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Faucille et faux cils.

On peut en confinement rêver le monde et non plus le vivre.
Cela change tout. La caverne de Platon s’ouvre à la recherche du bien et à sa transmission.
On entend la faux de Covid-19 qui siffle et coupe les têtes au-dessus. On sort du royaume des ombres étourdi, mais indemne. Imprudent comme Icare, on se brûle les ailes au soleil.
Martin Luther King a dit à peu près ceci « …nous ne sommes jamais condamnés à vivre dans le monde où nous vivons. », j’y ajouterai qu’il n’est pas interdit de refaire aussi le monde dans lequel nous avons vécu, aujourd’hui n’est jamais que la conséquence d’hier.
Alors, comment se fait-il que nous en soyons arrivés à être mécontents et amers ? Fallait-il que le siècle passé ait été si mal joué que nous en ayons la conscience d’avoir été plus les victimes que les acteurs ?
Ces cent ans passés ont vu deux guerres en Europe, un signal de changement avec l’arrivée de Lénine, ce Robespierre qui a réussi, en Russie des tsars, en 17. L’URSS qui en découla, traversa tout le siècle, ou presque pour se fracasser sur le mur de Berlin.
Les célèbres moustaches grillées par les SS, oubliées dans les ruines du palais d’Adolf, les années 50 accouchaient du « nouvel ordre mondial » sous commandement américain. Celui-ci arrêtait ses frontières à l’Est, le temps que les marchands arrivent Place Rouge et vendent leurs gadgets à l’effigie de Reagan.
C’est la période faste de l’Otan. Il intervient hors de sa zone, en Yougoslavie puis en Afghanistan. Bruxelles s’émerveille du rôle missionnaire de Bush. Au service de la liberté d’entreprendre, ses soldats font l’assaut des dernières réticences à la démocratie.
Malgré les avertissements des philosophes, une partie de la gauche, regroupée sous l’acronyme PS, achève sa conversion au capitalisme. André Cools, Guy Spitaels en Belgique et Mitterrand en France entrent en religion libérale. Le PS se hisse au deuxième rang des partis d’affaires, ses cadres deviennent des affairistes. Les appariteurs des noces avec les USA délèguent Tony Blair auprès de Clinton pour prodiguer au peuple américain notre admiration. Le grand exemple des débuts de Di Rupo à la notoriété, ce sera Schröder. Celui qui, aux yeux de la nomenklatura politico-maçonnique montoise incarne mieux le partage des eaux pour le passage du capitalisme au travaillisme, ne cache pas son admiration pour l’Allemand.

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Hubert Védrine, le ministre des affaires étrangères socialiste de Mitterrand, toujours gaillard aujourd’hui, résumait la pensée occidentale « …un des phénomènes les plus marquants depuis la fin du monde bipolaire, l’extension progressive à toute la planète de la conception occidentale de la démocratie, du marché et des médias. »
Tout y est, le parti de gauche en placeur et voyageur de commerce ! Marchais mort, le parti communiste implose. On retrouvera ses débris jusque chez Jean-Marie Le Pen ! Le PS se voyait le démiurge de cette victoire libérale contre le communisme, alors qu’il n’en était que l’espion diffuseur de la mauvaise foi et faux camarade.
Les Fessoz, Barbier, Jeudy faisaient leur début sur un consensus d’approbation à la RTBF et à RTL. Izraelewicz (futur directeur du Monde) résume ce qu’en écrivit les gazettes « Malgré les déchirures qu’elle provoque, la nouvelle révolution industrielle diffuse sur la planète, en cette fin de siècle, un sentiment général d’optimisme. En alimentant la croissance mondiale, la montée en puissance de l’Asie est un stimulant pour les pays industriels. Plutôt que de s’inquiéter des emplois qui y partent, les pays riches devraient plutôt se réjouir de l’arrivée sur le marché mondial de ces nombreux prétendants et de la dynamique qu’elle donne à l’économie mondiale ».
On ne peut mieux résumer le libéralisme et le socialisme accouchant du Centre ensemble.
Quelques mois plus tard, une crise financière éclate. La « mondialisation heureuse » prend un sale coup, dont elle ne se relèvera jamais. La Russie postsoviétique apprend à ses dépens l’impossibilité de consommer sans moyens. Fin du XXme siècle, le choc annonce 2007-2008. L’épicentre est aux USA, la crise gagne l’Europe. La suite nous révélera la faille du libéralisme, une maladie de langueur qui tue la croissance et son modèle.
Une zone d’incertitude politique et de guerre civile naît. Depuis, plus personne ne contrôle les États-Unis. La mégalomanie est la maladie des vainqueurs, quand la peur ne les contrôle plus.
La bourgeoisie, maîtresse du jeu, en abuse et noie, dès cette époque, les colères dans des démocraties d’apparence où le choix de l’électorat est ignoré. Le socialisme semble y essuyer une disqualification définitive. Il disparaît sous Macron, résiste en Belgique.
« La mondialisation économique a fini par tuer le marxisme-léninisme, mais aussi le réformisme social-démocrate, c’est-à-dire la capacité de la classe ouvrière à faire pression sur les États-nations ». (Hobsbawm)
Covid-19 surprend la Chine, alors que le monde entame une crise économique. Le siècle est long. La naissance d’un monde nouveau est nécessaire. Le PS n’en sera pas.

Commentaires

Comme très,très souvent,une analyse précise de notre société,cependant cité André Cools me paraît exagéré. "Pourquoi ont-ils tué Jaurès",pourquoi aussi Julien Lahaut et pourquoi André Cools?? . Je n'ai pas les moyens sur quelques lignes d'exprimer mes sentiments..

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