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Être pauvre, et alors ?

Difficile de lutter contre la « bien-pensance » qui emprisonne nos vies dans le corset de la bourgeoisie dominante. Par le poids de l’argent et en vertu de la propriété de tous les moyens de diffusion, elle donne l’image d’une société libérale, bien outillée contre toute révolte possible.
Des témoignages percent le plafond de verre. Ils échappent à la vigilance des gardiens du temple, gazetiers mercenaires et partis politiques complices.
Rassemblés, ils forment une nouvelle culture malgré les gaz lacrymogènes et les brutalités d’une police au service de l’économie officielle, dont le crédo tient lieu de démocratie.
Ils tracent les prémices d’une autre histoire, celle d’un peuple victime des exactions d’un libéralisme poussé à des perversités spéculatives sous la forme de sévices administratifs.
En 2019, de grandes entreprises tirent profit des personnels assidus, mais qui ne sont pas des salariés à temps plein et qui ne bénéficient d’aucune assurance maladie, ni d’allocations de chômage possibles. Ce sont des travailleurs « indépendants », pigistes des journaux, attachés à des projets, « ubérisés » sédentaires, etc., galériens des temps modernes.
Les mêmes employeurs pratiquent le ‘ghosting’ (littéralement « fantôme »). Ils laissent le candidat à l’emploi sans nouvelle après un entretien. Alors qu’ils savent très bien que l’ONEM va réclamer des preuves matérielles aux recherches. L’âgisme est un terrible handicap pour des milliers de chômeurs, dont le pouvoir ne tient pas compte. Enfin, en plus des « indépendants » travaillant à temps plein dans certaines entreprises et non des moindres, celles-ci ont recours à des travailleurs contractuels sur de courtes périodes, ce qui évite d’accroître les effectifs et de verser des prestations sociales.
“Travailleur indépendant à temps plein” est une pratique courante bien connue des gouvernements Di Rupo et Michel qui s’en sont félicités comme un « progrès », alors qu’aux USA – temple pourtant du capitalisme – le ministère du Travail est contre.
Ce genre de salariat déguisé tend à se généraliser, tant les chômeurs sont prêts à tout accepter, pour se défaire « d’un poids sur la conscience » de ce qu’ils croient être eux-mêmes ignominieux : « sortir de l’assistanat public ». Alors que la plupart des usurpateurs des volontés populaires, pratiquement toutes les personnes fortunées, soutenues par d’autres formes de rétribution, un gros paquet de planqués politiques et y compris certains parlementaires et ministres, sont des assistés rémunérés et fiers de l’être !
Une question reste pendante à tout qui devient chômeur de plus d’un an « si personne ne m’embauche, comment vais-je faire pour m’en sortir ? » C’est alors que ces messieurs assistés eux-mêmes par l’État se creusent l’esprit pour qu’avec la faim au ventre, le chômeur se rue sur n’importe quel boulot, sachant bien que ce « n’importe quel boulot » est lui-même raréfié par le renouvellement des chômeurs de la génération montante ! Hé oui, car les jeunes, avec diplômes ou sans, qui atteignent l’âge de travailler, il faut bien leur laisser une place dans cette étrange situation de demandeur d’emploi, comme s’ils étaient un bien immobilier qui ne trouve pas preneur !

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Il n’y a pas de honte à être pauvre. Dans la situation actuelle, il y aurait plutôt lieu d’être honteux d’être riche, au milieu d’un océan de pauvreté.
Le stress consécutif à un chômage chronique et à la pauvreté fait beaucoup de dégâts. L’action gouvernementale l’aggrave. La méconnaissance du drame social est plus qu’une faute, c’est presque un délit de non assistance à personne en danger. La stigmatisation du chômeur de longue durée conduit à la désignation arbitraire, c’est une ignominie pratiquée couramment par des voisins, la N-VA, le MR et le PS.
Beaucoup de gens naissent et vivent dans la misère leur vie durant. La plupart ont honte d’en parler. C’est une erreur de jugement, venu d’un sentiment d’humiliation. On nous a appris à cacher ce qu’on est, pour faire croire à ce qu’on n’est pas. Ce n’est pas un crime d’être pauvre. C’est un crime de savoir qu’il y a beaucoup de pauvres dans une société qu’on nous dit « d’abondance » et de ne pas témoigner de la fausseté du discours officiel !
Vivre sans argent change la relation que nous avons à celui-ci. On devient maître dans l’art de réduire les frais et de limiter les dépenses. Les premiers écologistes sont les pauvres.
L’angoisse de vivre dans l’incertitude du lendemain peut se transformer en une excitation réconfortante de s’en sortir quand même, en retrouvant fierté et confiance en soi.
Malgré la société égoïste, les malfaisants qui nous gouvernent, on se dit que l’humain étant capable de tout, il se pourrait qu’un jour, ce soit dans le bon sens.
On ne résoudra pas les problèmes de chômage, de sous-emploi et de pauvreté, dans le type de société dans laquelle nous vivons. Mais on peut agir immédiatement, en ne se laissant plus piéger par les discours officiels.
Les riches ont leurs clubs, leurs terrains de golf, leurs habitudes, leurs centres d’intérêts et leurs partis pour tenter de se reproduire sans déchoir, ayons les nôtres, ne votons pas comme eux, singularisons-nous ! Peut-être finirons-nous par nous réconcilier avec la démocratie, cette belle garce qui se prostitue pour leur fric.

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