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Démocratie ?....tu parles !

On a tort de ne regarder que la péninsule, quand on parle de crise italienne, car elle nous concerne tous. C’est l’Europe qui est en crise et la crise italienne est le révélateur.
À force de vanter la démocratie et d’en limiter l’effet chaque fois qu’un vote contrarie le programme mondialiste de Juncker, on brouille les valeurs du suffrage universel dans les esprits.
Il y a aujourd’hui une démocratie au service des élites et une démocratie de la rue, et elles sont différentes. Quand la première gagne les élections, c’est parfait, la démocratie triomphe, les journaux ronronnent de plaisir et les partis de pouvoir se félicitent. Il est question alors de la bonne gauche en compétition avec la bonne droite, elles peuvent prétendre gouverner. Quand la démocratie de la rue triomphe, on crie au populisme et au trucage. La bonne gauche et la bonne droite s’associent pour ne pas respecter le vote.
On en arrive à cette chose étrange que ceux qui crient au populisme le font surtout quand ils pensent avoir perdu l’oreille de la population. À la tête d’une majorité souvent aléatoire et à la limite du réel, ils croient défendre l’intérêt du peuple sans l’accord de celui-ci. Le pouvoir pense pour nous, en quelque sorte.
Bref, la démocratie en Europe est en panne.
La formation du gouvernement italien en est encore la preuve.
La décision du président italien Sergio Mattarella de confier la direction du pays à Carlo Cottarelli pour constituer un « gouvernement technique » en attendant de nouvelles élections en Italie, est de cet ordre là.
Des partis – qu’on les aime ou pas – gagnent des élections et s’accordent sur des personnes pour former un gouvernement, que le président de l’État italien récuse, voilà me semble-t-il un bon départ pour une réflexion sur le pouvoir et la manière de l’exercer.
Quand les pays de l’UE ne peuvent sortir d’une politique pour des raisons surtout économiques et que le suffrage universel estime le contraire, un chef d’État qui passe outre et forme un gouvernement de circonstance, ne serait-ce que provisoire, respecte-t-il encore les règles démocratiques ?
En Belgique Benoît Lutgen a trouvé la pire des solutions pour des élections « clean » : l’éviction du PTB des listes électorales. C’est-à-dire que ce monsieur n’attend même pas le verdict des urnes, il le précède !

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En Italie, on n’a pas voulu assassiner la démocratie tout de suite. On va revoter en fin d’année. Mais, n’est-ce pas reculer pour mieux sauter ? Car, il y a de fortes chances que l’électeur conforte son premier vote.
Un gouvernement aux affaires courantes a-t-il le droit de prendre des décisions importantes qui engagent le pays ? Il faut croire que ce cas de figure a été réglé en faveur du « oui », mais, là encore, est-ce bien démocratique ?
Yves Leterme, le Premier ministre démissionnaire belge, était resté aux affaires 541 jours de plus, au même moment le Conseil européen prenait des décisions lourdes de conséquence pour les États membres. Récemment, l'Allemagne est restée sans gouvernement entre septembre 2017 et février 2018, alors que madame Merkel s’affichait à des sommets européens.
Il s’agit d’autre chose dans ces deux cas, puisque la difficulté était dans la formation d’un gouvernement. Ce n’est pas le cas italien.
Va-t-on vers des gouvernements intérimaires en série, jusqu’à ce que l’électeur lassé de voir son vote en suspens, revote « correctement », c’est-à-dire pour le pouvoir libéral ?
Le prochain sommet européen des 28 et 29 juin doit aborder des « sujets chauds », dont l'approfondissement de l'Union économique et monétaire (UEM) et la réforme de l'asile et de l'espace Schengen. Sur ces deux dossiers, la péninsule, en tant que troisième économie continentale et territoire exposé aux migrations, pèse lourd et sa position est attendue depuis plusieurs mois...
Avec une dette à 130 % du PIB a-t-elle le choix de sortir de l’Europe, sans changer radicalement son économie ? Et si malgré tout les Italiens votent pour en sortir, sont-ils préparés à cette alternative ?
Les deux « non » en réponse à ces interrogations prouvent à l’évidence que nous allons vers des solutions non-démocratiques.
Il va falloir bien vite trouver un nom à ce régime intérimaire, bouclier ou paravent du capitalisme de Grand-papa. Comme l’appellation « populiste » ne peut tout de même pas coller en permanence aux partis dits « extrêmes » sortis victorieux des élections, il conviendrait aussi de les désigner autrement, puisque dans certains cas ils deviennent majoritaires, sans la possibilité d’accéder au pouvoir !
Dans le chemin où elle s’est aventurée, l’Europe, enfante-t-elle des dictatures ? Et y en aurait-il de deux sortes ? La méthode italienne, dite dictature transitoire et celle de Viktor Orbán en Hongrie, dite dictature classique ? L’une et l’autre étant des formes différentes d’une autorité qui pourrait dans un proche avenir se passer définitivement d’élections.

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