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C’est quoi la suite ?

Un vice fondamental de la politique belge fait que Madame Wilmès va peut-être battre le record de 541 jours d’intérim : tant pour les partis susceptibles de former un gouvernement, le vrai n’est pas concevable.
Tantôt la simplicité, la bizarrerie, pour enfin la brutalité, la politique est inévitablement éclairée, colorée et fardée selon les règles d’un théâtre mental. « Ma politique est meilleure que la tienne que je ne veux pas connaître », il y a dans ce paradoxe une chose insupportable, le désintérêt pour l’autre ! On ne s’inscrit pas en fonction de l’intérêt des gens, mais en fonction de l’exposition d’un projet que l’électeur partisan apprécierait le plus, si on devait repasser par un vote. Ce qui va finir par être le cas, si on n’y prend garde.
Que se passerait-il psychologiquement en cas d’un nouvel appel aux urnes ?
Les électeurs se braqueraient aussi à l’image des directions politiques. On ne joue pas à comment va-t-on diriger ce pays, mais comment prouver aux autres qu’on a raison !
Si bien qu’au lieu d’éclaircir le jeu politique, on va renforcer par des tons plus vifs les couleurs qui le composent.
La gauche n’est pas vraiment représentée dans ce pays. Le PTB qui est son expression la plus juste, n’est jamais consulté, comme si plus du cinquième de l’électorat wallon n’intéressait personne. C’est en réalité le PS qui s’est vu et qui s’est pensé parti centriste, censé représenter l’ensemble d’un courant de gauche. Bizarre, non ? Alors que le PS a perdu la partie, parce que le système, sur lequel il avait parié, n’a pas réussi à matérialiser les promesses d’abondance pour tous. C’était un leurre libéral et le PS est toujours dans la souricière.
Paul Magnette essaie de se démarquer de Di Rupo. Mais le Montois est malin. En devenant président de l’exécutif wallon, il tient l’autre à la gorge.
Les libéraux du MR, eux y croient toujours. Ils ont même la conviction que la machine à cash pourrait repartir, parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement que d’appeler cela de tous leurs vœux. Ils craignent plus leurs sponsors que leur électorat, puisqu’ils peuvent compter sur leur agent de propagande le plus efficace : la peur du changement et la crainte de leurs électeurs d’un socialisme « le couteau entre les dents », dont la presse sature depuis cinquante ans les esprits.

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La N-VA n’a qu’un objectif gagner du temps, pour préparer une campagne électorale plus séparatiste que jamais, sur le thème « nous avons essayé de comprendre les autres avec bonne volonté ». Comme le Vlaams Belang leur chipe régulièrement des franges nationalistes flamingantes, Bart De Wever veut compenser les pertes au détriment de l'Open Vld et du CD&V.
Les partis chrétiens sont en pleine panade. Le CDH s’est effondré à la suite de la funeste politique de Benoit Lutgen, Prévôt rame à corps perdu avec des morts-vivants au banc de nage. Toute miette jetée par les autres formations lui sera bonne. Le CD&V n’est pas en meilleur état. L’idée que Dieu peut conduire un parti ne plaît plus en Flandre. Les mouvements genre JOC se sont recyclés dans les autres partis. Ils ne font plus comme jadis la pluie et le beau temps en Flandre et par la loi du nombre, dans le pays.
Reste les écolos qui bénéficient des projections scientifiques sur l’état de la Terre. Mais, c’est un parti caméléon qui souffre d’un trop large spectre sur les questions sociales, qui va de l’ultralibéralisme au radicalisme de gauche.
Pour l’heure M. Nollet s’affiche plutôt à gauche en vantant les progrès réalisés par l'informateur Paul Magnette « qui aurait fait plus en quatre semaines que tous ses prédécesseurs en six mois », nous dit-il. Cette belle pensée vaut un ministère.
On en est là. On devine le roi fébrile, incertain, courant dans tous les sens, toujours conseillé par des gens qui placent la royauté au centre du jeu, alors qu’elle devient peu à peu un épiphénomène historique. C’est comme si le président de la République libre d’Outremeuse devenait soudain chef d’État.
Le théâtre mental est devenu un théâtre tout court. Chacun y présenterait bien sa troupe, au risque de n’y voir aucun spectateur. Nationalistes, centristes, socialistes, humanistes, écologistes sont de mauvais acteurs. La société n’attend pas des décisions, du reste toujours trop tardives pour coller à la réalité.
La Belgique s’enfonce dans le quiproquo. Elle n’est pas la seule. Il n’y a qu’une question à poser : l’économie libérale répond-elle aux aspirations des gens ?
Ne faudrait-il pas d’abord passer du temps à réfléchir à cette question ?

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