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Remise à neuf.

Les syndicats ont lancé un appel à la grève générale pour ce vendredi 14 décembre, largement suivi en Wallonie. C’est bon pour le moral. En France, les Gilets Jaunes jouent l’Acte V d’une tragédie par l’obligation qu’ils ont de se défendre du pouvoir.
Le conservatisme libéral redoute les élections de mai 2019 qui pourraient changer la donne, tant la représentation par délégation a été faussée par une démocratie qui montre ses imperfections, son usure et ses limites.
Le courant social est comme le Gulf Stream, il semble là de toute éternité, cependant, on ne sait pas s’il va changer de direction, sans qu’on en puisse expliquer les raisons.
Richard3.com en voit une, même si ce n’est pas la seule. Elle paraît importante.
Le système économique libéral s’est intégré dans la démocratie. Le pouvoir officiel nous montre le spectacle d’un assemblage des deux, ce qui est difficile à expliquer à l’électeur.
Avant de rejoindre les partis de gauche, de se fondre dans une extrême droite qui racole du monde, de s’enticher d’un centre modéré dont la politique prolonge la misère en l’augmentant, le citoyen est avant tout celui des grands progrès de la technique et des promesses d’un monde nouveau.
On le lui dit depuis l’école : entièrement débarrassé de son carcan de misère et de travail sans joie, le meilleur de l’avenir se prépare, grâce au libre échange et au libéralisme économique. « Désormais, nous serons tous diplômés, aptes aux hauts salaires, l’avenir est au travail en col blanc et cravate dans un bureau climatisé, donnant sur des entrepôts non-chauffés où les machines travaillent seules et ne partent jamais en vacances, la burette d’huile est leur seule revendication. »
Le citoyen y a cru, en votant libéral et social-démocrate.
Ce qui a donné des majorités oscillant entre la droite centriste et la gauche modérée, proposant le paradis futur. Submergés par cette description idyllique de leur avenir, les gens y ont adhéré et, dans une assez bonne mesure, y croient encore.
Mais de plus en plus d’incidents interpellent le public. Les Gilets Jaunes, la suspicion sur les valeurs du monde libéral, créent une atmosphère étrange, un brouillard qui dénature les mots et montre les élites ricanant plutôt qu’offrant des raisons intelligentes d’adhérer au libéralisme. L’absentéisme inquiétant des élections en France et la mascarade en Belgique de la corvée des votes obligatoires font le reste.

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Le progrès général n’est pas venu. La misère entre dans des foyers malgré le travail de ses composants. Le vague soupçon que ce n’est pas fini et qu’on va trinquer encore plus dans l’avenir, la désagréable impression que ce sont les gens qui paient les factures et que ce sont les riches qui en jouissent, les rancœurs de trente années d’attente qui ne débouchent que sur du vent, tout remonte à la surface
Il faut faire attention à ces lents phénomènes qui mettent cinquante ans à produire des effets. Lorsqu’ils se produisent, ils répandent dans le sol des millions de graines qui créent les éléments propices d’un nouveau règne.
Les mouvements sociaux actuels sont le produit de la désillusion de la population d’un système économique qui allait enrichir tout le monde. En réalité, il a rendu les gens plus pauvres. La réussite des partis d’opposition n’est pas venue. Les Gilets Jaunes ne sortiront pas des ronds-points les mains vides, sans aucune structure. C’est en partie leur pluralité et leur diversité qui ont provoqué un changement de pied qui leur était favorable dans l’opinion et mis le gouvernement Philippe le dos au mur.
On le voit bien avec Mélenchon et les Insoumis en France qui ont un programme assez proche des revendications des Gilets Jaunes et qui ne se sont pas agrégés à ce mouvement, faute de ne pas y représenter quasiment toute la France, comme les Gilets Jaunes, si l’on excepte les élites de l’ENA, la presse parisienne et les macronistes qui sont destinés à suivre le chef le petit doigt sur la couture du pantalon. .
Ce mouvement n’est ni de gauche, ni de droite, mais il est essentiellement contre le système dual économico-démocrate.
Il tient son succès en grande partie parce qu’il ne fait pas partie du système. Il n’entre pas dans le cadre d’une majorité et d’une opposition. C’est un tire-au-flanc. Le public aime ça.
Une vague de fond à peine décelée et que rien n’arrêtera est peut-être en train de naître. Jusqu’où ira-t-elle ? Réduira-t-elle à rien et sans distinction la droite, la gauche et les extrêmes ? Et surtout pour faire quoi ? On n’en sait rien. Jusqu’à présent les tentatives de récupération n’ont servi à rien. À défaut de la récupérer, on voit comme une entente tacite des partis de la liquéfier dans l’insignifiance. Même la CGT de Martinez s’y est mise !
Jusqu’à présent, le pouvoir s’est très bien débrouillé pour faire croire qu’il dirigeait le pays par consensus majoritaire et même non-majoritaire. Le hic sera demain de trouver une acrobatie capable de faire la même pirouette, sous une autre étiquette. Le peuple retombera-t-il dans les schémas anciens, mais repeints de la couleur du « progrès » ?

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