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Port ou pas du masque ?

Le débat sur le port du masque s’éternise, partageant l’opinion en deux camps. Il prend une ampleur alimentée par la détermination des antagonistes. Ils vont finir par en venir aux mains.
Les disputes qui s’enveniment comportent presque toujours une part de ridicule.
Les uns agitent des sentiments altruistes, il faut se protéger par respect des autres, la partie adverse réclame le droit du libre choix et parle d’atteinte à la liberté.
Du point de vue du philosophe, les deux ont à la fois tort et raison.
L’altruisme ici est un effet de calcul personnel. Je survis en aidant l’autre à survivre. Ce n’est pas de l’altruisme, c’est une forme d’égoïsme qui s’appelle l’instinct de survie. Il y a aussi un effet de réciprocité d’égalité dans une contrainte « Je porte un masque, je ne vois pas pourquoi mon voisin n’en porterait pas un aussi ».
Le libre choix est une vue de l’esprit, dans un système qui n’en permet aucune touchant à l’économie, agent modérateur des revendications sociales. On joue avec les mots, on sait bien pour les choses essentielles que le libre choix n’existe pas, alors on se rabat sur des libres choix de seconde zone qui satisferont les esprits qui se pensent libres plutôt. On les somme de porter un masque, ils le feront si on les y contraint, mais ils n’en pensent pas moins. Il ne leur viendrait pas à l’esprit que la perte de leur indépendance est antérieure au port du masque. Le libéralisme les a asservis depuis trop longtemps pour qu’ils s’en inquiètent.
Toutes ces discussions sont stériles, elles n’indiquent qu’une chose : un traumatisme collectif dû à un événement extraordinaire auquel cette société de consommation ne prédisposait pas.
Isolement et protection sont incompatibles en psychologie. Les partisans et les adversaires du masque sont confrontés à un trauma auquel ils réagissent différemment. Ce qui devait les unir dans la même situation, les divise. Ils ont deux réactions différentes.
Ces deux termes « isolement et protection » sont contradictoires. « Être à l’isolement » est une expression désignant une mesure disciplinaire propre à l’incarcération. Elle est synonyme de mise en quarantaine, de séquestration et fait référence, par association, à l’abandon et au délaissement. Le terme de « protecteur », lui, renvoie à une dimension de sauvegarde, de contenance et de bienveillance référant aux figures tutélaires et parentales.

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L’isolement engendre des phénomènes de décompensation psychique plus ou moins sévères. Une réaction, quand on sort de chez soi et à l’air libre, c’est de se dégager du traumatisme de l’isolement en se débarrassant de l’objet qui le rappelle : le masque. Conserver cet isolement à l’extérieur nécessite une force réflexive qui admet que la sortie est un sursis, un demi-isolement, et qu’il faudra bien se résigner revenant à la maison, « à entrer » complètement dans l’isolement, en enlevant le masque puisque la maison s’y substitue.
Le facteur dérangeant est extérieur, puisque l’isolement grâce aux techniques, permet des contacts par l’image et le son, donc permet à domicile de s’informer de l’évolution de la pandémie. Cette information est mal faite, sur des schémas d’audience et de sensationnel. Le monde libéral s’expose plus qu’il n’expose. La réalité est insaisissable. Depuis le début de la pandémie, les nouvelles sont contradictoires, sans ou avec excès de références sérieuses. Elles amplifient les dégâts de l’isolement.
On observe deux effets contradictoires de la perception du rôle de la médecine dans nos sociétés. D’une part, le dévouement absolu allant jusqu’au sacrifice de leur propre vie, de l’infirmière et de l’urgentiste, aux auxiliaires de surface chargées à leurs risques et périls d’effacer toute trace du Covid-19, et, d’autre part, le sentiment d’une grande confusion, voire d’une ignorance des comportements viraux de l’épidémie, des plus grandes sommités médicales, qu’on révérait jusque là. L’affaire Raoult a montré les chicanes et les hypocrisies dont les Académies de médecine sont capables.
Les autorités publiques ont mal géré cette crise sanitaire pour deux raisons, la première étant l’incompétence dans un commandement de synthèse, la seconde étant l’handicap d’un système économique qui ne va pas au plus humain, mais au plus offrant, montrant une fois de plus que le système libéral n’est pas fait pour améliorer la société et aider le plus grand nombre, mais créer un parasitisme des détenteurs des capitaux.
De cela découle un pouvoir exorbitant de cloîtrer ou de décloîtrer l’individu.
Alors, port ou pas port du masque ? À vous le choix, dans la cette situation particulière de la contrainte pour tous, inégalement partagée, par une société de classes.

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