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La trahison du 12 décembre.

Après la colère qu’inspirait le PS français par ses sauts de carpe sous François Hollande, une sorte de pitié m'est venue pour ce grand parti qui crut « politique » de se décaler vers le centre. Les primaires internes, pour l’élection au Congrès du futur secrétaire, ont été tellement discrètes et peu diffusées sur les médias, que cette pitié s’est transformée en un pieux devoir de mémoire.
J’accomplis une visite, comme on va au funérarium saluer quelqu’un qu’on a très peu connu, poussé par la curiosité, sachant qu’il n’y aura quasiment personne à la levée du corps.
La curiosité, parce qu’enfin, j’ai souvent fait des comparaisons et des rapprochements de comportement entre le PS français et le PS belge. Il était bon qu’on sût comment meurt un parti, afin de savoir de quelle façon devrait périr le PS belge.
En résumé et pour ceux qui s’en fichent complètement, l'ancien ministre français de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a jeté l’éponge vendredi 16 mars pour le second tour du poste de l’élection de premier secrétaire, ayant été battu à plate couture par Olivier Faure,.
Ami de Hollande, vétéran du PS, orthodoxe pur, Le Foll a payé pour tout cela. Ce n’est pas pour autant qu’un courant frais et vif pousse Olivier Faure vers le succès. Le Foll est victime de son passé social-démocrate et du dégagisme ambiant.
Le PS est éparpillé au quatre vents, sa droite s’est ralliée au président Macron. Il reste une poignée de militants, des vieilles Underwood et des classeurs vides, quelques députés et un petit noyau, mi-bureaucrates et mi-prépensionnés, accroché au plafond comme la mouche à merde.
Comme quoi, on peut redouter une descente plus rapide qu’à Val d’Isère, si l’on veut bien se rappeler ce qu’était le PS, juste avant le bonhomme Hollande.
Le PS belge n’a pas la même structure. S’il faut une comparaison d’insecte, plutôt que la mouche, on penserait au morpion qui colle aux chausses du président Di Rupo.
Pour combien de temps ? Juste le temps de savoir si aux prochaines élections, le PS se maintiendra au niveau du MR. Ce n’est pas glorieux que d’être comparé au MR, parti brinquebalant derrière la puissance montante flamande.
Di Rupo, se trouve directement concerné par ces élections. En principe, l’opposition a toujours fait gagner des voix au PS. S’il stagne, c’est moins la faute à son concurrent direct le PTB, qu’à la politique menée par Elio Di Rupo.
Il a fait du Hollande avant Hollande. Rue de la Loi, Charles Michel ne fait pas mieux, au contraire, mais les libéraux ont encore la foi dans les bobards de l’austérité .
Di Rupo sera jugé ou non, sur la fidélité au parti des populations de banlieue. L’ennui, c’est qu’à la haute direction, il y a des dizaines de "Le Foll" belges, qui croient leur heure venue. Il n’y a rien de pire qu’un parti en perte de vitesse qui étale ses querelles de personnes au grand jour.
Admettons que la direction dégrisée, donne sa chance à de petits nouveaux. Le malheur, c’est qu’en Belgique on n’a aucune figure de l’envergure des Français Benoît Hamon et Aurélie Filipetti (exclus du PS). La volonté de Di Rupo d’affaiblir les deux bastions forts du socialisme à savoir Liège et Charleroi, au profit des villes du Hainaut, ont privé des jeunes talents de sortir des rangs, comme émergèrent en leur temps, à Liège, les Terwagne, les Mathot et les Onkelinx. Enfin, les vieux de la vieille sont toujours présents, immobiles mais aux aguets, comme André Flahaut et Rudy Demotte. On les invite encore dans les médias, ils prennent ainsi la place de la génération suivante qui passe inaperçue.
Juste pour un dernier retour au catafalque français, entre le battu par forfait Le Foll et le futur premier secrétaire, Olivier Faure, il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier d’imprimante. M. Faure était l'adjoint de M. Le Foll à Solferino lorsque François Hollande en était premier secrétaire, lit-on dans la presse française, une proximité qui a conduit à les qualifier de "frères jumeaux du hollandisme", comme entre la passionaria bientôt retraitée Laurette Onkelinx et Elio Di Rupo.

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Au Père La Chaise, je n’ai pas attendu les discours, pour partir discrètement. Quant au PS belge, je n’irai pas au cimetière de Mons, Chemin de la Procession, pour entendre l’éloge funèbre dit par André caveau, pardon Flahaut.
Ce n’est pas par principe, plutôt par lassitude. Le ver était dans le fruit depuis longtemps. La trahison de la gauche par le PS belge vient de loin (1). Après, on prend l’habitude. On trahit tout le temps. Cela s’appelle la routine. Les chefs font des carrières de situation. On est libéral par la politique, on le reste par confort. On devient un salaud sans le savoir. C’est la vie !
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1. Le 23 novembre 1964, le Bureau du P.S.B. (ancêtre du PS) annonçait son intention de soumettre à un Congrès le problème de l’incompatibilité entre la qualité de membre du P.S.B. et la qualité de collaborateur à La Gauche et à Links et la qualité de membre du P.S.B. et de dirigeant du M.P.W. (Mouvement Populaire Wallon, statutairement apolitique). On sait que le principe de ces incompatibilités fut voté par le Congrès extraordinaire du P.S.B. le 12 décembre 1964.

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