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Assaut de Maître !...

L’avocat Bruno Dayez est le dernier conseil de Marc Dutroux.
Avant lui, celui qui a pris « perpett » à défaut de se faire trancher le col (la peine de mort n’existe plus) avait « engagé » d’autres avocats. Ils s’y sont frottés pour des raisons diverses, la principale est probablement la quête de notoriété, qui est dans cette profession, la manière de s’y faire des ronds.
Marc Dutroux a donc été assisté par de nombreux avocats, depuis l’arrestation de 1996 : Julien Pierre, Martine Van Praet, Xavier Magnée, Ronny Baudewyn, Daniel Khan… et le dernier en date, Pierre Deutsch. Ce dernier est toujours son avocat, mais un second vient à présent l’épauler, Bruno Dayez.
On eût aimé, pour l’honneur de cette profession, que la caissière d’une grande surface, licenciée pour avoir « volé » un paquet de chewing-gum, ait eu autant d’ardents défenseurs.
Le petit dernier de la série est un futé compère de la corporation. Il a pensé que le meilleur moyen d’attirer l’attention, c’était de publier un livre sur Dutroux. Une maison d’édition a accepté le travail. Elle est parfaitement inconnue et pour cause, pas de comité de lecture, pas de librairie affiliée, inutile d’y envoyer un manuscrit et espérer le Goncourt. Par contre, avec les nouvelles techniques d’impression, tous les « à compte d’auteur » sont les bienvenus. C’est comme à la friture du coin, vous commandez, hop, on vous livre un exemplaire en appuyant sur le bouton « on » de la machine.
C’est ainsi que va paraître «Pourquoi libérer Dutroux ?», de Bruno Dayez.
En publiant cette chronique, je fais une pub gratuite pour l’avocat. Comme j’ai confiance en l’intelligence des lecteurs de « Richard3 ». Ils feront la part des choses.
Ainsi donc, avec la volonté de rejoindre la cour des grands, Bruno Dayez espère forcer le débat public, un de plus, sur l’assassin pédophile et, en annexe, sur le sort des détenus en Belgique, embringués dans notre système carcéral.
C’est une façon de joindre à un questionnement sur la justice, l’Hannibal Lecter belge, condamné, mais libérable selon la loi.
Notre législation aime l’emploi des termes décisifs, qu’elle transforme en rigueurs atténuées, si je puis dire. En ce sens, la Justice belge fait du tort à l’académie française ; avant de se ridiculiser et ridiculiser le citoyen.
C’est ainsi que perpétuité ne signifie pas « à vie ». Toutes les peines le sont à temps partiel, l’excédent des deux tiers, parfois moins de la peine, est à la discrétion de la direction pénitentiaire et des magistrats. C’est une loterie qui tient à la personnalité du détenu, à la fantaisie des autorités et parfois au trop-plein des prisons.
Le bracelet électronique est venu en plus compliquer la situation

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Bruno Dayez voudrait faire la promo de son livre en lançant un débat public autour du rôle du système carcéral, de la perpétuité et de la libération conditionnelle.
« Un débat pour lequel il a renoncé à ses droits d'auteur pour que le prix de son livre le rende accessible au plus grand nombre » écrit-on dans les gazettes, le plus sérieusement du monde, sans chercher à savoir s’ils existent et de quels sommes d’argent on parle.
Le système carcéral pourrait très bien libérer Marc Dutroux, puisque doux comme un agnelet en prison, c’est un prisonnier modèle qui perd aux cartes avec ses gardiens, sans leur sauter à la gorge.
Si on ne le remet pas à l’air libre, c’est uniquement à cause de l’opinion publique et du désordre qu’apporterait une telle libération, ajoutée à celle de Michèle Martin. La rue deviendrait un deuxième prétoire, ce qui ferait de la concurrence douteuse à l’autre.
C’est vrai que nous avons une législation de faux culs, écrites et appliquées par des bourgeois, faite en principe pour ne condamner que des chenapans de la classe en-dessous
Mais, ce n’est pas dans cet esprit là que maître Dayez voit les choses.
Il veut une législation qui condamne un jour, fait entrer le condamné par une porte le lendemain, pour l’en faire sortir par une autre, le surlendemain.
Il se dit que ce va-et-vient serait propice à la multiplication des causes à défendre, vu les récidives qui s’en suivraient. On sait les revenus aléatoires des avocats. Ce serait une aubaine, tout le monde n’a pas le milliardaire Chodiev comme client. Un autre argument qui devrait plaire à la magistrature, il y a de fortes chances que le voisin de palier du libéré Dutroux ne soit en aucune manière un éminent représentant des tribunaux.
L’opinion est d’un avis contraire. Elle serait plutôt pour une législation à l’américaine. Le condamné accomplit l’entièreté de la peine. À Boston ou Sandford, l’aimable Dutroux aurait écopé de 50 ans par crime et 10 ou vingt par délit et effraction. À l’heure actuelle, notre prisonnier modèle, s’il avait été américain serait en train de purger au moins 180 ans de prison, avec le regret du procureur qu’il ne pût les accomplir entièrement, vu qu’il décédera bien avant d’avoir payé sa dette à la société.
Ce n’est pas mieux non plus que notre système, tant il semble farfelu. Madoff, escroc de la High Society de NY a été condamné à 150 ans de prison à l’âge de 70 ans, sans avoir tué ou agressé physiquement ses victimes ! Il lui reste encore 140 ans à tirer depuis que son affaire a été jugée.
Inutile de dire, que l’objectif de la notoriété sera atteint si Dayez persévère et que les médias lui prêtent une oreille complaisante, mais il ne convaincra pas les victimes ni les familles des victimes de Dutroux, qui estiment qu'il est le pire exemple à évoquer, quand on se mêle de vouloir changer la justice en Belgique.
Sincèrement, là aussi le fric est déterminant, le nombre de procédures dans des juridictions différentes, la longueur des procès, la notoriété des défenseurs, tout ce cirque prouve s’il en était besoin, que la justice de classe est plus que jamais celle que le libéralisme affectionne et dont nous sommes, à la fois, les bailleurs de fonds, les justiciables et les victimes.
Le plus urgent, bien plus que la lecture par maître Dayez des 200.000 pages du procès Dutroux, serait de rendre un aspect humain à nos prisons, de cesser d’en faire des taudis où macèrent des entassés, dans les rancunes et les rêves de récidives.
Le bouquin de Dayez, c’est le blabla du bourgeois Chicanneau, et de la comtesse de Pimbesche, mûrs pour des arrhes conséquentes, payables au cabinet du ci-devant, endéans l’instant de la signature du contrat, pour une action en justice par toute voie propice à l’établissement du bon droit des intéressés.
Ce que Zazie dans le métro traduit par « mon cul, c’est du poulet ».

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