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Devoirs d’été (suite et fin)

Avant d’entamer le dernier volet de mes devoirs d’été, quelques brèves nouvelles qui n’ont pas entamé ma résolution d’enlever mon chapeau pour saluer les gens, ni de mâcher les mots avant de les dire ou de les avaler.
Deux personnalités MR de troisième rideau se sont tapées dessus au comité de Beloeil. Chastel ne veut pas en savoir d’avantage. Enfin, voilà une sage décision. Quand il s’agit d’un litige mettant en cause un homme et une femme. J’approuve la délicatesse du président en référence à Charles Michel, un divorcé est, plus que tout autre, capable de comprendre les destins contrariés.
Après cette fureur passagère, un carnet rose pour un bleu, Didier Reynders ouvre de belle manière la gazette de Sudpresse de ce samedi. Il étale son bonheur conjugal, comme du Nutella sur la tartine du gazetier préposé à la nouvelle.
Didier et Bernadette, 40 ans de passion, comme le temps passe !... Il ne faut pas songer aux sommes considérables que l’État a allouées à ces deux habitués des hauts barèmes, le résultat justifie amplement la dépense. La démocratie n’est pas chienne avec ses dévoués serviteurs. Au moins, elle rend heureux ces deux là. La dépense ne valait-elle pas le résultat ?
Enfin, dernier volet d’un triptyque que l’on eût voulu peint d’un seul tenant sur le bonheur, déférent et poli, à ce carnet rose succède le carnet noir… enfin pas pour tout le monde. Cette Info de « La Libre Belgique » ce journal si bien nommé : « Les entreprises établies en Belgique ont déclaré au fisc belge 129 milliards d'euros de paiements vers des paradis fiscaux au cours de l'exercice d'imposition 2017 (revenus 2016). C'est une augmentation de 57% par rapport aux 82 milliards déclarés l'année précédente. »
La liberté économique est en progrès, voilà qui va ravir le couple célébré ce jour.

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Revenons, pour en finir, aux bonnes manières (non pas en finir avec celles-ci, mais de cette série de chroniques sur la politesse).
Les manières dignes de considération sont celles qui expriment respect et égalité, qui englobent politesse et civilité, disent les manuels. Dans une société où une moitié regorge de tout au détriment d’une autre qui ne regorge de rien, le compte n’y est pas. Celle qui ne regorge de rien ne doit, à mon avis, respect et égalité qu’à elle-même, même si l’autre joue les grands seigneurs et fait à bon compte preuve apparente de civilité et de politesse. C'est la "Nuit du Quatre Août" française qui manque à la Belgique !
La réplique de Figaro au comte Almaviva dit tout :
« Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus : du reste, homme assez ordinaire ! tandis que moi, morbleu, perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagne; et vous voulez jouter ! ».
Raisonnablement, nous ne devons rien à ce haut du panier qui ne nous estime que par la différence qui nous en sépare et qui fait tout.
Il n’y a rien à respecter dans des manières qui manifestent domination, mépris, préjugés et discriminations. Les manières dignes de considération sont celles qui expriment respect et égalité, qui englobent politesse et civilité. Les citoyens qui vous font obtenir des places et des mandats, ne vous ont pas élus pour qu’il n’y ait pas réciprocité entre la parfaite transparence de ce que nous gagnons honnêtement et la dîme que vous en prélevez et qui fait votre salaire. Il y a trop d’obscurité qui entoure vos revenus et pas assez qui entoure les nôtres, trop de pourcentage à prélever sur la misère de nos salaires et trop peu sur le faste des vôtres. De quel droit osez-vous toucher aux revenus infimes et de quelle manière concevez-vous le mandat qui vous est donné au nom de la Démocratie ?
Sous couvert d’un respect des bonnes manières, vous les violez de manière fascinante.
À me traiter de « Monsieur », je me sens outragé et quasiment obligé de vous traiter de « voyou » !
Les manières, lorsqu’il y a représentation, offrent peu d’intérêts. Elles ne sont qu’un jeu d’acteur. Redescendu de scène, rendu à la « vraie » vie, elles ne s’appliquent qu’à la carte. Elles ne sont plus que des éléments amovibles d’une stratégie.
Lutgen est l’archétype de l’imprévisibilité érigée en système. Il fait et défait les mandats, il nomme des créatures qui ne sont pas passées par le suffrage à des emplois publics importants, enfin il défait des alliances sous prétexte d’immoralité de la partie adverse et trouve moyen d’en renouer avec des gredins du même ordre.
Ces devoirs d’été ne seraient pas complets si, manquant d’élégance, je me contentais de classer et catégoriser le portrait des autres, évitant d’y joindre le mien.
Il se pourrait bien, que je ne sois qu’un libre penseur radical.
Les belles manières paraissent être dépassées dans le combat que l’on estime inéluctable entre capital et travail, l’économie fonctionnant essentiellement au service de l’argent, les besoins ne sont satisfaits que s’ils génèrent des profits. Le radical s’attaque à toutes les manières, qu’elles fussent des postures ou des prévenances polies. Assimilées aux ronds-de-jambe et aux simagrées en tant que manières, elles représenteraient des reliques hypocrites du passé, nourriraient le conservatisme et le prêchi-prêcha du vide intellectuel. Les belles manières seraient irritantes pour l’action. Il faudrait s’en défaire. Le «libre penseur» radical est de gauche, a fait en général de bonnes études, dont il n’a pas retiré de la satisfaction de soi.
Fin des devoirs d’été.

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