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La fin d’une utopie.

Longtemps les tenants du système économique se sont moqués des gens de gauche qui n’avaient de cesse de promouvoir un monde nouveau, généreux et plus justes ! Une utopie disaient ensemble Reynders et Marghem à une radio, fin de l’année dernière, chuintant de plaisir en dépréciant les gauches idéalistes se « fracassant » sur la réalité libérale du marché. Au micro, un studieux commis, ce devait être sur RTL, passait les plats à leurs gracieusetés.
L’utopie n’a pas changé de camp à la lumière des événements, répondent les économistes, c’était bien avant cela. Dès le départ, l’économie de marché fut une utopie. Elle mit presque deux siècles à nous révéler ses parties intimes. Elle portait en elle une sale maladie.
C’est tout l’aveuglement de la bourgeoisie libérale entraînant dans son sillage des partis politiques dont le PS et le MR, rafistolant au fur et à mesure une démocratie patraque de leurs insanités économiques. Ils n’ont pas vu vers quel trou noir ils allaient, et puis, le sachant, ne pouvant faire autrement, d’y entraîner tout le monde, dans l’espoir qu’en dernière minute se verrait une solution, ce qui apparemment n’est pas le cas.
Le système économico-politique (puisque les deux se sont acoquinés au fil du temps) est coincé. Certains politiciens le savent, d’autres suivent la bourgeoisie, en collabos résignés. Ceux qui y croient encore du fond d’eux-mêmes, par exemple madame Wilmès, sont des fanatiques dont il faut craindre le pire.
GLB l’est moins par exemple, c’est une girouette qu’on verrait très bien agiter le petit livre roue de Mao quitte à vouloir l’assassiner dès qu’il perdrait le pouvoir.
La logique du commerce voudrait que tout soit considéré comme une marchandise, l’homme, l’animal domestique, la forêt, jusqu’à l’air qu’on respire et qu’enfin, aussi bien le plombier polonais que l’abricot du Guatemala se retrouvent en concurrence sur le marché mondial.
Tout cela mélangé, amalgamé, uniformisé, en ordre de marche pour une croissance forte et continue, les crises financières éliminant les faibles, pour repartir de plus belle.
Le Covid-19 vient de rappeler d’un souffle pandémique ce que la vraie gauche clame depuis toujours, cette vision conduit à l’apocalypse, elle n’est pas RÉALISTE ! Les utopistes sont dans leur camp !
Le blog Richard3.com a consacré quelques chroniques à cette méprise des pouvoirs politiques solidaires de l’économie bourgeoise, en démontant la machine à broyer qu’est devenu le système capitaliste qui, si il n’y est pas mis fin, va entraîner à la ruine complète ce qu’il reste de démocratie.
L’art de vivre au quotidien au 19e siècle se fondait sur quatre institutions.
1. L’équilibre des puissances – 2. L’étalon-or international – 3. Le marché autorégulateur – 4. L’État. Ces quatre piliers supportèrent longtemps un édifice, certes très inégalitaire et imparfait, mais qui dès 1848 donna un espoir de progrès.
Lorsqu’il fut mis fin à la convertibilité en or du dollar en 1971 et les taux fixes de change des monnaies à partir de 1973, l’étalon-or avait vécu. Sa disparition fut la cause immédiate de la catastrophe et est à la base de la dérive fatale d’aujourd’hui, selon l’économiste Polanyi. Opinion que partagent aujourd’hui tous les économistes indépendants. C’est le marché autorégulateur qui était la source et la matrice du système.

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C’est amusant de constater que la bourgeoisie libérale ralliée derrière Georges-Louis Bouchez n’y entendant que dalle dans l’économie, persiste à penser qu’un marché s’ajustant de lui-même était seul réaliste, alors que c’est une pure folie d’imaginer qu’un aventurier qui tente un coup qui réussit, puisse s’arrêter les poches pleines. On pourrait méditer sur un de ses plus beaux fiascos étant l’affaire des masques et des vêtements de protection.
Ces gamines et gamins du MR ne voient pas qu’une telle institution ne peut exister de façon continue « sans anéantir la substance humaine et naturelle de la société, sans détruire l’homme et sans transformer son milieu en désert » (Polanyi, Penser l’institution et le marché).
Quelques gens de pouvoir tentèrent bien de prendre des mesures pour protéger la démocratie, mais toutes ces mesures compromirent l’autorégulation du marché, désorganisant ainsi la vie industrielle, et exposèrent la société à d’autres dangers. Ce fut ce dilemme qui força le système de marché à emprunter dans son développement un sillon déterminé qui a fini par briser l’organisation sociale qui se fondait sur lui.
L’autodestruction de cette civilisation d’un marché libéral sans frontière est inéluctable. Nous sommes au premier stade de cet effondrement, celle d’une crise économique dont on n’a pas bien saisi l’ampleur et qui va monter en puissance dans les prochains mois, dévastant tout sur son passage.

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