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Le prix de la honte !

L’Europe n’est pas à une prise de position droitière près. Elle fourre son nez où elle l’entend, sans demander l’avis des populations.
En attribuant le prix Sakharov 2017 à « l’opposition démocratique vénézuélienne », elle vient de s’immiscer dans les affaires d’un pays, de façon inappropriée.
L’autre jour Macron recevait le général Sissi, le caudillo d’Égypte. Erdogan flanque toute son opposition en prison. Cela aurait été plus crâne de la part de l’Europe de décerner le prix aux gens arbitrairement détenus en Égypte et aux journalistes détenus en Turquie.
Mais non, le Venezuela, c’est plus facile. C’est un peuple pauvre qui essaie de survivre à la plus grave crise économique de ces cinquante dernières années ! À qui adresse-t-on le prix « de la démocratie » à des éléments de droite et d’extrême droite qui entendent bien renverser Maduro et reprendre le pouvoir au nom de leurs intérêts financiers et d’un égoïsme scandaleux ! Sait-on dans les chancelleries que l’ex classe dirigeante vénézuélienne dans l’opposition tente de défendre ses intérêts égoïstes, en fomentant des troubles et des manifestations, en partie financés par des fonds américains.
Et c’est à ces gens-là que l’Europe décerne son prix !
C’est tout à fait scandaleux. En ma qualité d’Européen, je proteste et je souhaite qu’on n’accole pas mon nom à cette infamie.
J’espère que la cérémonie le 13 décembre à Strasbourg de la remise des 50.000 € de la honte ne se fera pas en présence de la gauche européenne. Encore que, au point où celle-ci en est, il faut s’attendre à tout.
Les six cents « prisonniers politiques » selon le rapport du Foro Penal Venezolano (Forum pénal vénézuélien), une organisation vénézuélienne subventionnée par les États-Unis, sont pour la plupart des manifestants de droite arrêtés dans les émeutes. Ici on dirait des casseurs. Même si, sans doute, parmi eux existent sans doute d’authentiques innocents, comme dans toute situation de ce genre.

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Quand on dénombre les victimes des régimes égyptiens et turc on est stupéfait qu’on tienne compte de bavures (certainement il y en eut au Venezuela) d’un côté, alors qu’on oublie de l’autre, les dizaines de milliers d’innocents retenus arbitrairement en Égypte, sans parler du dictateur Erdogan qui en est à son soixante cinquième mille détenus sans motif.
Qu’importe pour l’Europe. Le plus important tient dans la manière libérale de protéger les fortunes et de suivre à la lettre le prescrit de l’économie capitaliste.
Reynders au lieu de faire son petit mariole en approuvant le prix aurait mieux fait de proposer les survivants des tueries du Brabant wallon, victimes il y a trente ans, d’un État belge incapable de protéger ses populations contre un commando, vraisemblablement issu de ses propres structures militaires ou policières (1).
Le discours de Guy Verhofstadt n’est pas mal dans le genre qu’adore la droite européenne « ce prix soutient les forces démocratiques pour un Venezuela démocratique », dit-il dans son français approximatif. L’élu appelle la communauté internationale à le rejoindre « dans cette lutte pour la liberté du peuple vénézuélien ». Si on ne le calme pas, ce type est capable d’organiser une deuxième guerre de Corée, cette fois en Amérique du Sud. Tout cela sous l’œil bienveillant de Donald Trump qui n’a même plus besoin de se mettre en danger vis-à-vis des autres pays d’Amérique du Sud !
Le Venezuela, qui connaît une grave crise économique et politique, est plongé depuis plusieurs mois dans la nécessité d’appliquer les mesures du président Nicolas Maduro. Pour que le pays s’en sorte, il faudrait que les « francs-tireurs » de la bourgeoisie et des intérêts étrangers cessent de saboter l’effort du peuple.
L’Europe en les encourageant, joue contre le pays et contre l’avenir du Venezuela.
Faut-il rappeler à nos hyper démocrates européens que lors d’élections régionales, le président a remporté dix-sept des vingt-trois régions. Le scrutin a tout de suite été critiqué par l’opposition, bien entendu, quoique les fraudes ne soient pas de nature à changer le sens des élections.
Le prix, nommé d’après le dissident soviétique Andreï Sakharov (qui reçut le prix Nobel de la paix en 1975), a été créé en 1988. En 2016, il fut attribué à deux femmes yézidies d’Irak qui étaient parvenues à s’enfuir après avoir été réduites en esclavage par le groupe djihadiste Etat islamique. En 2015, il était allé au blogueur saoudien Raef Badaoui, emprisonné pour « insulte à l’islam ».
On voit bien le changement de décor. Ne plus attribuer le prix à des personnes, mais servant à déconsidérer une autorité élue démocratiquement, change complètement la donne et l’esprit du prix.
On a fait d’un prix individualisant le courage et la résistance, un instrument servant un système économique que ne veut plus le peuple vénézuélien.
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1. La preuve du coup monté devient de plus en plus évidente. Il a fallu que trois jeunes gens retrouvent dans ce même canal Bruxelles Charleroi, soi-disant fouillé dans les moindres recoins, une véritable armurerie. La preuve semble ainsi faite que des éléments de la gendarmerie étaient impliqués, et pas qu’un peu, dans les tueries du Brabant wallon !

Commentaires

Un excellent article mon cher Duc..

Un excellent article mon cher Duc..

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