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Devoirs d’été (suite)

Les réactions des grands personnages sur les interpellations des blogueurs de mon genre ne sont pas connues, probablement qu’ils considèrent ce genre d’opposition comme excessive et donc sans aucun effet sur leur popularité. Leurs coachs en fausses improvisations et poses « spontanées » sont, eux, particulièrement ravis de l’outrance. « Surtout n’arrêtez pas de les prendre pour de la merde ! Vous ne sauriez croire quelle publicité vous leur faite ! ».
Me voilà devenu un propagandiste du MR ! Un comble.
Ils me prennent pour qui ? Ai-je jamais été à leur service autrement que contraint ? Vais-je faire ce qu’ils me demandent, redoubler d’invectives ?
Je ne serai pas l’être complaisant qui fait grossir le nombre de leurs électeurs, en les traitant de cons ! Je résisterai donc et veillerai plus que jamais à faire de la bonne éducation, mon nouvel idéal. Je décrirai comme étant droits comme des « i » tous les tordus et les vieux dégueulasses de ce royaume, je ferai en sorte de taire les imperfections des corps qui sont dans leurs cas bien particuliers, perçues par les interstices de l’imperfection de l’âme.
Je mentirai s’il le faut.
La bonne éducation sera mon ascèse.

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Lubrifiants sociaux
Contre les éjaculateurs précoces d’une moutarde qui monte au nez, les belles manières sont de puissants lubrifiants sociaux. Avant de conclure que l’ordure qui braille et s’agite mérite une correction, on doit absolument laisser la priorité au respect, à la civilité et à la politesse.
En projet d’un bourre-pif, le moins est de poser la question de la fréquence des saignements de nez chez l’adversaire. S’ils sont fréquents, la bienséance devrait vous inciter à viser l’œil, pour le classique beurre noir.
Le plus délicat est de convaincre les gens de pouvoir d’abandonner leurs mauvaises manières de passer devant le monde, de s’arroger les fauteuils de premier rang afin d’attirer les regards, de monter à la tribune et s’asseoir sans qu’on le leur désigne, sur le siège central juste devant le micro. Ils s’affranchissent de certaines règles de politesse comme si celles-ci étaient pour les autres et jamais pour eux. À les entendre, ils sont pour la justice et contre toutes les inégalités, dont ils viennent d’enfreindre les principes, sans même prendre conscience des privilèges qu’ils ont.
Heureusement qu’ils sont des exceptions, car si tout le monde avait ce type de comportement, la société s’effondrerait. Ils utilisent dans les files, de la débrouillardise en sautant des places. Leur passe-droit est respecté par l’idée absurde qu’ils ont des droits sur la démocratie que nous n’avons pas, parce que nous les avons élevés dans la hiérarchie sociale.
Le mauvais exemple qu’ils donnent se traduit par l’extension des transgressions, par le raisonnement simple « pourquoi je ne le ferai pas, puisque d’autres le font et ne sont ni blâmés, ni punis, pour leur sans-gêne ? ».
Si le phénomène relié à d’autres notions, l’incivilité généralisée en quelque sorte, se répandait comme un nouveau mode de vie, celle-ci serait insupportable. Au bout d’une génération, il n’y aurait plus d’État ! Des gens s’engouffrant dans les bâtiments, sortant de même se cognant et trébuchant sur le flux contraire sans chercher à l’éviter, sans aucun mot d’excuse, claquant les portes au nez, s’adressant les uns aux autres sans respect, en un mot se conduisant comme une armée en pays conquis, c’est ce qui arriverait, si tous les hommes usaient des mêmes privilèges !
Parce que ce phénomène s’observe chez eux. Ils sont naturellement à l’avant du cortège, les premiers aux inaugurations. Ils ne courent aucun risque, à la moindre alerte, il y a toujours un Benalla qui les protège de son corps.
Ce tableau apocalyptique n’interdit pas, dans la crainte qu’il ne devienne réalité, une réflexion critique.
Chaque société a son code. La démocratie athénienne était réservée à une élite d’hommes libres et fondée sur l’esclavage et la soumission des femmes, elle n’était pas si policée que cela. Les manières sont des lubrifiants sociaux, qui servent à la pénétration des codes dans les conduits déraisonnables de notre animalité, comme pourrait écrire un traducteur de P. Roth.
Le titre de cette partie de ma chronique dans son épilogue la clôt momentanément.
À suivre…

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