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Blum ou Trotski ?

Voilà qui tombe à merveille, d’une part l’interview d’Alain Minc dans Les échos et son message « panique à bord » et, d’autre part, l’interview de Sophie Wilmès, la première ministre libérale par intérim, sur RTL « Charles Magnette est encore trop à gauche dans ses propositions. »
Cela ne vous dit rien cette antinomie entre deux libéraux ? L’un qui crie au feu et l’autre qui cherche de la paille pour nourrir l’incendie ?
Paul Magnette a remis dans l’après-midi du 9, son troisième rapport au roi, tout en demandant d’être déchargé de sa mission. Le roi a entamé la tournée par les partis libéraux, Gwendolyn Rutten, côté flamand et Georges-Louis Bouchez, enfin quelqu’un dans le vaudeville.
Mme Wilmès, qui s’y connaît sur l’art de bien mûrir, a jugé qu’il était trop tôt pour passer à la phase de formation d’un gouvernement, la situation n’étant “pas mûre”.
On peut estimer, sachant que les libéraux ne paraissent pas être au courant des derniers rapports publiés en Belgique sur l’état de pauvreté qui gagne tout le pays, que L-G B n’est pas suffisamment mûr.
C’est bien l’heure de renvoyer la balle à droite et poser la question « à qui de droit », à savoir : si ce n’était pas plutôt à la droite de faire un pas vers Magnette ?
Et nous revenons à Alain Minc. Que dit-il dans un effort de lucidité sur le tard ?
Le PNB augmente chaque année, peut-être pas suffisamment, mais il augmente, donc nous produisons plus de richesse et que voyons-nous : les détenteurs des capitaux augmente leurs profits, sur le temps que ceux du travail diminuent. Nous ne pouvons plus tenir des propos sur l’austérité et faire des économies sur la population. Nous ne sommes plus crédibles.
Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que la situation est devenue explosive et qu’il se pourrait que si elle empirait, le pays pourrait s’attendre à une forte poussée du genre Gilets Jaunes, sans savoir jusqu’où cette fièvre peut monter.
C’est une forme détournée mais justifiée pour faire comprendre que le capitalisme à la papa est mort, qu’il est urgent de trouver autre chose, ces messieurs risquent de ne plus avoir de capitalisme du tout.

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Nous allons bien voir si les libéraux conscients parviendront à convaincre les libéraux inconscients. Personnellement j’en doute. Georges-Louis Bouchez est le champion d’une droite particulière. Il croit avec Macron que l’économie mondiale peut s’en tirer, malgré le gros temps qui vient, la solution : se délester des poids morts, vieux, chômeurs, étrangers, malades et même les bas salaires, en calculant avec le patronat juste de quoi survivre.
Georges-Louis Bouchez n’est pas un cadeau pour le MR, Chastel dans sa naïveté confondante était moins obtus. G-L B lui, est un imbécile qui s’assume, l’œil sur plus imbécile que lui dans la clientèle libérale. On l’a bien vu avec Coca-cola Bacquelaine… et c’est peu dire !
Reste le tableau accablant du système capitaliste en déshérence.
Etre détenteur aujourd’hui d’un emploi ne suffit plus à se prémunir de la précarité.
Réalisé auprès de plus de 3.000 Belges francophones, le Thermomètre Solidaris, quoique marqué à la culotte par le socialisme de collaboration, est fiable. Il a collecté honnêtement suffisamment d’avis dans tous les milieux sociaux, pour que les résultats de son enquête soient pris en considération.
Ce qu’on y lit est effrayant des dégâts du libéralisme.
Le travail ne permet plus de joindre les deux bouts. En Francophonie, 11 % des ménages peuvent être qualifiés en 2016 de « pauvre » ou « très pauvre », 29 % autres s’en sortant tout juste.
Le salaire minimum frise le seuil de pauvreté (1250 €), en particulier chez les jeunes, dans une valse non-stop de contrats à temps partiels ou précaires (CDD), de l’intérimaire comme s’il en pleuvait… même le CDI ne prémunit désormais plus de rien.
Tirons l’échelle. On est revenu avant 1936 et les grandes grèves, face à un capitalisme qui compte ses sous et jure qu’on le vole.
Ne parlons pas des ménages à un seul revenu et ceux, pire encore, monoparentaux. La femme prend tout en pleine figure. Un mauvais salaire de départ par une discrimination qui est loin d’être résorbée, du travail à temps partiel et des enfants à charge. 41% des femmes vivent en-dessous du seuil de pauvreté, contre 29 % des hommes.
La pauvreté au travail ne découle pas toujours de l’origine sociale, elle y est cependant fortement liée. Dans ce système que madame Wilmès verrait bien plus à droite pour un nouveau gouvernement, c’est l’élargissement du fossé riche/pauvre. !
Elle nous veut donc comme avant 36, chauffés à blanc pour annoncer un Léon Blum. Soit, mais ce pourrait être un autre Léon… Trotski par exemple !

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