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Ramadan de geôle enjôle !

Un débat concernant la liberté du consentement des femmes dans les rapports sexuels a lieu en ce moment à Paris à la suite (et non la fin) du procès de Tariq Ramadan. Daniel Zagury, expert controversé, a estimé que les principales accusatrices de Tariq Ramadan ont, en partie sous “emprise”, accepté d’avoir des relations intimes avec l’islamologue mais n’ont pas consenti aux actes sexuels d’une “extrême violence” qu’il leur a fait subir.
Ceci concerne toutes les femmes ! Indépendamment d’une relation d’emprise, une femme peut-elle se trouver dans une situation d’être violée au cours de l’acte sexuel ?
C’est un peu comme si ayant agité la muleta devant le taureau soufflant les feux de l’enfer, la partenaire repliait le chiffon rouge comme du linge de maison et regardant ailleurs, s’en allait, alors que l’animal est à mi-chemin. Encore que cette image ne soit pas tout à fait exacte, car si l’on reste dans le domaine de la tauromachie, que fait la matadore, après le choc, si la bête sort des passes du catalogue et délire sauvagement ?
Pour une plaignante, une femme de 37 ans, l’expert note que “si emprise il y a eu, c’est celle de l’état amoureux qui a vite cédé devant le constat de l’écart entre ses attentes et la nature de celles de Monsieur Ramadan”.
C’est d’un autre ordre qu’un viol physique, il y a un viol moral”, avait expliqué cette femme aux enquêteurs au sujet de ses deux rencontres avec le prédicateur en mars 2016 à Paris.
“C’est une démonstration magistrale, scientifique et implacable qui vient corroborer ce que le dossier dit depuis maintenant deux ans et demi et qui explique les accusations portées par les plaignantes”. “Cette expertise vient caractériser l’emprise instaurée par Tariq Ramadan”, et donc établir “la contrainte” qui constitue la définition pénale du viol, disent les avocats des plaignantes.
Évidemment, sous-jacente est la question d’abus de confiance et excès d’autorité d’un homme recherché pour son savoir et ses aphorismes sur la religion musulmane.
On n’est pas à la foire d’octobre où un bonimenteur déguisé en rajah soumet « une esclave à sa volonté » sur les tréteaux de la parade, mais dans l’espace d’un savant et parlant doctement à une jeune femme imprégnée, malgré elle, de la pensée profonde… d’un dragueur.

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Pour retenir la qualification de viol, punie jusqu’à 15 ans de réclusion criminelle voire 20 ans en cas de circonstances aggravantes, les juges doivent démontrer que les pénétrations sexuelles ont été imposées “par violence, contrainte, menace ou surprise”, selon le code pénal.
Bien entendu, avoir affaire à un docte de la foi musulmane est de nature à influencer la justice dans le sens de la sévérité.
Tariq Ramadan a sauté sur l’occasion d’accuser les juges d’emprise politique. Devant les faits, l’accusé plaide désormais des “relations de domination”, rudes mais consenties.
Il est vrai que le coran n’y va pas de main morte dans les punitions réservées aux femmes adultères. Un esprit pervers adapte facilement cette rigueur aux jeunes femmes venant consulter. L’oracle distribue ensuite les punitions pour faire plaisir à Allah.
Honnêtes, les magistrats instructeurs écrivent dans leur conclusion que le traitement n’est pas impartial et que la justice française ne s’applique pas de la même façon selon la religion, l’idéologie et les idées des prévenus.
Il y a évidemment perversion quand la partenaire n’est pas d’accord d’aller aussi loin dans l’acte amoureux que le souhaiterait Tariq Ramadan.
Cette affaire occultée par le Covid-19, on devrait en débatte comme un fait social et politique. D’en parler devrait aider à mettre les sexes à égalité dans l’alcôve, un endroit non encore exploré par la justice. Le phénomène d’emprise n’est pas défini dans le code pénal. L’institution judiciaire a parfois du mal à traiter la psychologie et la psychiatrie. Les ambivalences dans les relations entre Ramadan et ses accusatrices sont de nature à provoquer un déballage du genre #Me Too.
Un dépôt de plaintes pour des voies de fait lors d’un acte sexuel consenti, n’est-ce pas la boîte de Pandore ouverte à tous les abus judiciaires, laissant libre cours au ressentiment et à la vindicte dans des divorces ou des séparations de corps ?
Selon Mediapart, le rapport de l’expert est suspect. Daniel Zagury est membre d’une sorte de Centre « culturel », Schibboleth, qui a des bureaux à Paris et à Tel-Aviv.
L’affaire Tariq Ramadan pourrait révéler à quel point la justice française n’est pas fiable ! Même si l’accusé est un hypocrite et un débauché, quelle est la barrière entre délits et perversions ? Ramadan, n’est-il qu’un individu méprisable pour lequel on n’a que mépris ou un dangereux agresseur sexuel capable de tout, guidé par un caractère dominant et pervers ? Qu’est-ce que la cause des femmes a à gagner dans ce procès ? Ce serait intéressant d’avoir un débat sur la condition de la femme, dans son rapport de soumission aux mâles lorsqu’ils sont dominants.

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