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Le droit au bonheur !

Le bonheur est une aspiration vers laquelle nous tendons tous. La démocratie serait une manière de nous rassembler pour y parvenir ensemble. Force est de constater que l’économie libérale, avec les différences énormes de condition de vie qu’elle génère, n’est pas l’outil adéquat. Il est utilisé à défaut. L’accès au bonheur matériel à défaut du bonheur tout court, trop personnel pour le formuler en une formule généraliste, est encore celui qui serait accessible, s’il n’était formellement tenu et défendu par quelques-uns, pour la défense de leurs intérêts privés !
Dans une société dans laquelle une mère de deux enfants atteinte de sclérose en plaques doit faire vivre sa famille avec mille euros par mois, alors qu’un notaire de Knokke-le-Zoute déclare gagner 165.000 bruts par mois (RTL-Tvi ce dimanche), est une société qui ne va pas bien. C’est la nôtre.
Le seul projet qui vaille est bien de penser et mettre en place autre chose.
Vaste projet, chaque fois abordé par des inventeurs, des savants, des altruistes et chaque fois repoussé par les conservateurs d’une pensée ancienne selon laquelle seule l’injustice fait bouger les lignes génératrices de progrès.
Cependant, ils ne nous la livrent pas aussi crûment. Ils se disent, au contraire, les premiers à tenter de changer le cadre de vie. Le MR tient à sa formule : réformer ! En fait de changement, c’est un rabotage constant des coûts salariaux et une égalité vers le bas.
Cette cacophonie se vérifie tout au long de l’histoire.

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Épicure, trois siècles avant JC, déclarait que le bonheur était l’unique but de la vie. Ses contemporains rejetaient cette idée, un peu comme aujourd’hui des citoyens rejettent l’épicurisme, sous prétexte qu’il met en danger le productivisme capitaliste.
Nos compatriotes vivent ainsi dans le paradoxe d’une société qui parle de progrès sans mentionner le bonheur, et qui permet par son système des budgets à 165.000 € par mois, alors que d’autres tirent leur subsistance à moins de 1.000 € !
Aucun philosophe antique n’aurait accepté un système pareil sans en débattre, pas leurs confrères libéraux modernes.
Le bonheur général est l’unique objectif d’un Etat, disait au XVIIIme siècle Jeremy Bentham. Il semble qu'on l'ait oublié !
On a l’air de croire dans les milieux spécialisés de la politique, que la mesure de la réussite tient à la croissance du PIB. Les statistiques démontrent que l’accroissement des richesses d’un pays n’est pas nécessairement l’élévation du niveau de vie des populations et qu’au contraire, plus le PIB est élevé, plus les inégalités augmentent.
Nos économistes comparent la longévité des habitants de Flandre et de Wallonie. Ils tirent ainsi l’argument que, si on vit plus vieux en Flandre, c’est parce que le niveau de vie y est plus élevé, par la production des richesses. Cela voudrait dire que plus on travaille, plus on a des chances de vivre vieux.
Quelle erreur !
Ce serait plutôt le contraire.
L’industrie des siècles passés, le fer, le charbon ont été produits et transformés en bord de Meuse, par des travailleurs mal payés et réduits aux nuisances de la faim, tandis que la Flandre, essentiellement agricole, n’a payé son tribut aux travaux lourds qu’au Limbourg, le reste de la région étant essentiellement agricole et portuaire.
De John Cockerill à nos jours, les Flamands ont toujours vécu plus sainement que les Wallons. La génération wallonne actuelle en paie les conséquences.
Si la Flandre est à présent plus riche et est donc en capacité d’avoir plus de médecins et plus d’argent à consacrer aux problèmes de vieillissement et de confort social, la cause est essentiellement politique. Le suffrage universel lui donnant toujours raison, elle a su profiter de cet avantage par rapport aux structures fédérales.
Je conteste que le PIB soit un facteur bénéfique pour l’accès au bonheur, par la santé.
Et si on remplaçait ce marqueur uniquement centré sur le productivisme par le BIB (bonheur intérieur brut) ? Les gens ne veulent pas produire. Ils veulent être heureux et sauf pour quelques malades atteints par le productivisme anglo-saxon, personne ne croit qu’en travaillant comme des Japonais, on évitera les dépressions nerveuses et qu’on sera plus heureux.
La production est un moyen, non une fin.
Il est invraisemblable que le notaire de Knokke-le-Zoute puisse extraire de son travail cent soixante fois le produit de celui d’une caissière de grand magasin.
Il est quasi certain qu’avec quelques conseils, une vague école du soir de droit et un bon clerc, la caissière puisse faire le travail du notaire endéans un certain délai beaucoup plus cours d’études, alors que l’autre ne saura jamais faire une bonne caissière de supermarché, ne serait-ce que par la haute estime qu’il a de lui-même et qui justifie son niveau de vie.
La quête du bonheur par la satisfaction matérielle de l’existence, n’est pas la panacée. Pour des raisons personnelles et qui ne nous regardent pas, le notaire peut être un pauvre type et la caissière, une femme comblée.
Épicure était peut-être en train de découvrir quelque chose, les vertus d’une démocratie plus juste et plus humaine qui n’existait pas de son temps, puisqu’elle avait légalisé l’esclavage, alors que la nôtre le remet en pratique sous d’autres formes.
Le bonheur n’est pas le fait d’un État distributif ; mais une démocratie mieux adaptée à la masse des citoyens, y contribuerait davantage.
Faire ce qu’on peut, c’est faire ce qu’on doit, dit-on. Les gens de pouvoir ne font pas ce qu’ils peuvent, c’est pourquoi ils nous doivent tant. Il y a beaucoup de chance que nous ne soyons jamais dédommagés pour le tort qu’ils nous font.

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