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Au courant de rien.

Didier Reynders n’est pas au courant, il ne lit pas les journaux, d’une éventuelle corruption dont il aurait tiré profit en Afrique ! Il faut le faire ! C’est comme s’il ne se souvenait pas d’être passé aux toilettes le matin.
Faut-il s’en étonner ? Pour rester en piste aussi longtemps dans un système aussi corrompu que la démocratie par délégation, il faut quand même avoir des qualités de surfeur et prendre la vague au bon moment, nier des allégations gênantes et en inventer d’autres, en contrefeu.
Déjà, avec Armand De Decker, il avait frôlé l’inculpation. Sauvé par le décès opportun, avec hommage national et tout le tralala de son grand ami, lui qui était monté à Uccle pour prendre la succession de bel Armand, n’aurait-il plus la baraqua ?
A-t-il assez gratté, comme un noyé la pierre du quai, pour entrer à l’Europe, ce qui pourrait vouloir dire s’enfuir de Belgique, tout en restant à Bruxelles ?
Enfin, l’y voilà presque, la bouée « Europa » autour du cou, encore une formalité en octobre : le feu roulant des questions des députés européens, duquel il espère s’en sortir sans même que son pantalon ait été roussi par les flammes.
– Avez-vous touché un pot-de-vin de l’entrepreneur pour la construction de l’ambassade de Belgique à Kinshasa ?
– Non, bien tendu.
Après, c’est « on efface tout et on recommence une autre vie », quarante ans de dénis et purification par l’ascèse nouvelle : qui dit mieux ?
Reste l’information judiciaire ouverte, une série d'allégations de corruption et de blanchiment.
Cette fois, il y a un témoignage. On escamote moins vite un être humain que des mots prononcés entre deux portes, une main sur la bouche, pour qu’on ne puisse lire à distance des échanges hasardeux.
Un ex-agent de la Sûreté de l'État pointe une série de marchés publics et d'achats de l'État, tels que la construction de l'ambassade belge à Kinshasa, pour lesquels des pots-de-vin ont été versés, selon lui. Il cite également des corrupteurs, comme des marchands d'armes, et un candidat à l'élection présidentielle congolaise.
Le remake Reynders tombe au moment du verdict de l’affaire Balkany et les quatre ans de réflexion en tôle de Patrick. Quoique, ce serait le diable qu’il ne soit pas libéré pour Noël !
Vente à prix surfaits d’œuvre d’art pour Reynders, questionne le journal ?
L'agent décrit les méthodes que Reynders et son homme de confiance auraient utilisées pour recevoir de l'argent et le blanchir. Il y est question notamment de vente à des prix surfaits d'œuvres d'art et d'antiquités sans grande valeur. Des transactions immobilières suspectes et l'utilisation de sociétés-écrans sont également citées.
« Au terme de l'enquête préliminaire, le parquet devra décider si les indices contre Reynders sont suffisants et si le dossier doit être transmis ou non au parquet général de Bruxelles, compte tenu de la qualité de ministre de Reynders. », dixit le journal.
Gaffeur ce journaliste qui écrit que le parquet hésite « compte tenu de la qualité de ministre » pour inculpé Reynders ! Quel aveu de partialité de la justice belge, si c’est le cas ! Quelle honte que cette hésitation qui fait pencher la balance vers « les gros », afin de mieux se farcir les « faibles » !
L’onguent « Deborsu » s’appliquera-t-il dimanche pour soulager Reynders de la douleur qu’il ressent de l’outrage de « l’homme malveillant », à moins qu’il n’en souffle mot. Who knows ?
John Hendrix, porte-parole du ministre, s’emporte "Il s'agit sans doute à nouveau d'un montage émanant du même homme malveillant qui tente sans cesse de nuire".
Pour nuire, en effet, si le témoin était pris au sérieux, cela nuirait fortement à celui qui prétend être démocrate, européen et honnête.

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Qualités en vrac, auxquelles ils prétendent tous, et pas qu’au MR, un paquet de démocrates, européens et honnêtes au PS sont dans le cas.
Tout en n’étant au courant de rien, le futur commissaire européen a quand même chargé son avocat de « défendre ses droits ».
Dans la foulée, il s’est empressé de démentir les allégations des journaux L’Echo et De Tijd à l’Agence Belga.
Il est évident que puisqu’il n’est au courant de rien, pour la suite de sa carrière européenne, il est capital que les députés européens soient comme lui au courant de rien.
Nos hommes politiques devraient établir des formulaires « au courant de rien » qui démentirait à l’avance tout témoignage vrai ou faux pouvant nuire à une carrière prestigieuse. La liste des carriéristes prestigieux serait au verso du formulaire, ceci afin d’éviter à la justice et aux journalistes de commettre des impairs.
Tout le monde gagnerait du temps, avant de tomber de haut, le jour où quelqu’un oserait incarcérer des hauts personnages, plutôt que s’en tenir aux voleurs de pommes.

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