts du plus grand nombre.
Il n’entre pas dans cette chronique aucun jugement sur la valeur des systèmes économiques en concurrence, l’Europe ayant clos le débat en faveur du capitalisme à outrance. Je constate tout simplement à la lecture d’Adam Smith, que « son » économie tendrait plutôt vers une société socialiste.
C’est compréhensible, puisque ces théoriciens n’ont cessé d’avoir pour objectif de rendre leur économie vertueuse ! Or, s’il y a bien une chose absolument étrangère au système économique actuel, c’est bien la vertu !
C’est même toute la difficulté des libéraux au pouvoir. Ils doivent donner l’illusion de la vertu, en sachant bien quel monde de gredins et de voyous ils défendent. Ce serait comme si Weinstein était chargé de décerner des prix de vertu aux jeunes starlettes de Hollywood.
Inconsciemment les successeurs de « l’inventeur » de l’économie libérale, ont à leur tour plutôt démontré qu’une société socialiste avait du sens, tout en concluant du contraire ! Il ne faut pas oublier que ces économistes n’étaient aucunement socialistes.
La première critique sérieuse d’une « économie socialiste » vision Adam Smith, fut celle de von Mises, de l’école autrichienne d’économie, et ce après la révolution de 1917.
Mais là, c’est une autre histoire !

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