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Parole ! encore Alain Minc.

La pire des engeances intellectuelles est celle des économistes. Ils sont bardés de certitudes et on commence à comprendre pourquoi. Ils ne peuvent pas déglinguer la société libérale qui les nourrit et qui, justement, ne supporterait pas qu’ils viennent à la contredire.
Pourtant, un pilier de la mondialisation économique, pilier des droites et des banques, ami des présidents, Alain Minc en personne, donne des signes inquiétants de sécession suspecte. Ne vient-il pas d’affirmer dans le très sérieux Journal des échos que les théories économiques sur lesquelles le libéralisme s’appuie ne fonctionnent plus !
Cet outrage à la pensée unique suggère que d’autres suivront son exemple. Il faut croire que le peuple est moins borné que l’ensemble des économistes vedettes, puisqu’il savait depuis longtemps que si le monde ne va pas bien, en cause l’économie capitaliste absurde et obsolète qui ne fonctionne plus depuis longtemps, à l’égal de celle qui valut la chute de l’URSS.
Évidemment, Alain Minc ne serait pas Alain Minc s’il ne faisait pas du pied à ceux qu’il abandonne. Il appelle de ses vœux quelqu’un qui soit capable d’élaborer une nouvelle théorie générale du capitalisme. Quelqu’un de la Maison, évidemment, un milliardaire de préférence ou un fidéicommis du type Macron.
Ainsi, pour lui, rien ne serait comparable à celui qui s’étant trompé sa vie durant sur ce type d’économie, qui y a fait fortune et en est respecté, aurait brusquement un flash remettant les idées en place et dans la clarté viendrait présenter une autre formule aux foules extatiques qui ne pourraient que s’écrier « mais c’est bien sûr », comme Raymond Souplex.
Alain Minc fait penser à un personnage politique qui se sentant dépassé par sa base essaierait de la retenir en disant « attendez, les gars, ne partez pas, j’ai trouvé la martingale pour attraper le bonheur et le garantir pour tout le monde, au bout du compte ».
N’a-t-il pas, jusque là, fait régulièrement l’apologie de Keynes dans les gazettes spécialisées ?
En somme, il passerait du néo-keynésianisme au post-keynésianisme. Ne cherchez pas trop ce que cela veut dire. C’est l’astuce des économistes de dire une chose pour expliquer son contraire l’instant d’après.
La nouveauté du post, c’est qu’il se place en opposition radicale aux principaux courants actuels et, en même temps, veut conserver les aspects les plus contestataires et hétérodoxes du keynésianisme.
Alain Minc excelle dans cet exercice. Il serait intéressant de voir aussi les têtes d’affiches des grandes émissions télé du genre s’y abandonner à leur tour !
Pourtant l’homme n’arrive pas à se débarrasser de la pensée unique dont il est imbibé. Il s’est tellement imprégné de la manière de mener une politique financière internationale à la méthode de Friedman, à savoir celle de Macron, qu’il y perd toute pensée féconde. Car Macron, qu’on le sache dans les chaumières, fait du Friedman sans le savoir. Il essaie depuis deux ans à se débarrasser de la concurrence de l’État français dans sa culture d’organisation sociale, chemin de fer, poste, enseignement, hôpital, pour donner au privé la capacité de tout régler selon les lois du commerce et non pas de la justice sociale,

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Alain Minc a traduit la pensée de Friedman en application de terrain en Europe, pour le compte de Macron.
Cela se jouerait sur le taux idéal d’inflation autour de 2 %, lors même que personne ne le contrôle. Tous les états endettés vivent dans la terreur, car qui dit inflation dit intérêt compensatoire. S’il fallait recalculer la dette en fonction d’une inflation supérieure, tous les états endettés seraient en faillite, comme la Grèce, y compris la Belgique et la France, bien entendu.
Scénario cauchemar connu de Minc qui planche depuis pour un système qui permettrait une inflation sans compensation d’intérêt pour les dettes souveraines.
Et les peuples dans tout cela, leur soif d’égalité, leur peu d’intérêt pour les théories de Pierre, Paul ou Gustave à partir du moment où celle qui a la cote réduit la distance entre le travailleur et le financer, le propriétaire et le locataire, le riche et le pauvre. Tartempion ou truc, peu leur chaut, sauf qu’il a quelques noms de fâcheuse mémoire. Manque de Bol pour Minc, justement il est du mauvais côté dans les jugements populaires qui sont souvent beaucoup plus justes que ceux des industries et des universités. N’en déplaisent à Minc, Luc Ferry, Bernard-Henry Lévi, François Lenglet et quelques autres dont la liste n’est pas exhaustive.
La réalité économique échappe aux modernes sophistes. Il serait vain d’espérer quoi que ce soit de neuf et d’utile.
S’il y a bien un point commun entre eux, c’est l’inutilité de leurs analyses pour la raison qu’elles sont fausses dès l’énumération des données.
Ah ! s’il suffisait de traverser la rue pour trouver l’emploi idéal, on n’en serait pas là.

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