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L’ouverture d’un magasin coopératif Oufticoop, ce mois de septembre, donne l’occasion aux historiens du socialisme de se remémorer l’incroyable mésaventure des Magasins de l’Union Coopérative à Liège, sur les mêmes principes, matérialisant l’idée ancienne de coopérative.
Au Congrès de Londres de la Première Internationale en 1864, Karl Marx émit l’idée d’un regroupement des moyens ouvriers en vue d’établir un marché de première nécessité.
Bien avant lui, en 1808, Charles Fourier jette sous la forme d’un traité dit de l’Association domestique et agricole, les bases d’une réflexion sur une société communautaire. Avec Robert Orwen, il est le précurseur des coopératives.
On ne peut pas dire que cette idée fut bénéfique pour Liège. Le dépérissement des UC socialistes, en pleine activité dans l’entre deux guerres, correspond au dépérissement de l’idéal socialiste avec l’embourgeoisement du PS, à partir des années cinquante.
La montée en puissance des holdings de l’alimentation avec les supermarchés et l’essor de l’automobile eurent raison des derniers bastions de l’UC. L’effondrement de celui de Liège se solda par la fuite à Droixhe, grâce aux capitaux perçus par l’expropriation des bâtiments de la place Saint-Lambert, bien trop providentielle pour être honnête, qui valut aux Liégeois le martyr de trente années avec le « Trou de la place Saint-Lambert ». (Voir sur Richard3.com une chronique sur le scandale de la décision prise par Maurice Destenay, bourgmestre libéral.) Cet homme, encore célébré aujourd’hui par les « forces vives » des deux partis, avait décidé de faire de la place Saint-Lambert, un vaste carrefour autoroutier !
Mais l’idée de coopérative, débarrassée du socialisme de salon, n’est pas morte. Elle a même une chance de renaître, si elle reste en-dehors des combines du PS. Cette forme de marché resurgit à chaque montée de la pauvreté dans le système économique capitaliste. C’est un signal d’autodéfense à l’économie folle et destructrice que la bourgeoisie belge tient toujours comme meilleure, dans l’inconscience de son monstrueux égoïsme.
Peut-on sortir du capitalisme de cette manière ? On ne le pourra que le jour où l’opinion publique sentira majoritairement que l’économie mondialisée de marché condamne l’humanité à son autodestruction. Apparemment l’élite bourgeoise est toujours aux manettes de l’Europe et pense le contraire, même avec une majorité déboussolée, elle est toujours là.
En 2002, un ouvrage réalisé par des chercheurs universitaires a posé la question de l’avenir des coopératives en Belgique et y a répondu sur un ton plutôt positif, tant et si bien, malgré les cafards vichyssois Delwit et Sinardet, qu’il y a de l’avenir pour l’idée.
Richard3.com adhère à la conclusion de l’ouvrage de 2002 « Le génie et la force de la coopérative tiennent sans doute beaucoup à cette étonnante combinaison de réalisme au quotidien et d’utopie qui, de tout temps, a marqué la coopération : entreprise devant assurer sa viabilité au jour le jour, la coopérative est aussi l’expression d’une quête séculaire d’égalité et de solidarité dans la vie économique. »

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Depuis le krach financier de 2008, des alternatives de mises en commun des biens ont été observées en Argentine, en Espagne ou en Grèce. En France, les coopératives sont revenues à la mode, côté production.
L’ouverture en septembre d’un magasin coopératif à Liège n’est pas tout à fait dans la continuité de la « Société des équitables pionniers de Rochdale », pionnière des coopératives et engagée politiquement.
Même si certains des membres fondateurs appartiennent visiblement à la gauche (j’ai failli écrire « la bonne gauche »), il semble que ce mouvement veuille se tenir à carreau de la politique politicienne.
Ce projet de supermarché participatif et collaboratif a rencontré un véritable engouement à Liège, aux vus des inscriptions à la réunion d’information du 7/02 qui ont été clôturées en 2 jours
Les statuts de cette future coopérative à finalité sociale, avec l’agence conseil Step Entreprendre ont été déposés fin juin 2019. Richard3.com n’en ayant pas eu connaissance, la lecture en sera nécessaire pour se faire une idée définitive du projet.
Le local choisi rue Curtius peut convenir aux habitants d’Outremeuse et à toute la rive droite de la Meuse, Bressoux, Amercoeur, etc. C’est sympa. Espérons que cette initiative réussisse !
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1.Le mot a été inventé dans la première moitié du XIXe siècle par le théoricien socialiste britannique Robert Owen pour désigner une forme d’organisation des activités humaines dans le domaine économique, sur un projet qui se distingue de la compétition inhérente au système capitaliste et aux tendances philosophiques qui font de l’homme, selon l’expression archi connue « un loup pour l’homme ».

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